une partie si essentielle de la charpente osseuse, suffit sans contredit
pour constituer une différence entre les espèces des poissons. Or, la
colonne vertébrale de notre individu se compose de 16 vertèbres abdominales
et de 23 vertèbres caudales; tandis que le Cobitis centrochir
ne possède que 16 vertèbres abdominales et 14 vertèbres caudales; aussi
le Cobitis Bredai est-il beaucoup plus long que celui-ci.
A côté des apophyses épineuses des vertèbres abdominales on distingue
de grosses arêtes musculaires. Les côtes ne sont pas développées vigoureusement:
elles sont au nombre de 14. Les nageoires ventrales, l’anale
et la dorsale ne sont que médiocrement développées, mais les pectorales
et la caudale le sont d’autant plus. On est surtout frappé de la longueur
et de la largeur de la nageoire caudale: il est permis d’en conclure
que le poisson doit avoir nagé avec beaucoup de vitesse et de
force. Dans le Cobitis centrochir, As. le premier rayon de la pectorale
est très-long et très-vigoureux, mais dans le Cobitis Bredai ce rayon
long et vigoureux est le deuxième, tandis que le premier rayon ne
dépasse ni en longueur ni en grosseur le troisième et le quatrième
rayon de la même nageoire. On voit une esquisse de la pectorale,
PI. I , fig. 2. La partie perdue du rayon principal est laissée en blanc.
La pectorale droite est disloquée; cette circonstance permet de voir
entièrement la nageoire et son rayon caractéristique. Si cela n’eut pas
eut lieu, et que, par conséquent, cette nageoire se trouvât cachée par
le corps du poisson, on n’aurait pu observer cette particularité : la
pectorale gauche, mutilée et anéantie presque entièrement, n’en laisse
voir aucune trace.
En tout cas il serait à souhaiter qu’un ichthyologue rencontrât quelques
autres exemplaires de l’espèce; car, quoique la nageoire pectorale
de l’individu que j ’ai eu à ma disposition laisse voir assez distinctement
que c’est son deuxième rayon qui est le plus long et ; le plus,
vigoureux, il se pourrait que cette nageoire fût froissée ou pressée
avant que la pétrification fût effectuée, de manière à faire glisser le
premier rayon entre le deuxième et le troisième. Si cela était, le
Cobitis Bredai ne différerait pas en ce point du Cobitis centrochir, Ag.;
mais la différence dans le nombre des vertèbres, etc. existerait toujours
et en ferait toujours une espèce différente.
Le corps, sans mériter le nom de grêle, est cependant peu bombé;
sa hauteur est à peu près la même à la partie antérieure de la région
abdominale et à la région de la nageoire anale. Il y a une luxation —
qu’on me passe cette expression plutôt de pathologie chirurgicale : que
d’anatomie comparée, en faveur de sa brièveté et de son exactitude —■
entre la deuxième et la troisième vertèbre nuchale ; eette luxation est
la cause de la dislocation de la tête. Les os de la tête sont froissés
et brisés presque entièrement; cependant je crois reconnaître encore une
partie de l’arcade hyoidëenne, l’intermaxiUaire formant le bord de la
mâchoire supérieure, et un fragment de l’interparietal; mais tous ces os
sont encore tellement disloqués que je ne puis rien en garantir.
La position de la dorsale, un peu en avant de la ventrale, indique
assez bien la parenté du Cobitis Bredai avec le Cobitis centrochir, A g .
tout aussi bien que la position de l’anale non loin de la caudale. La
caudale de notre exemplaire est déplacée en bas, ou, pour mieux dire,
elle forme avec la colonne vertébrale un angle de presque 45°. La
luxation a eu lieu entre la dernière vertèbre caudale et les osselets plats
qui forment la basé de la nageoire caudale.
La dorsale a 10 rayons, dont le premier est très-court, avec 10
apophyses interépineuses. La caudale possède 17 et l’anale 6 rayons.
La ventrale de notre exemplaire ne laisse voir que 5 rayons; mais cette
nageoire est rompue, et il est fort probable qu’une partie de ses rayons
se trouve sur le côté gauche de l’abdomen. Dans ce fragment on peut
distinguer 4 rayons. La pectorale droite montre 8 rayons articulés.
Voyez fig. 2. Quoique la pectorale gauche soit brisée, il est possible
de compter les débris de ses rayons au nombre de 10 ou 11 : la
nageoire_. droite aura donc perdu 2 ou 3 rayons. Une loupe, même
assez forte, ne permet pas de distinguer une trace d’écailles.
Le musée de Teyler possède encore deux autres exemplaires du
Cobitis Bredai, mais tous les deux sont des individus jeunes. Quoiqu’il
soit impossible de trouver dans ces deux objets le deuxième rayon de
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