6 TABLEAU SYSTÉMATIQUE
pourroit avoir quelque importance, mais, jusqu’à présent, elle n’est point assez générale
pour qu’on puisse y faire attention.
Les he'lices dont l’ouverture, sans rebord extérieur ni bourrelet intérieur, présente un
péristome tout-à-fait simple, forment un groupe très remarquable et qui offrira peut-être des
caractères communs et assez distincts dans 1 animal, du moins si toutes les espèces indigènes
et les grandes espèces èxotiques, telles que le citrina et autres, montrent les mêmes différences
que celles que nous a offertes l’animal de Yhélix algira, l’une des hélices de ce groupe. L’orifice
des organes de la génération, chez ce géophile, est placé sur le col, plus près du collier
que de la tête; les lobes de celui-ci sont moins courts que dans les autres hélices, et débordent
quelquefois le test; les lèvres ou tentacules buccaux, très contractiles, sont placés tout-
à-fait en-dessous de la bouche, et s’étendent latéralement en dépassant peu le bord antérieur
du plan locomoteur; enfin ce plan offre une organisation fort analogue à celle des
arions, chez lesquels les organes de la génération sont aussi plus en arrière que dans le genre
Umax. Si le pore muqueux n’existe pas dans cette espèce comme chez les arions, on y voit
du moins une fente bien marquée qui le remplace, quoiqu’on n’y observe pas de mucosité,
et à la partie supérieure de laquelle viennent aboutir les sillons latéraux qui bordent en-dessus
les contours du plan locomoteur : circonstances tout-à-fait étrangères aux autres sous-
genres connus du genre Hélice, et qui paroissent dépendre d’un système particulier d’irrigation
pour les fluides, à la surface supérieure de ce plan. Nous eussions pu faire un sous-
genre du groupe qui comprend cette espèce, si nous eussions été certains d’une conformité
de caractères, dans toutes celles qu’il renferme, et sur-tout si nous eussions été convaincus
que ces caractères sont particuliers à ce groupe ; mais l’analogie de ses coquilles avec celles
des groupes voisins nous a arrêtés.
De tous les géophiles que. nous réunissons dans le genre Hélice, aucuns ne présentent des
circonstances aussi particulières que les polyphèmes de Monfort, déjà désignés par nous,-
avant cet auteur, par l’épithète de glans (i). Non seulement l’animal montre, chez quelques
espèces, des anomalies les plus remarquables, mais la coquille elle-même offre des caractères
tellement singuliers, que nous crûmes pendant long-temps que les polyphèmes étoient des
mollusques fluviatiles. Nous savons positivement aujourd’hui qu’ils sont terrestres, que ce
sont de véritables limaçons analogues aux ambrettes pour leur genre devie, c’est-à-dire qu’ils
aiment les lieux humides, et qu’ils ne diffèrent point essentiellement des animaux des hélices.
L ’espèce dont Mr Say, de Philadelphie, nous a donné la description, nous avoit déjà
éclairés sur leur organisation et leur genre de vie, comme plus anciennement l’aiguillette de
Géoffroy, lorsque nous reçûmes vivant le bulimus algirus de Bruguière, ce qui nous a permis
d’étudier à notre aise ces géophiles, et d’observer plusieurs caractères dont Mr Say n’a
point fait mention.
Le collier, dans Valgirus, est comme chez toutes les hélices; l’orifice respiratoire est en
forme de fente allongée, à l’angle extérieur de l’ouverture du test; l’orifice des organes de la
génération est situé près du tentacule droit, comme à l’ordinaire; les tentacules sont plus
effilés que chez les autres limaçons, etassez égaux dans toute leur longueur; les inférieurs n’offrent
rien de particulier, mais les supérieurs ont les yeux situés un peu avant leur extrémité,
DE LA FAMILLE DES LIMAÇONS.
ou pour mieux dire cette extrémité éprouve une sorte de flexion peu sensible au-delà de
l’oeil; enfin les lèvres ou tentacules buccaux sont comme deux mamelons coniques et pointus.
Dans l’espèce décrite par Mr Say, ces différences sont beaucoup plus prononcées, comme
nous allons le voir, soit à cause de sa taille, soit par suite d’une conformation particulière.
Comme il est intéressant d’appeler l’attention des naturalistes sur les animaux des polyphèmes,
qui, presque tous, habitent spécialement les Antilles ou les pays situés autour du
golfe du Mexique, nous allons rapporter ici la description de l’espèce observée par Mr Say.
Cette description complétera la série des différences notables que nous avions à signaler chez
les animaux du genre Hélice.
Nous préviendrons auparavant que cette espèce n’est pas, comme Mr Say l’a pensé, le bulimus
glans de Bruguière, mais bien le buccinum striatum de Chemnitz, tab. 120, f. 128 et
129; bulimus striatus, Bruguière. Les exemplaires que Mr Say a bien voulu nous envoyer,
nous mettent à même d’indiquer cette erreur. Selon ce savant (1), cette espèce vit dans les
partiesiharécageuses de la Louisiane, sujétes aux inondations des grandes rivières qui arrosent
ce vaste pays, ainsi que dans les parties maritimes de la Géorgie, où on la trouve en grand
nombre dans les districts marécageux, immédiatement derrière les îles de sables de la côte;
dans la Floride, ce mollusque se trouve dans une situation semblable, comme aussi sur les
bancs d’huîtres (hammok’s), et généralement dans les mêmes circonstances que le succinea
campestris. C’est seulement dans les terrains bas et marécageux que les polyphèmes atteignent
leur plus grande taille; sur les hauteurs ils sont plus petits. Voici la description de
Mr Say : » Animal allongé et aussi long que le test, granulé ; quatre tentacules, les supérieurs
« oculifères, brusquement fléchis à leur extrémité, au-delà des yeux; les inférieurs beaucoup
« plus courts et fléchis de même à leur extrémité ; les lèvres ou tentacules buccaux allongés,
« palpiformes, presque aussi longs que les tentacules supérieurs, rétractiles, généralement
« plus ou moins recourbés, comprimés, atténués et aigus à leur extrémité, laissant un
« intervalle assez considérable entre leurs bases. Quand l’animal est en mouvement, il se sert
« de ces lèvres, allongées pour tâter sa route. »
On voit, par cette description, que les différences que nous avons observées chez l’algirus
sont bien plus caractérisées chez l’espèce de Mp Say; dans l’aiguillette elles sont tout-à-fait
insensibles, de sorte que l’on peut en conclure que ces modifications de l’organisation commune
à tout le genre Hélice ne sont pas également prononcées chez toutes les espèces de
polyphèmes, ce qui leur enlève la seule importance qui pourroit leur mériter de servir pour
une distinction générique. Si cependant on les reconnoît dans toutes les autres espèces du
groupe auquel elles appartiennent, on devra en faire un genre à part, où l’aiguillette et
quelques unes des espèces analogues, que nous y réunissons, entreront par l’influence des
rapports généraux de leur coquille.
On peut juger, d’après cet exemple, de la réserve qu’on doit apporter dans l’établissement
des genres par les seuls caractères des coquilles. De toutes les espèces que nous réunissons
dans les hélix, aucunes, sans doute, n’offrent des caractères de dissemblance aussi prononcés,-
et l’on voit combien il est difficile d’y trouver matière à établir un genre basé sur des différences
organiques notables chez leurs animaux.