Sowerby, Schweigger, Goldfuss, Pfeiffer, ont paru depuis la publication des ouvrages généraux
de Mrs Cuvier et de Lamarck. Beaucoup de découvertes et d’observations particulières ont été
faites dans ces dernières années, soit par les voyageurs ou par les naturalistes des diverses
contrées de l’Europe et de l’Amérique. Il étoit nécessaire de réunir toutes les lumières qui résultent
de cet état de choses, et de rapprocher des travaux de Mrs Cuvier et de Lamarck, qui
ont posé les bases de la science, les travaux des savants étrangers qui leur ont préparé les
voies, ou ceux des naturalistes qui, en s’écartant plus ou moins de la méthode naturelle, ont
une autorité locale plus ou moins étendue; en un mot, il falloit montrer l’état actuel de la
science, et établir une concordance systématique générale, afin de favoriser les progrès qui
naissent toujours de l’intelligence des divers systèmes.
Il suffit d’examiner les progrès que l ’on a faits, depuis quelques années, dans la connois-
sance des mollusques, et le goût assez généralement répandu aujourd’hui de leur observation,
facilitée par la liberté des relations coloniales, pour être convaincu que nous aurons,
dans peu de temps, des notions plus précises sur une quantité de ces animaux, et que par là
le travail que nous offrons aujourd’hui recevra d’importantes améliorations. Ces améliorations,
les découvertes futures, feront sans doute changer notablement l’ordonnance respective
et le nombre des genres actuels ; mais on est heureusement arrivé au point où les changements
qui pourront avoir lieu se borneront à des rectifications de détails, et qu’on ne verra
plus s’élever, du moins avec succès, de nouveaux systèmes, arbitraires ou fantastiques,
.fondés exclusivement sur les caractères incertains des coquilles. Les principes de la méthode
sont aujourd’hui hors d’atteinte, étant basés .sur les considérations^ organiques,qui dirigent
toutes les méthodes naturelles.
Les travaux de Muller, Poli, Montagu, Leach, Ocken, Cuvier, Lamarck, Sâvigny, de
Blainville, Duméril, Desmarest, Lesueur, ont élevé le système à l’état où nous le présentons.
Les naturalistes doivent aujourd’hui s’attacher, de préférence, à étudier les animaux
encore inconnus, à fixer les caractères génériques, rapprocher les mollusques analogues, éloi-,
gner ceux qui présentent dès différences génériques d’organisation ; ils doivent sur-tout éviter
cette manie, née d’une vanité puérile, de faire des genres sans motifs légitimes, et qui tend
à substituer des distinctions spécifiques aux caractères génériques.
On trouvera, à la fin des Tableaux systématiques, une liste alphabétique et synonymiqué
de toutes les dénominations génériques qui ont été proposées jusqu’à présent, avec renvoi à
nos Tableaux, de manière à faciliter l’intelligence de ces dénominations.
Nous suivons, pour la division générale des animaux mollusques, en les considérant avec
Mr Cuvier comme un grand embranchement du régne animal, les classes établies par cet
illustre savant. Nous avons seulement suivi l’exemple de Mrs de Lamarck et Savigny, en séparant
en classe distincte, sous le nom de T uniciers , que lui a donné le premier de ces savants,
les acéphalés nus de Mr Cuvier, qui lui-même indique cette séparation.
Partageant le grand embranchement des mollusques en deux sections ou coupes générales
, les Céphalés et les A céphalés , nous donnons aux mollusques désignés plus particulièrement
sous le nom d ’AcÉPHALÉS testa c és par Mr Cuvier la dénomination de lamellibranches,
empruntée de Mr de Blainville.
L’embranchement étant une division d’un ordre supérieur aux classes, on peut, à ce qu’il
nous semble, sans déroger aux régies consacrées, le diviser en plusieurs coupes classiques,
dont les différences doivent être, autant que possible, de même'valeur, afin qu’on puisse apprécier
la marche progressive ou rétrograde de la nature.
