du fragment de la queue de l’Anguilla pachyura 1). Il faudrait, par
conséquent, voir s’il existait une différence quelconque dans les os, les
osselets, les rayons, ou dans la forme des queues des deux exemplaires.
Ici je n’avais pas le nombre des vertèbres, celui des côtes, des rayons
des nageoires etc., ces points d’appui dans la détermination des espèces.
Afin que le lecteur soit de même à juger de la vérité de mon assertion
que l’anguille que j’ai déterminée appartient à une nouvelle espèce, je
répéterai les paroles avec lesquelles M.Agassiz décrit son Anguilla pachyura;
ensuite je décrirai la mienne. J ’aurai soin de mettre en italiques les
expressions qui démontrent les différences.
„Ce qui le distingue surtout, c’est le développement prodigieux des
rayons de la nageoire (dorsale) qui vont en augmentant de longueur
d’avant en arrière, et sont. en même -temps si serrés, qu’on pourrait
presque les comparer à une crinière de gros poils. La colonne vertébrale
est robuste; les corps des vertebres sont plus longs que hauts, et
leur apophyses articulaires médiocrement accusées. Les apophyses épineuses
n’ont rien de bien saillant, si ce n’est qu’elles s’inclinent toujours vers
l’extrémité de la queue. Les osselets interapophysaires sont longs,
vigoureux et cependant serrés: il y en a régulièrement trois pour une
apophyse, et chaque osselet porte un rayon. Ce qu’il y a en outre de
remarquable, c’est que toutes ces pièces, les apophyses, les-osselets et
les rayons, au lieu d’être droits comme dans les autres espèces, sont
tous arqués et plus ou moins ondulés, et que la partie caudale du tronc
se rétrécit plus brusquement que dans les autres anguilles.”
Lassons à la description de mon espèce: les mots en lettres italiques
correspondent à ceux de la description précédente.
La colonne vertébrale est composée de 100 vertèbres, ainsi cette
espèce avait 15 vertèbres de moins que l’Anguilla fluviatilis, Cuv. de
nos jours. S’il n’est pas facile d’indiquer dans l’anguille actuellement
vivante le point où finissent les vertèbres abdominales et où commencent
les vertèbres caudales, à cause du passage insensible des unes aux 1
1) "Voyez: jPoiss. foss., Tom V, part. 2, pag. 135, et Tom. V, planche 29, fig. 2..
autres, il doit être d’autant plus difficile d’indiquer ce point dans les
espèces fossiles. Or, les vertèbres des dernières sont communément plus
ou moins brisées et très-souvent les apophyses inférieures manquent^
Néanmoins on a besoin de ces apophyses pour trouver la première vertèbre
caudale, parceque les vertèbres abdominales des anguilles ont des
apophyses inférieures qui se divisent en deux branches, dont l’antérieure est
la plus courte, et dans lesquelles on ne voit point de trace du processus
antérieur, qui porte l’arête musculaire de la vertèbre caudale des espèces
vivantes. De même le commencement de l’anale n’indique pas la limite
de la cavité abdominale: cette nageoire s’étend d’arrière en avant jusqu à
la trentê-sixième vertèbre abdominale, par conséquent plus en avant
que là où finit cette cavité. Ainsi il ne m’est pas possible de donner
les nombres des deux sortes de vertèbres, et je dois me borner au
nombre total, qui est de 100.
Les apophyses épineuses supérieures s’inclinent vers la queue et
s’allongent d’avant en arrière. Les cinq premières ne sont pas visibles ,
et les trente suivantes sont encore si courtes qu’elles ne méritent presque
pas leur nom. De la trente-cinquième vertèbre elles sont d’une longueur
qui correspond à la hauteur du corps des vertèbres, elles restent
ainsi jusqu’à la soixante-quinzième. Mais de là elles diminuent de
nouveau en longueur et deviennent plus courtes et plus minces que
les précédentes. On en peut dire autant des apophyses épineuses inférieures
des vertèbres caudales: elles restent d’une longueur égale
jusqu’à la soixante-quinzième vertèbre, et de ce point elles diminuent
graduellement jusqu’à la pointe de la queue. Les secondes apophyses
moins longues, qu’on voit en arrière des premières apophyses inférieures
des vertèbres abdominales, se montrent assez distinctement sur quelques
points de la colonne. .
Les nombreux osselets interépineux sont minces, pointus et droits et
nullement ondulés. Je n’ai pu voir aucune différence entre les supérieurs
et les inférieurs, ni dans la forme, ni dans la manière de leur
articulation avec les rayons des nageoires. On trouve ordinairement dans
l’espace entre deux apophyses de la région antérieure de la partie