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4 M U S I
D o u k a , & la k a , pour ia Trite-Synemmènon. Les
douze premiers ré p é té s , répondent aux cordes répliqués
à leurs oftaves à l’aigu. ( V o ye z le Traite
des tons ou de la Mufique, M S . o rigin a l, coté 1 14 6
anciennement, & nouvellement 1 1 1 4 , à la bibliothèque
du Roi.).
A l’égard des caraéleres particuliers qui peuvent
fe rv ir à noter le chant des O r ien taux , comme les
notes fervent en E u ro p e , on ignore fi les A rabes, les
Perfans en ont. Le s manuferits qu’onaconfultés là-
deffus n’ en font point mention, Sc ceux même qui
• font du pays Sc que l’on a interrogés, ainfi qde quelques
v o y a geu rs , n’ont pû donner aucune fatisfa-
â io n fur cet article. S ’i l falloit s ’en rapporter à
M . Sauveur (M ém. de l’Acad. an. 17 0 1 . feét. V . p.
3 1 . & fett. V II. p. 4 2. ) qui fe fert des lettres Sc fy l-
labes que nous rapportons ic i rectifiées , on feroit
bientôt fatisfait ; mais on n’ofe donner aucune affer-
tion fur ce fu je t, vu que ce pourroit être' une hy-
pothèfe ; tout ce qu’on feroit en droit de conjecture
r , c’eft que ces peuples peuvent fe fe r v i r , à la
maniéré des G r e c s , de 1 8 lettres,fimples Sc com-
pofées de leur alphabet, ainfi que l’offre la fig. 2.
PI. X V I . bis ; ce qui forme exactement leurs caractères
numériques, Sc d’ailleurs s’accorde affez à ce
que dit ce même au teu r, de la dénomination des
fons de leurs fyftèmes ,p *g- 4 2. Sc à plufieurs exemples
de l’un des manuferits déjà cités.
L a fig . 2. repréfente trois échantillons de la mufi-
que des Amériquains, i ° . un refrain périodique Sc
perpétue l, que chantent les Toupinanboux en gaieté ;
2 0. un autre refrain de même el'pece, mais beaucoup
plus v i f , qui ne roule que fur une fyllabe répétée
d’abord fur les deux premières n o te s , Sc qui n’eft
enfuite exprimée qu’une fois fur deux notes é lidées,
ainfi que nous l’avons fait obferver pa r rapport à
l ’air Perfan, fig . 1 . 30. un chant trifte Sc len t, lequel
e ll confacré parmi ces fauvages aux lamentations,
aux cérémonies funéraires.
L a fig- 3 • eft un air de danfe du Canada , fo rt v i f
& d’une efpece de modulation indéterminée, c’eft-à-
dire qui e/t/ufpendue Sc qui entraîne toujours au penchant
de recommencer en faifant defirer une con-
clufion.
On peut dire que les Amériquains en général
n’o n t , comme il eu aifé dç/le v o i r , qu’un chant national
, court Sc très-précis ; ce qui revient à-peu-
près à nos ta n -la -la -r i, tan-la-la-lire d’anciens vaudevilles.
Ces peuples ne fetranfmettent leurs chants
le s uns aux autres qu’auriculairement & fans aucun
autre fecours que celui de leur mémoire. M en eft
à-peu-près de même de la mufique des habitans de
l ’îie de Malegache ou Madagafcar. A u rapport de
M. B a rry ( lettre adreffée à M. Guettard, contenant
l’état aftuel des moeurs, u fag e s , commerce, &c.
de ces peuples ) . « Les Malegaches, dit-il , ont une
» mélodie trifte Sc monotone , qui ne roule que de
» la tonique à la dominante ou quinte. Leur harmo-
» nie eft fort b o rn é e , ils n’employent d’autre ac -
» cord que la tierce Sc la quinte ; leurs chanfons,
» ( comme celles des Amériquains, ) ne font autre
» chofe que des m ots vuides de fens ; ils mettent
» tout en mufique Sc s’accompagnent av e c uninftru-
» ment appelle bambou, du nom d’un gros rofeau
y> av e c quoi ils le font : cet in fin imen t, de fingu-
» liere conftrudlion, a cinq cordes accordées diato-
» niquement, dans le mode m a jeu r , ce qui répond
» aux cinq premières notes de la gamme. C ’eft dans
» ces cinq tons variés Sc combinés que confifte
» tpute la mufique de Madagafcar, av e c cette diffé-
9* rence cependant que le chant marche d’une ma-
» niere grave & figurée,c’eft-à-dire par des fons lents,
» foutenus, tandis qu’au con tra ire , leur accompag
n em e n t eft v i f , d’un deffein court Sc toujours
Q U E.
