
nière a pouvoir résister au choc violent de ces vagues. Ainsi l’on trouve des animaux pour
toutes les circonstances , et la fécondité de la création a répandu par-tout l’animalisation
modifiée, adaptée aux accidents du sol, aux climats, aux conditions de l’air et des.eaux.
On conçoit que les observations précédentes rendent aussi les mollusques de la famille
dont il s’agit, plus particulièrement intéressants, pour la géologie; leurs dépouilles fossiles
peuvent, dans bien des cas, lier les formations marines aux formations d’eau douce, et
expliquer certaines anomalies qui se rencontrent souvent dans l’observation des unes et
des autres : car c’est particulièrement avec les pulmonés marins des eaux saumâtres et certains
pectinibranches presque amphibies ; très rapprochés des çyclostomes terrestres, que
se rencontrent les pectinibranches fluviatiles;. on peut par conséquent les. retrouver dans
les mêmes couches.
Souvent aussi la mer, s’étendant sur les terres dans les hautes marées, entraîne beaucoup
de ces coquilles terrestres, qu’on peut considérer comme maritimes, et en se retirant les
laisse dans les flasques de ses rives où l’on retrouve tous les mollusques dont nous venons
de parler, parceque ces lagunes perdent bientôt une partie de leur salure par, le mélange
des eaux pluviales.
Ces considérations nous ont portés à comprendre, dans notre travail, l’ensemble des,
espèces vivantes et fossiles qui paroissent appartenir à la famille dont nous nous occupons.
Malheureusement les mollusques de cette famille ont été plus particulièrement négligés
que tous les autres. Les espèces marines de nos cô.tes, en général fort petites ,.sont inconnues
, à l’exception de quelques unes décrites par les auteurs anglois. Celles des pays étrangers
ne sont connues que par leurs-coquilles; de sorte qu^ Ion est réduit a très peu de
secours pour baser leur classification sur les caractères des animaux. Cependant nous
avons pu comprendre cette famille dans la division des pulmonés, indiquée dans le discours
qui précède le Tableau de la famille^des limaçons, et nous avons dû faire un sous-
ordre de ces mollusques, ainsi que nous allons le voir, sous le nom de Pulmonés gèhy-
drophiles. -
Nous avons divisé l’ordre des pulmonés de Mr Cuvier, les adélobranches ou pulmo-
branches de Mrs Duméril et de Blainville, en trois sous-ordres : les géophiles, les géhydro-
philes et les hygrophiles, d’après la consi4|ération de la manière de vivre , qu’ils affectent
plus-spécialement, les uns.étant vraiment des pulmonés terrestres, les autres étant presque
amphibies, et les derniers seulement fluviatiles. Nous avons tout récemment présenté le
Tableau des deux familles qui composent le premier de ces sous-ordres, la famille des
limaces et celle des limaçons. Aujourd’hui nous rassemblons' les genres et les espèces qui
doivent former la famille des auricules, auriculoe, qui compose à elle seule le sous-ordre
des géhydrophiles. Nous offrirons plus tard le Tableau des genres et des espèces -du dernier
de ces sous-ordres, celui des hygrophiles : chacun d’eux est d ailleurs distingué par
des-caractères zoologiques très prononcés.
Avant Linné un petit nombre d’espèces de la famille des auricules étoit connu par les
figures de Lister, Petiver, Buonanni, Gualtieri , etc. Linné les rassembla .presque toutes
dans son genre Voluta,excepté deux d’entre elles, qu’il plaça, l’une dans.celui àuTrochus,
' le trochus dolabratus, l’autre dans celui de VHélix,Vhélix Scaraboeus. Quant aux espèces placées,
par ce père de la science, dans les volutes, ce sondes voluta AurisMidoe, Auris Judoe,
lornhlilis, solidula, Coffoea du Sysleina nature#.
Le premier genreconnu et distinct de cette famille, fondé sur les caractères des animaux,
est celui du caryckium, établi par Muller, pour une coquille presque microscopique, assez
commune dans-toute l’Europe sous les feuilles mortes et liumide6; genre qui a été augmenté
de-peu d'espèce?, et auquel Draparnaud réunit une coquille marine, son Juricuh
Myosotis, depuis long-temps déjà décrite et figurée par les auteurs anglois.
Klein est le premier qui ait formé un genre pour ï Auris Midoe e t les-espéces analogues;
c’est le quatorzième de sa cinquième classe, celle des cono-cochlis ou cochlis conica. Mais
cet auteur place dans le sixième genre, Angystoma, de sa deuxième classe, 1 hélix Scara-
boeüs et notre Auricuta plicata. Martini, dans sa grande Conchyliologie, tome il,.a conservé
en genre; et sous le mêmç nom, les AuresMidoe de Klein. Il ajoute quelques especes
à cèlles du Syslema naluræ, savoir les tmlimus variegatus, nwnUe, comformis, ovulus, de
Bruguière ; plus une autre coquille du Muséum Chaisiamim, dont les derniers naturalistes
n’ont point parlé.
Bruguière n’imita point Klein et Martini, et crut devoir laisser toutes les coquilles connues
avant lui et que nous venons de citer, dans son genre Bulime.
Adanson venoil alors de faireconnoître son Piétin , dont il faisoit un genre à part; Bruguière
le place également parmi les bulimes. -
Les auteurs anglois de leur côté ont fait connoître quelques petites volutes, des hélices
ou des turbos qui appartiennent à la famille dont nous nous occupons., et qui nont pas
été observés par les auteurs françois, «quoique la plupart se trouvent aussi sur nos côtes.
Humphréy dans son Muséum Cctlonnianum, publié en 1797’ aPPe^e le genre des Aures
MMoe de Klein et de Martini.
Mr de Lamarck dans sa première classification des mollusques, publiée dans les Actesde la
Société d’histoire' naturelle de Paris, en 1795 ou 1796, a definitivement placé ce groupe dans
le système, comme genre distinct, sous le nom d Auncule, et aforme avec le Trochus dolabra-
lus de Linné le genre Pyramidelle. Mais il paroît d’après la description des espèces fossiles
du genre Auricule, insérée dans les Annales du Muséum, tome YIII, que M‘ de Lamarck
n’a pas cru devoir conserver ce dernier genre, et qu’il en a réuni les espèces au premier.
Dans XExtrait de son Cours, cet illustre savant indique deux nouveaux genres, le genre
Tornatellé, formé pour les bulimus variegatus et solidulus de Bruguière, déjà nommé par
Montfort A.ctéon, et le genre Conovulèou Mélampe de Montfort, qui comprend aussi quelques
bulimes que Bruguière donne pour fluviatiles. .
Montfort, que .nous-venons de nommer, fait aussi un genre à part de 1 hélix Scaraboeus
de Linné, sous le nom de Scarabe.
Mr Ocken enfin, l’un des. derniers auteurs systématiques, fait avec les Aures Midoe de
Klein et Martini son genre Marsyas,et conserve lé genre Caiychium de Muller; mais il
place ces deux genres dans deux groupes différents.
Telle est l ’histoire succincte des mollusques dè la famille qui nous occupe quant à leur
classification. Les caractères remarquables que présentent leurs côquilles ont fait sentir à
tous les naturalistes, excepté Bruguière, la nécessité de le,s séparer. Mr Cuvier les place tous
dans lés pulmonés aquatiques, excepté le carychium dont il ne parle pas, et le scarabe de
Montfort qu’il mentionne après le genre Pupa.
Aucun naturaliste n’a jusqu’ici examiné les auricules dans l’ensemble de leur rapport,
et personne., à l’exception de Muller, pour le genre Carychium, na pu consulter pour