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 pourroit  avoir  quelque  importance,  mais,  jusqu’à  présent,  elle  n’est point  assez  générale  
 pour qu’on puisse y  faire attention. 
 Les  he'lices  dont  l’ouverture,  sans  rebord  extérieur  ni  bourrelet  intérieur,  présente  un  
 péristome tout-à-fait simple, forment un groupe très remarquable et qui offrira peut-être des  
 caractères communs et assez  distincts dans 1 animal, du moins si toutes les espèces indigènes  
 et  les grandes espèces èxotiques,  telles que le citrina et autres, montrent les mêmes différences  
 que celles que nous a offertes l’animal de Yhélix algira, l’une des hélices de ce groupe. L’orifice  
 des organes de la  génération,  chez ce géophile, est placé sur le  col,  plus près du collier  
 que  de  la  tête;  les lobes de  celui-ci sont moins courts  que  dans les autres hélices,  et débordent  
 quelquefois  le test;  les lèvres  ou  tentacules buccaux, très contractiles, sont placés tout-  
 à-fait  en-dessous  de  la  bouche,  et  s’étendent latéralement  en  dépassant  peu  le bord  antérieur  
 du  plan  locomoteur;  enfin  ce  plan  offre  une  organisation  fort  analogue  à celle  des  
 arions,  chez lesquels les organes de la génération sont aussi plus  en arrière que dans le genre  
 Umax.  Si  le  pore muqueux n’existe pas  dans  cette espèce comme  chez les arions,  on  y  voit  
 du moins une fente bien marquée qui  le remplace,  quoiqu’on n’y observe pas  de mucosité,  
 et à la  partie supérieure  de laquelle viennent aboutir les sillons latéraux qui bordent en-dessus  
 les  contours  du  plan  locomoteur :  circonstances  tout-à-fait étrangères  aux  autres sous-  
 genres connus  du  genre Hélice,  et qui  paroissent  dépendre  d’un  système  particulier d’irrigation  
 pour les fluides,  à la surface  supérieure  de  ce plan. Nous  eussions pu faire un  sous-  
 genre du groupe  qui  comprend  cette  espèce,  si  nous  eussions  été  certains  d’une  conformité  
 de caractères, dans  toutes  celles  qu’il renferme,  et  sur-tout  si  nous  eussions  été  convaincus  
 que ces  caractères  sont particuliers à ce  groupe ; mais  l’analogie  de  ses  coquilles avec celles  
 des groupes voisins nous  a  arrêtés. 
 De  tous les géophiles  que. nous  réunissons  dans le genre Hélice, aucuns ne présentent des  
 circonstances  aussi  particulières  que les  polyphèmes  de Monfort,  déjà  désignés  par nous,-  
 avant cet auteur,  par l’épithète  de glans (i). Non seulement l’animal montre,  chez quelques  
 espèces, des anomalies les plus remarquables, mais la coquille elle-même offre des caractères  
 tellement singuliers,  que nous crûmes pendant long-temps  que  les polyphèmes  étoient des  
 mollusques  fluviatiles.  Nous savons positivement  aujourd’hui  qu’ils  sont  terrestres,  que  ce  
 sont de véritables limaçons analogues aux ambrettes pour leur genre devie, c’est-à-dire qu’ils  
 aiment les lieux humides,  et qu’ils  ne  diffèrent point essentiellement des animaux des hélices. 
   L ’espèce  dont Mr  Say,  de  Philadelphie,  nous  a donné  la description,  nous  avoit déjà  
 éclairés sur leur organisation  et leur genre de vie, comme plus anciennement l’aiguillette de  
 Géoffroy, lorsque nous reçûmes vivant le  bulimus algirus  de Bruguière,  ce  qui  nous  a permis  
 d’étudier à notre  aise  ces  géophiles,  et d’observer plusieurs  caractères  dont Mr Say n’a  
 point fait mention. 
 Le collier,  dans Valgirus,  est comme  chez  toutes  les  hélices;  l’orifice  respiratoire  est  en  
 forme  de fente allongée,  à l’angle extérieur de l’ouverture du test;  l’orifice des organes de la  
 génération  est situé  près du tentacule  droit, comme  à  l’ordinaire;  les  tentacules  sont plus  
 effilés que chez les autres limaçons, etassez égaux dans toute leur longueur; les inférieurs n’offrent  
 rien de particulier, mais les supérieurs ont les yeux situés un peu avant leur extrémité, 
 DE  LA  FAMILLE  DES  LIMAÇONS. 
 ou  pour  mieux  dire  cette  extrémité  éprouve  une  sorte  de  flexion  peu  sensible  au-delà  de  
 l’oeil;  enfin  les lèvres  ou  tentacules  buccaux sont comme  deux mamelons  coniques  et pointus. 
