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l ’origine des premières connoiflànces de l’art mufi-
c a l. C e fyftème n’ étoit alors compofé que d’ un tè-
■ tracorâi, ou d’une fuite de quatre fo n s , tons^
-cordes, ce qui formoit l’inftrument appelle Xopa.,
ilyre. C e s quatre cordes étoient Yhypate-mefion, la
var-hypa te, la méfion diatonos ou lycha.nos , & la
-méfie, dont la plus grave répondoit à notre mi immédiatement
au-deffous de la clé de fa ,& £ les trois autre
s aux notes f a , f o l , la. C e tétracorde laiffant à
■ defirer d’autres fons qu’ il ne pouvoir e xp rimer, on
-ne fut pas lo n g -tem s fans y ajouter fucceflive-
«\ent d’autres cordes ; la première qui fut ajoutée
aux quatre précédentes é to it, le lychanos-hypaton ,
■ ou Vhypaton-dïatonos, addition attribuée à Corebus,
( Boëce ) ; la fécondé la par-hypate-hypaton , attrib
ué e à Hyagnis ; la troifieme, Vhypate-hypaton, attribuée
à Terpandre. Cette dermere répondoit à
notre f i , une quarte plus bas que Vhypate du pre-
.jmier té tra co rd e , la fécondé à notre ut, & la première
à notre rt ; ce qui formoit, par cette addition, deux
tétracordes conjoints , par la raifon que Vhypate ou
m i fervoit de plus haute corde au p rem ie r, déplus
baffe au dernier-.(Voyez danslajSg. i . o iife réunifient
le s accolades). C ’eft en ve rtu de cette innovation, J
-que la ly re montée de ces fept cordes fut enfuite
furnommée heptacorde. Jufque-là ce fyfteme paroif-
fo it fuffifant, mais Pythagore reconnut la néceffité
d e rapporter au calcul les proportions qui étoient
entre les fons de ce fy ftèm e , & celle de fixer les
■ points de divifion.
Aufli-tôt il réfolut de détruire l’intervalle diffon-
narit que formoient entre elles les cordes extrêmes
des deux tétracordes, favoir entre Vhypate- hypaton.
& la mèfe ou le ƒ & le la ; po ur cet effet il ajouta au-
deffous de Vhypate - hypaton une nouvelle corde
encore plus g ra v e , qui formoit l’o ô a v e de la plus^ aig
u ë , c’ eft-à-dire de la mefe ou du la. Cette addition
forma l’o& a v e complette , qu’on nommoit alors
Ai ap a fo n : Pythagore la d ivifa en diapente & en dia-
tejfiaron, autrement en quinte & en qua r te , ce qui
eft encore d’u/ng<? la ga“ " “ *
c ord e fut appellée profiambanomenos la lurnume-
' r a ir e , l’ajoutée, & fit donner à la ly re le furnom
fiocïocorde. Théophrajie en ajouta une neu vièm e ,
Q U EJ
Hyjliée une dixième, & Timothee d eux autres. Dans
la fuite ces douze cordes n’étant pas encore fuffi-
fantes pour exprimer tous les fons de la v o i x , plu-
fieurs muficiens G re c s en ajoutèrent fucceflivement
de nouvelles, afin de former d eux autres tétracordes,
dont lés io n s étoient une o& ave plus haut que
ceux des premie rs, enforte que ce fyftème devint
alors compofé de quatre té tra co rd e s, dont trois
conjoints, un disjoin t, & un ton d e p lus, ou fimple-,
nient de quinze co rd e s , dont les deux extrémités
faifoient entre elles le dis-diapafion ou la double
o û a v e ; c’étoit-là le plus grand fyftème de ce tems.
Mais comme la disjonction du tétracorde fe faifoit
! tantôt au milieu du fyftèm e , c’ e ft -à -d ir e entre le
fécond ôc le troifieme tétraco rde, tantôt entre le
troifieme & le quatrième, il arrivoit que dans le
premier c a s , après la méfi ou le la , le fon le plus
aipu du fécond tétraco rde, fu iv o it , en montant la
paramefe ou le ƒ na tu re l, au-lieu que dans le fécond
: cas c’étoit au contraire la trite -fynémménon ou j i
bémol qui le fu iv o it; d’oîi il paroît que ce fyftème,
quoique ne renfermant que quinze fo n s , notes ou
j cord e s, peut ê tre confidéré, par rapport à ces deux
divers c a s , comme contenant feize cordes ou notes
défignées fous d ix -h u it dénominations différentes.
( Voye^-en l’énumération indiquée pa r des chiffre s,
f ie . A PÎ. V . bis. ) I l faut remarquer, i ° . que le pros-
lambanomenos ne contribue point à former le tétracorde
des principales ou des plus graves c o rd e s ,
j que d’ ailleurs il n’y a été ajouté que pour acheve r
la plus baffe o û a v e , & faire que la méfie ou mitoyenneToit
le milieu de ce fy ftèm e , ainfi que fon nom
le défiffn e , & qu’elle joigne fi étroitement les deux
o&aves qui le compofent, qu’elle fe trouve la plus
haute corde dè l’une & la plus baffe de 1 autre, z •
Q u ’entre les deux plus baffes cordes de chaque te-
tracorde 1 y a un intervalle d’un d emi-ton , moindre
que le demi-ton majeur qu’on appelle leimma;
(voyez à ce m o t) qu’entre les deux plus hautes
cordes & entre celles qui tiennent le m ilieu , il y a
,m im-prvaUp d’unA ton majeur, c’eft ce q u o n peut
aiiement reconnoître dans 1* figure fu iv an te , au
mo yen des rapports des cordes que nous y avons
joints.
