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Les nageoires se sont assez bien conservées dans presque tous les
exemplaires; et telle nageoire qui dans l’un est trop froissée ou mutilée
pour être décrite, se montre au contraire dans son entier et parfaitement
intacte dans un autre, elle est même quelquefois étendue comme
si le poisson avait succombé en nageant. C’est surtout la caudale qui
s est parfaitement conservée dans beaucoup d’individus, et c’est pourquoi
je n’ai pas seulement pu compter exactement ses rayons, mais en
outre cela m a donne l’occasion d’observer la différence qu’il y a entre
le nombre des rayons de la caudale du Leuciscus helveticus et celui des
quatre autres leueisques d’Oeningen, connus jusqu’à présent. Or le
Leuciscus helveticus ne possède que 28 de ces rayons, tandis que le
Leuciscus oeningensis en possède 33, le Leuciscus latiusculus 30, le
Leuciscus heterurus 31. Les rayons de la caudale du Leuciscus pusillus
n étant pas mentionnés par M. Agassiz , et comme ni le musée de ïe y i.er
ni la collection de M. van Breda ne possède aucun exemplaire de.
cette espèce, il m’est impossible^ de combler cette lacune.
La forme de la caudale ne diffère pas sensiblement de celle des
leueisques de nos jours. En ne jetant qu’un coup d’oeil sur les ichthy-
olithes en question on conçoit comment les naturalistes d’autrefois
ont envisagé toujours les poissons d’Oeningen comme identiques avec
les espèces actuellement vivantes: ce n ’est qu’après un examen minutieux
que l’on peut entrevoir leur différence spécifique. C’est surtout
aux belles recherches de M. Agassiz que la science doit la connaissance
des signes caractéristiques qui séparent les espèces fossiles des espèces
vivantes.
J ai dit déjà qu’on compte dans la nageoire caudale du Leuciscus
helveticus un nombre de rayons plus petit que dans celle des autres
leueisques fossiles. Mais si importante que soit cette différence, il y
en a encore une autre plus essentielle, c’est-à-dire dans le nombre
des vertèbres. Le Leuciscus helveticus a 33 vertèbres, tandis que le
Leuciscus oeningensis en a 34 et que chacune des trois autres espèces
en possède 35. Par conséquent la partie principale de la charpente
osseuse, c’est-à-dire du fondement essentiel du corps entier, est con-
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stituée d’une autre manière que dans les autres leueisques: cette différence
seule constituerait une nouvelle espèce.
Les arêtes musculaires se sont également conservées dans la plupart
des individus; on en aperçoit de très-grandes, qui s’entrecroisent avec
les apophyses épineuses supérieures des vertèbres caudales, et dans
quelques-uns avec celles des vertèbres abdominales.
Le Leuciscus helveticus a 12 paires de côtes. La dorsale a 9 rayons
qui se reposent sur 9 osselets interapophysaires longs et pointus;1 Dans
l’espèce nommée je n’ai pas pu voir les osselets interapophysaires inermes,
qui se trouvent en. avant de l’insertion de la dorsale du Leuciscus
latiusculus. L’anale en a 12 rayons qui sont posés sur 12 osselets
interapophysaires. La ventrale montre un nombre de 9 rayons et la
pectorale un de 15, qui sont tous extrêmement minces et grêles. Chaque
rayon est articulé et branchu, se divisant. généralement en quatre
branches, à l’exception du premier rayon de l’anale qui est simple et
non branchu. Je présume que le premier rayon de la dorsale est également
simple, mais il m’est impossible de le garantir.
Parmi un nombre de 17 exemplaires le choix d’un seul pour le
dessiner était assez difficile, d’autant plus que presque tous méritent le
nom de bien conservés. J ’en ai choisi deux, qui laissent observer une
partie des vertèbres ou leurs empreintes, qui ont conservé encore leurs
côtes, les rayons de leurs nageoires, une multitude d’écailles etc., mais
dont seulement les os de la tête sont devenus une masse informe, à
l’exception de quelques fragments, qui n’ont rien de remarquable. L’un
de ces exemplaires fait partie de la collection de M. van Breda,
l’autre du musée teylerien. Voyez fig. 6 et 7.
Il paraît que les eaux lacustres du bassin d’Oeningen ont été riches
en poissons du genre Leuciscus et surtout en ceux des trois espèces:
le Leuciscus oeningensis, le Leuciscus latiusculus et le Leuciscus helveticus:
j ’ai pu disposer de 58 exemplaires, dont 13 du Leuciscus oeningensis,
27 du Leuciscus latiusculus,
17 du Leuciscus helveticus,
1 du Leuciscus heterurus.