  Dans l’espèce décrite par Mr Say, ces différences sont beaucoup plus prononcées, comme  
 nous allons le voir,  soit à cause  de sa  taille,  soit par suite  d’une  conformation  particulière. 
 Comme  il est  intéressant d’appeler  l’attention  des naturalistes  sur les animaux  des polyphèmes, 
  qui, presque  tous, habitent spécialement les Antilles  ou les pays  situés  autour  du  
 golfe du Mexique,  nous  allons rapporter  ici  la  description  de l’espèce observée  par Mr Say.  
 Cette description complétera la série des différences notables que nous avions à signaler chez  
 les animaux du genre Hélice. 
 Nous préviendrons auparavant que cette  espèce n’est pas, comme Mr Say l’a pensé, le  bulimus  
 glans de Bruguière, mais bien le buccinum striatum  de Chemnitz,  tab.  120,  f.  128  et  
 129; bulimus striatus,  Bruguière.  Les  exemplaires  que Mr  Say  a bien  voulu  nous  envoyer,  
 nous mettent  à même  d’indiquer  cette erreur.  Selon ce savant (1),  cette  espèce  vit  dans  les  
 partiesiharécageuses de la Louisiane, sujétes aux inondations des grandes rivières qui  arrosent  
 ce vaste pays,  ainsi  que  dans  les parties maritimes de la Géorgie, où  on la  trouve en grand  
 nombre  dans les districts marécageux,  immédiatement derrière les îles de  sables  de  la côte;  
 dans  la Floride,  ce mollusque  se trouve dans une  situation  semblable, comme  aussi  sur les  
 bancs  d’huîtres  (hammok’s),  et généralement dans  les mêmes circonstances  que  le succinea  
 campestris.  C’est  seulement  dans  les  terrains bas  et marécageux  que  les  polyphèmes  atteignent  
 leur plus  grande  taille;  sur  les  hauteurs  ils  sont  plus  petits. Voici  la  description  de  
 Mr Say :  » Animal  allongé et aussi long que le test, granulé ; quatre tentacules, les supérieurs  
 « oculifères, brusquement fléchis à leur extrémité, au-delà des yeux; les inférieurs beaucoup  
 « plus  courts  et fléchis  de même à leur extrémité ; les lèvres  ou tentacules buccaux allongés,  
 « palpiformes,  presque  aussi  longs  que les tentacules  supérieurs,  rétractiles, généralement  
 « plus ou  moins  recourbés,  comprimés,  atténués  et  aigus  à  leur  extrémité,  laissant  un  
 « intervalle assez considérable entre leurs bases. Quand l’animal est en mouvement, il se sert  
 « de  ces lèvres, allongées  pour  tâter  sa  route. » 
 On voit, par cette description,  que les différences  que nous  avons  observées chez  l’algirus  
 sont bien  plus  caractérisées  chez  l’espèce  de Mp Say;  dans  l’aiguillette  elles  sont  tout-à-fait  
 insensibles, de sorte  que l’on peut  en  conclure  que  ces modifications de l’organisation commune  
 à tout le  genre Hélice  ne  sont pas  également  prononcées  chez  toutes  les espèces  de  
 polyphèmes,  ce  qui  leur enlève  la seule importance qui pourroit leur mériter de servir pour  
 une  distinction  générique.  Si  cependant on les reconnoît  dans toutes  les autres  espèces  du  
 groupe  auquel  elles  appartiennent,  on  devra  en  faire un  genre  à  part,  où  l’aiguillette  et  
 quelques  unes  des  espèces  analogues, que  nous y  réunissons,  entreront par l’influence  des  
 rapports  généraux  de  leur  coquille. 
 On peut juger,  d’après cet exemple, de la réserve qu’on doit apporter dans l’établissement  
 des  genres par les  seuls  caractères  des  coquilles.  De  toutes  les  espèces  que  nous  réunissons  
 dans les hélix, aucunes, sans doute, n’offrent des caractères de dissemblance aussi prononcés,-  
 et l’on voit combien  il  est  difficile  d’y  trouver matière à  établir un  genre basé sur des différences  
 organiques  notables chez leurs animaux.