» répété » . ( V o y e z les f ig .1} . & 4 . PI. X V I . bis. )
On remarquera que nous avons affeCté dans ces
fig . de va rie r la groffeur des n o te s , afin de rendre
plus fenfible aux y e u x les cinq degrés qui font la
bafe ou contexture du chant principal.
L a fig . 4 . repréfente de nouveaux cara&eres de
mufique fubftitués aux_ notes en ufage. Nous ne
parlerons ic i que d’après l’auteur : ce fyftème pa-
roît d’autant mieux fondé que les chiffres (d it M.
Rouffeau ) étant l’expreffion qu’on a donnée aux
nombres, Sc les nombres eux-mêmes étant les ex-
pofans de la génération des fo n s , rien n’eft fi naturel
que l ’expreflion des divers fons par les ch iffre
s de l’arithmétique. Ainfi deux objets principaux
fur lefquels roule ce fyftème fo n t, l’un de noter
la mufique Sc toutes les difficultés d’une maniéré
plus fim p le , plus.commode, Sc fous un moindre
volume. L e fécond Sc le plus confidérable eft de la
rendre auffi aifée à apprendre qu’elle a été rebutante
jufqu’à préfent, d’en réduire les lignes à ‘ un
plus "petit nombré"; fans rien retrancher de Pexpref-
fion , & d ’en abréger les réglés de façon à faire un
jeu de la théo rie , Sc à n ’en rendre la pratique dépendante
que de l’habitude des organes , fans que
la difficulté de la note y puiffe jamais entrer pour
rien.
Les fept premiers chiffres difpofés tels qu’ils font
dans cette fig. fur une ligne horifontale, marquent
outre les degrés de leurs in te rv a lle s, celui que chaque
fon occupe à l’égard du fon fondamental ut 9
de façon qu’il n’eft aucun intervalle dont l’e x p re ffion
par chiffres ne repréfente un double rap p o r t; le
premier entre les deux fons qui le compo fent, Ôc
le fé con d , entre chacun d’eux eft le fon fondamental.
Etabliffant donc que le chiffre 1 . s’appellera
toujours u t , 2. s’appellera toujours r e , 3. toujours
m i, &c. conformément à l’ordre fu iv an t,
I 2 3 4 5 6 7
ut re mi f a f o l la f i . S ’il eft queftion de fortir dé
cette étendue pour paffer dans d’autres o ttav e s, la
même ligne horifontale peut fervir à cet effet. Faut-
il paffer dans l’oCtave qui commence à \’ut d’en-
haut ? on placera les chiffres au-deffus de la lig n e :
fûvitxl, a« contraire , paffer dans l’o ftav e inférieure
, laquelle commence en defeendant par le / q u i
fuit 1 ut pofe fur la ligne ? alors on les placera au-
deffous de la même lig n e , fallût-il paffer au-delà ,
c’eft-à-dire, encore une o ftav e foit plus bas o u fo it
plus haut ? on ne feroit qu’ajouter une fécondé ligne
au-deffus ou au-deffous.
II eft encore une autre méthode plus facile pour
pouvoir noter tous ces mêmes fons de la même maniéré
fur un rang horifonta l, fans avoir jamais be -
foin de lignes ni d’intervalles pour exprimer les d i fferentes
oCtaves. C ’eft d’y fubftituer le plus fimple
de tous les fignes,c’eft-à-dire lep oint.Vo ici comment
il faut s’y prendre : fi l’on fort de l’oCtave par laquelle
on a commencé, pour faire une note dans l’étendue
de l’o û a v e fupé rieure, & qui commence à
l’ut d’en-haut, alors on met un point au-deffus de
cette note par laquelle on fo rt de fon o&ave. A u
contraire, fi l’on veut fortir de l’oCtave o i i l ’o n f e
trouve pour paffer à celle qui eft au-deffous, alors
on met le point fous la note par laquelle on y entre.
E n un m o t, quand le point eft fur la n o te , v o u s
paffez dans l’oCtave fupérieure ; s’ il eft au-deffous
vous paffez dans l’in fé rieure , Sc quand vous chan-i
geriez d’oétave à chaque n o te , ou que vous vo u driez
monter ou defeendre de 2 ou 3 o&aves tout-
d’un-coup ou fuccelfivement, la réglé eft toujours
g én é ra le , Sc vous n’a vez qu’à mettre autant de
points au-deffous ou au-deffus que vous avez d’o&a -
ve s à defeendre ou à monter. C e n’eft pas à dire
qu’à chaque point vous montiez ou vous defeendiez
d’une
M U S
a ’une oCtave : mais à chaque point vous entrez dans
une oCtave différente , dans un autre étage, fo iten
montant, foit en defeendant, par rapport au fon
fondamental u t, lequel ainfi fe trouve bien de la
même oétave en defeendant diatoniquement, mais
non pas en montant. V o y e z la même fig.
