considéré non-seulement comme un poisson très-différent des autres
petits poissons antédiluviens d’Oeningen, mais même comme une nouvelle
espèce du genre Rhodeus. C’est en comptant ses vertèbres et les
rayons de ses nageoires qu’on acquiert la conviction qu’il n’est ni le
Rhodeus elongatus, Ag., ni le Rhodeus iatior, Ag. Ces deux espèces ont
chacune 35 vertèbres, tandis que le Rhodeus oligactinius n’en a que 32.
Il y a de même quelques différences entre le nombre des rayons des
nageoires et des osselets interapophysaires. Par exemple, le Rhodeus
elongatus a 29 rayons dans sa nageoire caudale, le Rhodeus oligactinius
en a 26. Le Rhodeus elongatus a 12 rayons attachés à 10 apophyses
interépineuses dans sa dorsale, le Rhodeus oligactinius n’en a que 7,
qui reposent sur 7 osselets interapophysaires.
Outre les nageoires mentionnées ci-dessus on trouve 10 rayons dans
1 anale. Quant à la ventrale ses rayons ne peuvent se compter que
dans un seul exemplaire des six qui font le sujet de cette description.
.Mais même dans ce seul exemplaire il est impossible de les compter
avec assez d exactitude, vu 1 état froisse et mutilé de cette nageoire.
Cependant je crois y trouver 7 ou 8 rayons. Cet état imparfait du
fossile s’observe également dans la pectorale: le nombre de ses rayons
ne peut se déterminer, ils gisent cà et là dispersés et brisés. Il est
assez curieux, et ce fait mérite en tout cas quelque attention, que
parmi les deux espèces de Rhodeus déterminés par M. Agassiz et les deux
exemplaires du même genre décrits par moi, il n’y a pas un seul
individu qui montre ses pectorales intactes ou même assez bien conservées
pour permettre d’en compter les rayons d’une manière précise.
On peut en conclure que les rayons de la pectorale de tous les Rhodeus
ont été d’une ténuité remarquable, et que les Rhodeus ont dû nager
principalement par l’action de leur caudale: il est vrai que cette nageoire
en compensation était large et forte.
Le Rhodeus oligactinius a 13 côtes, tandis que le Rhodeus elongatus
n en a que 12. Dans un de mes six exemplaires on voit les côtes des
deux cotés de l’abdomen. Un autre exemplaire est magnifiquement
conservé. On voit assez distinctement les pièces diverses de l’opercule;
les mâchoires supérieures; les os entourant et formant l’orbite; les
rayons branchiostègues au nombre de trois ; les côtes proportionnellement
longues; la colonne vertébrale assez grêle; la caudale grande et
fourchue ; en outre quelques traces d’écailles, quoique celles-ci sont trop
confuses pour permettre d’en faire la description. C’est surtout de
cet exemplaire que j ’ai fait usage en composant cette description. Si
chaque poisson fossile nous montrait ses caractères d’une manière si
précisé et si nette, l’art de déterminer les poissons pétrifiés né serait
pas toujours si difficile et si décourageant qu’il l’est souvent à présent.
En revanche, un des exemplaires appartenant au musée de Teyler a
perdu totalement sa dorsale, ses pectorales’, ses ventrales, son anale et
presque tous les rayons de sa caudale. C’est par conséquent uniquement
sur le nombre des vertèbres et des côtes et sur la forme des
pièces operculaires et de la grande orbite, que j ’ai dû'ionder ma détermination
de ce poisson. J ’entrevois la possibilité que j’ai pu me tromper.
Heureusement il y a cinq autres individus pour garantir l’exactitude
de ma description.
En general on peut dire que les poissons de l’espèce Rhodeus oligactinius
se sont assez bien conservés et que tous sont faciles à reconnaître.
Plusieurs sont tant soit peu courbés et ont le profil du dos
plus ou moins en ligne concave. Ce fait cependant n’est p a s! assez
général pour y trouver l’indice de quelque habitude ou de quelque
catastrophe, comme c est probablement le cas avec la position recourbée
des Poecilias. Voyez l’article Sur le genre Poecilia.
Des six exemplaires quatre sont du musée de Tetleb, et deux de la
collection de M. van Breda. Je propose de donner à cette nouvelle
espèce le nom de Rhodeus oligactinius, parce qu’on trouve un petit nombre
de rayons dans les nageoires en comparaison des autres espèces du
même genre.