S Y S T È M E D I A T O N I Q U E S E L O N P Y T H A G O R E .
C e fyftèm e , qui eft purement diatonique, & que
les Grecs regardoient comme immuable d’ abord , a
encore va rie par fucceflion de tems ; l’application
de la corde trite fynémménon , qui fut employee
comme mitoyenne entre la méfe &c la pa ramefe,
afin de détruire l’intervalle de quarte fuperflue qui
fe trouvoit dans le s fubdivifions des tétracordes,'
fournit à T im o th é e , le M ilé fien, d ép artager aufli
en deux demi-tons les intervalles qui répondent à
ut n & à fia , f o l , qui font le milieu de chaque tétracorde
, pa r le moyen d’ un d ie z e , ce qui a été
l’origine du genre appelle chromatique, & qui a fait
M U S I
nommer ces fons ou cordes , cordes mobiles. ■
Exemple.
Tétracorde, Hypa ton, Diatonique & Chromatique.
Quant aux intervalles qui répondent à r t , m i , Sc
à f o l , l a , qui terminent le haut de chaque tétracorde,
ils ne furent point pa rta g é s , & par cette raifon les
cordes qui les formoient furent appellées cordes (labiés.
Enfin Olympe, renchériffant fur ce p a rtag e ,
pré tend it, qu’à l’exemple des tons majeurs, on de-
v o it aufli divifer en deux quarts de tons les demi-
to n s , dits pythagoriques ou leimma, ce qui lui fit
mettre une corde m oyenne entre les deux plus baffes
cordes de chaque té traco rde, favoir entre celles
qui répondent à f i , u t , à mi ,f ia , & à la , f i \ , ; ce qui
fut l’origine du genre appellé enharmonique , & ce
S Y S T È M E
D ans les genres diatonique,
Q U E . *
qui fit donner à ces cordes le furnom de mlfipyc-,
niennes. Exemple.
Tétracorde H y p a ton , D ia t . Chromât. GEnhatmon;
f i , g ut, M « , mi1
Enforte que réunifiant ces tro is genres dans un
feul fyftème (q u e les anciens appelloient genus fipifi-
fium, genre épais ou c o n d e n fé ,) chaque tétracorde
étoit compofé , i ° . de quatre cordes diatoniques,
‘ comme celles qui répondent k f i , u t , r e ,m i , ou à
m i,f ia ,fo l,la • z °. d’ une corde chromatique, comme
celle qui répond à ut% ou h fia 3 0. d’une corde
enharmonique, qui partage en deux quarts de tons
celles qui répondent à f i , u t, à m i, fia , ou à la , f i \,.
A l’égard des intervalles qui répondent à ceux d’«f
à ut ^ , d’ut% à re, & de re à m i, ainfi que ceux qui
répondent aux intervalles de fia h fia % , de fia % à
f o l , & de f o l k la , on ne les divifoit point dans l’an-,
cien fyftème. Voye^ la figure fuivante.
g é n é r a l
chromatique & enharmonique.
V o ilà quel étoit l ’ancien fyftème des Grecs lo rf-
qu’il fut porté à fon plus haut degré de perfection
dans la théorie & dans la pratique , félon ce qu on
en doit croire d’ après les monumens que nous en
ont confervés quelques-uns de leurs auteurs ( 5 ) .
O r comme dans ce fyftème toutes les cordes , qui
le compofoient étoient exprimées par des mots, qui
dans leur lignification naturelle avoient un rapport
d ireétav ec ce qu’ils dévoient re p ré fen te r,& que ces
mots étoient trop longs pour être écrits au - demis
des fyllabes du texte ; les Grecs fubftituerent en leur
place les vingt-quatre lettres de leur alphabet,tantôt
d ro ite s , tantôt couchées, renve rfées , mutilées, o*c.
fans y comprendre l’accent grave & l’accent a igu ,
qui figuroient aufli parmi elles ; ils les employèrent
iu r une même lign e , immédiatement au-deffus de
chaque fyllabe du te x te ,a v e c cette d iftin&ion, que
le s cara&eres ou notes employées pour les parties
vocales,n’étoient pas les mêmes pour les inftrumen-
tales . ( P o y e iPI. V . bis fig. A . ) Il s’enfuivoit de la
(5) Ariftid. Q. Ariftoxène, Euclid, 6-c*
que leurs tablatures contenant trente-fix cara&eres*
tant pour la mufique vo cale que pour l’ inftrumen-
tale dans chacun des quinze m o d e s , produifoient
feize cens vingt n o te s, dont le nombre des radicales
ou c lé s , ne fe montoit qu’à quatre-vingt-dix. V o y e z
Alyp iu s , Arifiide Q. (M e ib .) Outre c e , ils fe fervi-
rent encore des quatre fy llab e sts, t« ,-™ , tà , afin d é
p ouvoir folfier plus facilement les fons de chaque
tétracorde que renfermoit leur fy ftèm e , quand le
cas le requéroit.
Dans la fuite les L a t in s , avant que d’être fournis
aux Romains , v e rs l’an 3714, trouvant que ces caractères
étoient trop difficiles à re ten ir, foit à caufe
de la variété & de la bifarrerie de leurs figures, fo it
à caufe de leur multitude, leur fubftituerent les
quinze premières lettres de leur alphabet; fa v o i r ,
A , B , C , D , E , F , G , H , I , K , L , M , N , 0 , P ,
ce qui forma un nouveau fyftème, qui ne différoit
cependant du premier que par la diverfité des figur
e s ,le refte étant toujours le m êm e .(F . B P l.V .£ r i.)
S .G ré g o ir e , ve rs l’an 594d e l’ère chrétienne,ayant
remarqué que les fo n s , cordes ou lettres H , d ,