Dans ces n ouveaux carafteres le dieze s’exprime
pa r une petite ligne oblique qui croife la note,, en
montant de gauche à droite ; f o l d ie z e , par exemple
, s ’exprime ainfi g , f a dieZe, ainfi 4 . L e bémol
s ’exprime auffi par une iemblable li?ne qui c roife la
note en defeendant, e xemp le, , & ces lignes,
plus fimples que ceux qui foui en ufage fervent
encore à montrer à l ’oe il le genre d’altération qu’ils
caufent. Quant au béquarre il devient in u tile , par
la raifon que les autres fig nés font toujours inhérens
au x notes a I té r é e s , Sc que toutes celles auxquelles
on ne les v e rra point , devront être exécutées au
ton naturel qu’elles doivent av o ir fur la fondamentale
oit l ’on eft.
Pour déterminer le fon fondamental de quelques
tons ou cordes originales que ce puiffe être , dont
le c-fol-ut eft le principal dans la gamme n a tu re lle ,
on écrit en marge au-haut de l’air le mot qui lui eft
correfpondant, c ’eft-à-dire fol,, re, la , &c. Alors ce fo l
ou ce r e , qu’on pèut appeller la c lé , devient u t , Sc
fervant de fondement à un nouveau ton -, à une nouv
e lle g amme, toutes les notes du c la v ie r ou de l ’éch
e lle , lui deviennent re la t iv e s , Sc c e n ’eft alors
qu en ve rtu du rapport qu’elles ont av e c ce fon fondamental
, qu’elles peuvent être employées.
Quant à la m efure, toutes les notes qui font renfermées
entre deux lignes perpendiculaires, ' font
juftement la va leur d’une mefure, qu’elles foient en
grande ou petite quantité , cela n’àltere en rien la
durée de cette m efure qui eft toujours la même ; elle
fe divife feulement en parties égales ou in é g a le s ,
félon la va leur Sc le nombre des notes qu’elle renferme.
E t de-là la néceffité de féparer les différens
tems de la m efure par des virgules. Ainfi quand une
note feule eft renfermée entre les deux lig.nps.d’n.np
m e fure , c’eft un figne que cette note remplit tous
les tems de cette me fure , Sc doit durer autant qu’elle.
Dans ce c a s, la féparation des tems devient in utile ,
on n’a qu’à foutenir le même fon pendant toute la
mefure. Quand la mefure eft divifée en autant de
notes égales qu’elle contient de tems, on peut encore
fe difpenfer de les fép a re r ; chaque note marque
un tem s , Sc chaque tems eft rempli par une
note ; c’eft l’objet de la fig . 5. Mais dans le cas que
la mefure foit chargée de notes d’inégales v a le u r s ,
alors il faut néceffairement pratiquer la féparation
des tems pa r des virgules. Le caraétere qui détermine
le nombre de ces tem s , fe place toujours
deffous la clé avant les doubles b a r re s , à la tête de
l ’a i r , ( V o y e z fig . 6. ) où non-feulement cette réglé
eft pratiquée, mais encore où l’on a réuni lesfilen-
c e s , les points d’augmentation & les fyncopes.
Le s notes dont deux égales rempliffent un tems,
s’appellent des d em ie s, celles dont il en feudra
t ro is , des tiers,, celles dont il en faudra q uatre , des
q ua r ts , Oc. Mais lorfqu’un tems fe trouve partagé
de forte que toutes les notes n ’y font pas d’éoale
va leur , on lie celles qui font de moindre valeur par
une ligne horifontale qu’on place au-deffus ou au-
deffous d’elles-mêmes. Exemple || 5, 4 3 2 ,T 7 | i | ; ;
lorfqu’ il fe trouve dàris un même tems d’autres fub-
divifions d’in égalité s, on fe fert alors d’une fécondé
liaifon. Exemple || 1 2 , 3 4 5 , 4 5 6 1 ç || ces liaifons
équivalent aux croches & aux doubles croches. A 1 egard des tenues Sc des fyn co pe s, on peut fe fe rv ir
de la ligne courbe qui eft en ufage d,ans la mufique
Q Ü Ê.