Comme les naturalistes qui se sont le plus occupés de la philosophie de la science, particulièrement
Mr de Lamarck, ont reconnu que la nature, qui ne se plie pas à la simplicité
de combinaisons convenable à la foiblesse de notre esprit, loin de présenter chez les animaux
cette série unique de modifications graduées que recherchent nos méthodes, montre au contraire
des combinaisons très diversifiées, et plutôt des coupes équivalentes que des coupes
égales, il s’ensuit qu’on trouve plutôt, dansles animaux, une suite d’échelons distincts, composés
chacun de termes progressifs, qu’une ligne continue de rapports arithmétiques. Ainsi
les deux sections de l’embranchement des mollusques paroissent devoir se considérer comme
étant placées latéralement l’une par rapport à l’autre, et non pas comme se succédant dans
un ordre continu. Malgré qu’on puisse concevoir entre elles une certaine liaison au moyen
des brachiopodes, les orbicules et quelques genres voisins offrant certaines analogies avec
les hipponices de Mr Defrancé , il est positif qu’on ne peut trouver entre ces deux sections une
suite continue de rapports analogues.
Les cirrhopodes et les brachiopodes sont évidemment liés par des analogies remarquables,
et doivent précéder les acéphalés, quoiqu’ils forment indubitablement le point de liaison le
plus rapproché avec les annélides, dans l’ordonnance des genres en une série unique.
Quant aux tuniciers, les moins parfaits des mollusques, placés près1 des polypiers parMr de
Lamarck, et divisés, dans la dernière édition des Animaux sans vertèbres, en deux groupes, ceux
qui vivent en Société et ceux qui vivent isolés les uns des autres, nous croyons devoir adopter
entièr ement le beau travail' de Mr Savigny, qui a basé ses divisions sur des observations
anatomiques faites avec un soin extrême. Nous ne pensons pas qu’on puisse les séparer, ainsi
que le fait Mr Lamouroux, qui place le premier de ces groupes parmi les polypiers; car,
malgré l’analogie de leur manière de vivre, ils ne sont, en réalité, que des tuniciers ordinaires,
réunis en groupe comme beaucoup de jeunes mollusques, dans une enveloppe gélatineuse ou
cartilagineuse commune à tout ce groupe. Ce sont, en un mot, des mollusques qui naissent,
se développent et continuent d’exister dans l’espèce de fraie qui énveloppe les oeufs de tant
d’autres animaux du même embranchement, ainsi que plusieurs naturalistes l’ont montré.
Nous croyons donc devoir laisser tous les tuniciers parmi les animaux mollusques, et nous
ne pensons pas qu’ils puissent être rapprochés des polypiers.
Nous allons présenter ici quelques observations sommaires sur les diverses classes des mollusques,
afin de justifier les changements que nous croyons devoir proposer, ou afin d’appeler
l’attention des naturalistes sur les parties les plus négligées.
Dans l’état de nos connoissances sur les Cé pha lopod es , on ne peut les diviser en ordres et
sous-ordres; on ne peut établir, parmi eux, que des familles fondées sur l’analogie des coquilles
connues. Tout est vague et incertain dans nos divisions méthodiques à l’égard de ces
mollusques, et la plupart d’entre eux ne sont connus que par leurs dépouilles fossiles. La
diversité et la disparité de ces dépouilles peuvent même faire soupçonner qu’elles ont appartenu
à des animaux d’ordres très différents. Tout fait présumer que beaucoup d’entre eux,
anéantis pour jamais, ne vivent plus dans nos mers, et qu’ainsi on ne pourra se former, sur
leur organisation, que des idées d’analogie plus ou moins incertaines. La généralité des nautiles
de Linné, qui ont échappé aux vicissitudes du globe, sont des espèces microscopiques
dont on n’a pu encore observer les animaux. Il résulte de cet état de choses qu’on est obligé
d’employer, pour les classer, des caractères dont on ne connoît pas la valeur, et que, pour
les petites espèces, on peut commettre beaucoup d’erreurs par suite des illusions d’optique.
Si l’on avoit seulement quelques jalons pour se diriger dans leur classification; si l’on
pouvoit présumer que les animaux des nautiles, des orthocères, des camérines et des mi-
lioles, dont les tests offrent des différences si marquées, eussent tous une organisation analogue
à celle de l’animal de la spirule, seul observé jusqu’ici, on pourroit, sans doute, ranger
tous ces nautiles de Linné, sous le nom de Décapodes, avec les calmars et les seiches;
mais il est difficile de penser que tous ces animaux soient assujettis à un plan unique d’organisation.
Il se pourroit même que, réunis par la considération du nombre -des bras ou tenta