1 0 TABLEAU SYSTÉMATIQUE
prolonge en un tube plus ou moins long, droit ou courbé, dans lequel vient aboutir ou se
placer le syphon pour la respiration et souvent l’anus. C’est alors une modification organique
notable, et dont on conçoit la nécessité pour des animaux operculés qui doivent pouvoir
jouir de toutes leurs facultés, dans l’état même d’entière contraction dans leur coquille:
mais dans les limaçons cette troncature apparente est simplement un effet de la construction
de la volute. Le bord intérieur du cône spiral incomplet s’élevant rapidement par suite de
la divergence prononcée dans le côté intérieur et de l’influence de l’impulsion directe dans
la formation de la volute, constitue lui-même une columelle ou axe solide un peu spiral et
aplati (puisque cet axe n’est que le bord même du cône spiral, d’où l’on suppose une portion
triangulaire enlevée du sommet à la base), en sorte que cette espèce de troncature n’est
véritablement que l’angle d’intersection de la base échancrée dudit cône au côté intérieur,
avec ce même côté intérieur. Ce n’est, en un mot, que le résultat d’une des nombreuses modifications
que la volute peut éprouver dans sa formation, chez les mollusques dont la coquille
offre un cône spiral incomplet. Chez d’autres cochloïdes, le bord intérieur se replie
en dehors et forme une coquille ombiliquée, à columelle longue, droite, et tronquée au-
dehors au lieu de l’être au-dedans. Tels sont les bulimus strigatus, kambeul, etc. D’ailleurs
le passage des coquilles où l’on observe cette troncature, à celles où l’angle d’intersection est
nul, c’est-à-dire où le bord intérieur du cône spiral s’unit et se confond avec sa base, de
manière que le tour de l’ouverture semble être une continuation de la columelle, est si gradué
et si insensible, qu’il est difficile d’assigner le point de démarcation entre les unes et
les autres, et il seroit par conséquent peu rationel d’éloigner, pour ce seul fait, des espèces
aussi rapprochées, en les plaçant dans des genres différents. liest cependant certain que cette
circonstance do troncature est très spécieuse, lorsqu’on la considère chez les espèces où elle
est très prononcée, et qu’on la compare à celles dont la columelle est entière : on a pu former
à ce sujet des conjectures que l’observation seule des animaux pouvoit détruire.
Notre travail est le premier qui ait été entrepris pour classer, d’après leurs caractères organiques,
la totalité des espèces terrestres, et fluviatiles du grand genre Hélice de Linné, et
celles comprises par cet illustre naturaliste, dans les genres Turbo, Bulla et Foluta. Les 2?m-
leitungen de Schröter, l’ouvrage de Schreiber (i) , ainsi que le Species Conchyliorum publié
à Londres en 1817 par Dillwyn, n’offrent, comme Gmelin, que des éditions diverses du
Systema naturoe, pour la partie des vermes testacea.
Ces ouvrages, les seuls où l’universalité des espèces soit plus ou moins complètement classée
, offrent le même mélange de mollusques hétérogènes que la douzième édition du Systema
naturoe. Muller, le premier, chercha à ramener tous les mollusques terrestres et fluviatiles
à des genres distingués entre eux par des caractères organiques ; mais son travail, première
ébauche de la science, est aujourd’hui bien incomplet et bien fautif. Après ces auteurs,
qui ont embrassé les espèces dans leur ensemble, et qui sont censés, en les présentant dans
un ordre systématique, les avoir étudiées et observées, viennent se placer les écrivains qui,
comme Bruguière, en ont examiné une partie. C’est à lui que nous devons le genre Bulimë,
qu’il a traité dans sa généralité, et qui, portant sur un assez léger caractère de la forme de
la bouche des coquilles, comprend des mollusques marins, fluviatiles et terrestres, opercu-
(1) Versuch einer vollständigen Conchylien kenntniss nach Zinnes System. Vienne, 2 vol. in-8°.