o rdinaire, ou bien fe fe rv ir du p o in t , én lut donnant
de meme qu’à eux une valeur d é terminée ,
c eft-à-dire que file point remplit feul un tems ou une
mefure , le fon qui a précédé, doit être auffi foutenit
pendant tout ce teins ou toute cette mefure; & fi
le point fe trouve dans un tems a v e c d’autres notes
il fait nombre auffi-bien qu’elles, & doit être compté
pour un tiers ou pour un q u a r t, fuivant ia quantité
de notes que renferme ce tems là en y comprenant
le point : en un mot le point vaut autant, ou plus
ou moins que la note qui l ’a précédé, & dont il marque
la ten u e , fuivant la place qu’il occupe dans le
tems où il eft employé. ( V o y e z meme fig . à la treizième
, quatorzième, quinzième & dix-feptieme
mefures ),
L e zéro par fa feule po fition , S t par les points
qui le peuvent fuivre , lefquels alors expriment des
filences, eft le cara&ere propre à remplacer toutes
les p aufe s, foupirs , demi-foupirs , Oc. qui font en
ufage dans la mufique ordinaire. E t lo rfqu’il s’agit
de paffer plufieurs mefures en filen c e , les chiffres
2 , 4 , 8 , &c. placés deffus un z é ro , en déterminent
le nombre. ( V o y e z à la tête de la même fig. )
La fig . 7 . reprefente un effai complet de ce genre
de no te , av e c des paroles. Quoique cet effai ne foit
conforme qu’au fyftème des chiffres avec des po in ts,
il n’en réfulte pas moins qu’il ne le foit dans tout lè
refte à la méthode de l’auteur. Le s chiffres ou notes
fur la ligne ho rifon ta le , defquels il a d’abord été
p a r lé , peuvent exattement être ré fe rv é s polir les
parties d’ accompagnement, S t c e u x - c i, fans cette
même ligne , av e c des points peuvent l’être feulement
pour les parties du chant.
L a fig . 8. repréfente l’étendue des quatre parties
v o c a le s , & celle des quatre parties inftrumentales:
comme le s v o ix ont en général une étendue fixe depuis
le grave jufq u’à l’a ig u , on l’a déterminé dans
cette fig. par le moyen des b lanches, Sc l’extenfion
qu’elle peut a v o ir tant d’un côté que de l ’a u tre , pa r
le moyen des croches. Quant aux inftrumens, c’eft:
le iv™ J » ip pW y. oft marqué d’un
c o t e , Sc de 1 autre le plus aigu que ces inftrumens
rendent, Sc que l’on puiffe raifonnablement emp
lo y e r dans leurs parties. (V o y e z Éte n d u e , Sc la
P I. X X I I . de la Lutherie ) . >
P L A N C H E S V . & V . bis.
L a fig . 1 . repréfente le diagramme général du
fyftème de mufique des G re c s pour le genre diatonique.
O r comme cette matière eft ample & cu-
r ie u fe , nous penfons être obligés de nous étendre
un peu deffus , afin',de faire connoître les progrès
fucceffifs qu’a faits ce fyftème depuis fon origine juf-
qu’à celle du fyftème des modernes, repréfen téfig. 2 .
Nous n’entreprendrons point, de rapporter ic i
l’hiftoire fabuleufe de Mercure,qui laiffe entrevoir
beaucoup de contrariété dans les fa its , & fur lefquels
la plupart des auteurs ne font point d’a c co rd ;
nous nous en tiendrons Amplement à ce qui eft le
plus généralement re ç u , & nous dirons feulement
que les Grecs auxquels on attribue l’invention des
Sciences Sc des Arts , Sc principalement de l’art de
la mufique, entreprirent de tirer celui-ci de la barbare
ignorance dans laquelle il étoit alors enfeveli :
le premier pas qu’ils firent donc dans cette c a r r iè r e ,
fut d’établir un nouveau fyftème ( 4 ) . Que c'elapa-
roiffe hafardé ou n o n , il eft certain que c’eft de
chez cette nation que généralement on tait fo r iir
t (4) Plufieurs auteurs ont accordé aux Grecs beaucoup plus
d’ambition que d’invention ; l’hiftoirè de Cadmus Phénicien ,
qui apporta à Athènes les 16 premières lettres de leur alphabet,
l’an 2,620, peut être une autorité contraire à l’opinion
commune fur cet article. (V o y e z P lin e , liv. 7. ch. 57. Lucain.
liv-3, & S t r *> n , liv.iS .)
?