dans un pays, sont inconnues ou rejetées dans un autre, et qu’elles n’ont véritablement point
une .unité d’acception, vérités qu’il est important de considérer, pour sentir la nécessité de
rappeler les savants à la même nomenclature. En effet, ou les naturalistes, même d’après
les plus récents travaux en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis, conservent fidèlement
la nomenclature linriéenne, ou bien, en petit nombre, ils en suivent une nouvelle,
et parmi ceux-ci les dénominations reçues en France n’ont presque aucune autorité. Ainsi
Flemming et d’autres Anglais appellent les maillots odostomia; Perry nomme les agatliines,
bulimesetlesbulimes, agathines; Studer appelle torquillacertains maillots, bulihusles buli-
mes, tapada les ambrettes de Draparnaud; Ocken fait bien d’autres transpositions. Ainsi,
quand bien même le petit nombre d’espèces connues des genres établis aux dépens de Celui
de l’hélix, en se perdant et se combinant différemment, dans l’ensemble de toutes les espèces
de notre collection, par l’influence des considérations générales qui nous ont guidés, ne
seroit pas devenu dépendant de nos divisions du troisième degré, nous aurions peut-être
dû exécuter le travail que nous proposons, comme le seul moyen de rappeler à l’unité si désirable
dans la nomenclature, pour les progrès de la science. Du moins il est à croire que
l’enchaînement des combinaisons proposées et l’influence d’un travail d’ensemble accompagné
d’excellentes figures, forceront à perfectionner notre ouvrage, et nous aurons ainsi
atteint le but que nous signalons.
Il ne s’agit plus, en effet, aujourd’hui pour les naturalistes qui s’occupent des mollusques
terrestres et fluviatiles de leur pays, de les examiner, de les classer, de les nommer indépendamment
de ceux des autres pays et des travaux qui s’y publient; il ne s’agit même
plus d’étudier les mollusques terrestres et fluviatiles, indépendamment des marins; c’est
dans tous leurs rapports qu’il faut les considérer; c’est dans les dépendances générales et
particulières de la classe d’êtres à laquelle ils appartiennent qu’il faut les-étudier et les classer.
Ainsi toutes les combinaisons, toutes les idées de spécialité, de localité, les considérations
de détails, doivent être subordonnées à l’ensemble dés faits, quelle que soit d’ailleurs
la manière plus ou moins heureuse avec laquelle nous aurons exécuté notre travail d’ensemble.
On doit observer que des sections entières, comprenant des espèces caractérisées par des
circonstances remarquables, sont entièrement étrangères à l’Europe, n’ont jamais été décrites
et sont presque inconnues dans les collections ; les naturalistes n’ont donc pu apporter,
dans leurs travaux, le résultat des réflexions qu’elles peuvent faire naître, et par conséquent
toutes les classifications proposées ont dû s?en ressentir plus ou. moins.
Nous n’avons pas besoin de faire observer que les dénominations génériques, justement
appuyées sur des caractères organiques, seront respectées dans notre ouvrage ; ainsi les aperçus
de cette espèce, chez Lister, Muller, Géoffroy ët Adanson, confirmés pour la plupart
par M,s de Lamarck et Cuvier, ainsi que par Draparnaud et par nous, conserveront, sous
les noms reçus, leurs places respectives dans notre travail. Tels sont les genres suivants -, séparés
si convenablement des hélices de Linné :-Vertigo, Carÿchium, Limneus, Physa, Pla-
norbis, Valvata, Cyclostoma, Paludina, etc. , qui appartiennent à des géophiles caractérisés
par des différences importantes, ou à des hygrophiles d’une organisation bien distincte.
