des rayons de la ventrale fait défaut; dans celle du Leuciscus pusillus
on ne voit pas combien il y a de rayons dans la caudale, ni dans la
ventrale, ni dans la pectorale. Je suis à même de compléter la
description du Leuciscus latiusculus, Ag. puisque le musée de T e y i .e r
possède quelques exemplaires de ce poisson : la ventrale a 9 rayons, et
la pectorale en a B . quant à la dorsale elle en compte.8 ou 9. Mais
il y a plus. Un des exemplaires de l’espèce (du Leuciscus oenin-
gensis) fait voir un nombre assez grand de très-belles écailles, qui
se sont conservées d’une manière si parfaite, qu’on peut aisément en
faire la description et les dessiner. Voyez fig. 8. Ces écailles sont
disposées en bandes parallèles, comme dans tous les leucisques. Sur
chaque écaille, surtout sur celles qui se trouvent un peu au-dessus de
la ligne latérale, on reconnaît parfaitement les rayons longitudinaux
divergents qui constituent l’un des principaux caractères du genre.
Agassiz nomme ces rayons divergents : „des rainures ou des sillons
plus ou moins nombreux, partant d’un centre commun et se dispersant
en éventail vers la périphérie.” 1) Il me semble que les rayons des
écailles du Leuciscus oeningensis ne sont pas des sillons, mais qu’ils se
montrent en bas-relief; au moins en touchant ces écailles du bout du
doigt, on sent que la surface de l’écaille est rude. Je suis loin de
prétendre accuser d’inexactitude un savant comme M. Agassiz, mais j ’ai
cru devoir fixer l’attention des ichthyologues sur ce sujet intéressant.
Ces rayons divergents sont assez forts en comparaison de l’écaille; ils
se trouvent communément au nombre de huit sur chaque écaille.
Revenons aux poissons qui font le sujet de cet aperçu. La forme
du corps démontre au premier coup d’oeil que ces poissons sont des
membres du genre Leuciscus. On voit la colonne vertébrale courbée
en haut assez fortement dans la partie abdominale du corps ; les côtes
longues, grosses, vigoureuses; la tête médiocre ou plutôt petite en
proportion du corps; la dorsale au milieu du dos et non opposée, ni
à la ventrale, ni à l’anale — en un mot : le caractère du genre
1) Voyez Poiss. foss., Tom. V, part. 2, pag. 6.
est trop prononcé dans tous les exemplaires que j ’ai eu à ma disposition
pour permettre un doute à ce sujet. En général tous les dix-sept
individus — dont six se trouvent sur des plaques doubles — se sont
assez bien conservés; toutefois à l’exception des têtes, qui ne sont que
des masses informes. Cependant leurs contours se sont conservés, et
si l’on voit encore quelques os assez intacts pour être reconnus, ce ne
sont que des os que chacun peut reconnaître au premier abord, par
exemple, les opercules, les mâchoires supérieures et inférieures et les
os aux contours de l’orbite. Mais point de trace des trois rayons
branchiostègues, ni de dents pharyngiennes, ces deux signes caractéristiques
du genre, ces deux signes qu’on souhaiterait si ardemment de
trouver un jour dans un ichthyolithe de cette espèce.
Dans les dix-sept exemplaires on voit une multitude d’écailles rangées
en bandes parallèles, comme dans les leucisques1 de nos jours. Ces
écailles sont en tous points semblables à celles du Leuciscus oeningensis, A g .
J ’ai confronté minutieusement tous les exemplaires encore pourvus
d’écailles des deux espèces, mais je n’ai trouvé une différence notable,
ni dans la forme, ni dans les lignes en relief, les sillons de - M. Agassiz ,
qui se trouvent sur la partie postérieure de l’écaille. Les deux figures 8
et 9 pourront le prouver. La fig. 8 est dessinée dans la manière de
la fig. 5 du PI. 59 du Vol. V des Poiss. foss. tandis que la fig. 9 est
dessinée comme il me semble qu’on doit représenter les écailles des
leucisques fossiles, si l’on veut mettre en vue les rayons longitudinaux
divergents de l’écaille. Les écailles du Leuciscus helveticus fig. 7 se
sont conservées à merveille, et c’est par cet exemplaire que j ’ai pu éviter
une erreur. Je m’étais imaginé qu’on trouverait peut-être une différence
dans le nombre des lignes ou sillons divergents; j ’en trouvais d’abord
cinq dans le Leuciscus oeningensis et six dans le Leuciscus helveticus,
mais plus tard j ’ai trouvé que dans les deux espèces ces lignes se
multiplient en raison de la position plus ou moins reculée de l’écaille,
de sorte que celles de la partie caudale nous montrent quelquefois
jusqu’à 7, 8, 10 et même 12 de ces lignes sur les écailles, qui sont
X'/zcées immédiatement en avant de la nageoire caudale.