DE LA FAMILLE DES LIMAÇONS. xi
lés'ou sans opercule, et par conséquent fort dissemblables. Ainsi ce genre ne pouvoit être
d’aucune autorité dans notre travail. Enfin, si l’on considère les auteurs qui, sur des caractères
plus ou moins importants dans la coquille, ont établi des genres pour quelques espèces
auxquelles ils les ont reconnus, bn trouvera une multitude.de genres (i) créés par
eux, et qui montrent dans leur établissement qu’ils ne sont nullement le résultat d’une
comparaison réfléchie et raisonnée de toutes les espèces terrestres et fluviatiles, mais bien
le produit d’une précipitation ambitieuse chez quelques uns, ou de l’insuffisance des collections
des autres. Aussi lorsque nous’ avons voulu classer toutes ces espèces et déterminer
celles qui partissent se rapporter à notre genre Hélice, tel que nous l’avons circonscrit, nous
n avons pu non seulement conserver la plupart de ces genres, mais même nous n’avons pu
les introduire, dans celui de l’hélice, comme coupes secondaires, parcequ’ayant été limités par
des caractères précis qui se rapportoient rigoureusement à un petit.nombre de coquilles, ils
ne sont devenus, dans l’examen de l’ensemble de toutes les espèces,qui nous sont connues,
que des coupes de troisième ordre que nous avons nommés groupes, et qui sont, pour nous,
des divisions des sous-genres, ou bien ces genres se sont fondus dans plusieurs de nos sous-
genres par suite de l’influence d’un travail général. Si nous eussions appliqué les dénominations
reçues à nos sous-genres, ceux-ci n’auroient souvent eu presque aucun rapport avec les
genres établis sous ces mêmes dénominations. Le genre Bulime de Bruguière, par exemple,
est dans ce cas; et si on le considère tel que l’ont limité M" de.Lamarck et Cuvier, il ne
devient plus qu’un groupe du sous-genre que nous appelons Gochlogène. Le genre Clausilie de
Draparnaud est aussi dans le même cas, comme on peut s’en convaincre en examinant le
sous-genre qui contient les espèces que cet auteur y renfermoit ; mais pour ne point changer
les habitudes reçues, nous avons eu une attention scrupuleuse à conserver aux divers groupes
les noms qui leur furent donnés, comme genre, par les divers auteurs, lorsque du moins
ils conservoient une notable quantité des espèces que ces auteurs y rapportoient. Croyant
utile de subordonner les dénominations de nos sous-genres à une même combinaison de
mots, par suite d’une idée première qui doit faciliter la reconnoissance des espèces', nous
avons été heureux que notre but ne se trouvât point en opposition avec notre principe, de ne
pas changer les dénominations reçues, quoique d’ailleurs notre travail étant absolument
neuf, et le genre Hélice, tel que nous le considérons, n’étant celui d’aucun autre auteur,
nous eussions pu, pour les coupes qu’il nous a semblé nécessaire d’établir, donner, sans choquer
aucune règle, les dénominations qui nous eussent paru les meilleures. Cette innovation
auroitpu se faire avec d’autant plus de droit que la plupart des dénominations usitées 1
(1) Tels sont, seulement pour les vraies hélices, les genres Sylvicola, Helix, Cochlea, Lucerna, Lituus,
Cistula, Bombyx, Otis, Chersina, Lendix, Pupa, établis par Humphrey en 1797.
Bulime, Maillot, Hélicelle, Âmphibulime, Caracole, Agathine, de Mr de Lamarck.
Caracole, Capraire, Ibère, Cppole, Polydonte, Hélice, Acave, Bulime, Zonite, Maillot, Gibbe, To-
magère, Polyphème, Agathine, Ruban, de Mr Denys de Montfort.
Ambrette, Clausilie, de Draparnaud.
Odostomiü, Planorbis, de Flemüiifig.
Lucena, Volvulus, Vortex, d’Ocken. ‘
Bulimulus, Carychium, de Leach.
Polygyrà, de Say.
Melania, Columna, Planorbis, Bulimus, de Perry, etc. etc. etc.