Quelques personnes nous-reprocheront peut-être d’avoir conservé, à côté d’un genre aussi
nombreux en espèces que celui de l’Hélice, des genres tels que l’Helicolimax et le Vertigo,
qui n’en renferment que fort peu, et'qui ne sont distingués de l’Hélice que par des caractères
en apparence peu importants. Nous répondrons d’abord, qu’on doit y voir une preuve
que nous n’avons point négligé de conserver en genre distinct les espèces qui offroient des
différences organiques ; en second lieu, si l’on a bien étudié les mollusques et la marche que
nous avons développée par suite de cette étude, dans la famille des limaces, on restera convaincu
que la protection des organes principaux, au moyen de la cuirasse, ou d’un test plus
ou moins grand , par rapport au corps, et d’un collier qui ferme et protège la cavité pulmo-
monaire, est une considération première qui doit fixer l’attention dans l’établissement des
genres. Il suffit d’examiner la suite de ceux qui composent la famille des limaces, pour se convaincre
queThélicolimace forrçie un échellon intermédiaire entre cette famille et celle des
limaçons. Par-tout, les modifications des organes protecteurs ont été adaptées à la manière
de vivre de chaque genre, et l’hélicolimace montre sa place distincte, autant par son organisation
que par ses habitudes.
Le vertigo n’offre de différence, avec les vrais maillots de Draparnaud, que l’absence des tentacules
inférieurs. Plusieurs naturalistes ont objecté que certains maillots les avoient très courts,
et qu’il étoit possible que leur absence présumée dans les vertigos, tînt, soit à leur extrême
brièveté, soit à un avortement, vu la petitesse des espècesfeonnues. Sans rejeter ces objections,
auxquelles on peut répondre que des hélices plus petites que certains vertigos, montrent
clairement leur quatre tentacules, et que Muller et d’autres observateurs n’ont pu,
ainsi que nous, découvrir ces petits tentacules, avec les plus fortes lentilles, nous ferons remarquer
qu’il existe de grosses espèces dont on n’a pu encore étudier les animaux, et qu’il convient
certainement, avant de rejeter ce genre, établi par un naturalisée exact et scrupuleux,
confirmé par la découverte de huit ou dix espèces dont on a vu les animaux, et dont les coquilles
ont aussi des caractères particuliers, qu’il convient, disons-nous, d’attendre qu’on ait
observé ces grosses espèces, pour rejeter ce genre, si ses caractères distinctifs ne s’y rencontrent
pas.
Nous pensons, au reste, qu’on aura moins de doute sur l’absence des petits tentacules,
chez les vertigos, en connoissant le nouveau genre que nous établissons aujourd’hui, sous le-
nom de Partula, les espèces de ce genre offrant la même circonstance, ce qui nous.auroit
commandé de les réunir aux vertigos, si nous eussions été certains que ceux-ci fussent également
ovo-vivipares, comme les partules, et que dans le. doute cette réunion fût convenable.
Cette particularité,dans le mode de génération chez les limaçons,est un fait-absolument
nouveau et assez curieux, qui ne s’étoit rencontré, jusqu’à présent, que dans les paludines!
Nous entrerons, e.n parlant de ce nouveau genre, dans quelques détails sur son organisation.
Nous rendons donc au genre Vertigo et au'genre Carÿchium de Muller, leurs- véritables
limites et les noms qui leur furent donnés par lui. Nous ne savons pourquoi Draparnaud,
qui a fait des genres avec tant de facilité, n’a pas voulu reconnoître le premier, et comment
il a changé la dénomination de carÿchium en auricula, nom donné par Mr de Lamarck
à des coquilles qui appartiennent à des animaux très différents par leur manière
de vivre et leur organisation. Nous ferons observer, à ce sujet, qu’on réunissoit de même
au genre Auricula de Mr de Lamarck, beaucoup de coquilles qui appartenoient à dé véri-
tables hélices, c’est-à-dire, à des géophiles ayant quatre tentacules, etc. C’est dans cette
occasion, comme dans beaucoup d’autres, la forme apparente de la coquille, et en particulier
de la bouche, qui a égaré les classificateurs, et c’e'st un exemple, de plus, de la réserve
qu o'n doit apporter à les classer d’après cette seule considération, quoiqu’on puisse observer,