
 
		génériques  étant une  condition première à remplir, si  l’on veut procéder d’une manière philosophique  
 dans  le classement des êtres,  c’est-à-dire adopter une méthode qui  puisse donner  
 une  juste  idée  de  la marche  progressive  ou  rétrograde  de  la  nature  et  des  combinaisons  
 qu’elle admet dans les organes  des diverses classes  d’animaux. 
 Tout ce qu’il étoit donc possible de  faire, c’étoit de  rapprocher dans dès groupes séparés,  
 les  coquilles analogues, et de  les établir entre elles dans  la série  la plus naturelle, en  s’attachant  
 soigneusèment  à  l’analogie  de construction  et  de  forme  dans  la  volute,  ainsi  qu’aux  
 caractères que présentent leur columelle  et leur ouverture,  de manière  à former des coupes  
 tranchées  qui permissent d’arriver sûrement à la  reconnoissance  des  espèces. 
 Cette  tâche  étoit  des plus  difficiles  à remplir;  après des  tâtonnements  sans nombre,  des  
 combinaisons de  toutes les sortes, un examen approfondi de toutes les tentatives faites, nous  
 avons, quant à présent, adopté pour ce grand genre, les subdivisions dont nous allons donner  
 l’ensemble. Possédant  dans notre  collection  près  de  cinq cents-espèces d’hélices,  nous avons  
 été,  plus  que  personne  encore,  en  état' de  comparer  les  coquilles  de  ce  genre. Malgré  ces  
 moyens,  les secours nombreux que nous avons reçus,  et les communications multipliées qui  
 nous  ont été  faites,  nous sommes  loin,  sans  doute,  d’avoir  complètement  réussi.  Il  falloit  
 non,  seulement  grouper  convenablement  les  espèces  de  toutes les  parties  du monde,  mais  
 encore caractériser chaque subdivision par des distinctions assez saillantes et assez exclusives,  
 pour qu’on put arriver à reconnoître  chaque  espèce  d’une manière facile et certaine,  et  cela  
 en  s’efforçant de  conserver  les  rapports d’habitudes  et  de manière  de vivre qui  le  plus souvent  
 sont en harmonie  avec les modifications  dans  l’orgànisàtion  commune;  tâche  d’autant  
 plus  difficile  qu’on  est encore dans une complète  ignorance  sur les animaux d’une  foule  de  
 coquilles  exotiques,  qui,  par des caractères remarquables, peuvent faire présumer quelques  
 particularités chez leurs habitants,  ou qui, par leur  taille,  peuvent offrir la  possibilité d’apprécier, 
  à  leur  juste  valeur,  et  d’une  manière  positive,  celles  qu’on  remarque  chez  nos  
 petites  espèces  d’Europe. 
 Nous pouvons  du  reste  observer  que nous  avons  soigneusement recueilli  tous les renseignements  
 qui  pouvoient nous  éclairer,  et que nous  avons  eu la plus  scrupuleuse attention,  
 dans l’établissement de nos subdivisions, aux circonstances connues d’organisation ou d’habitudes  
 semblables chez les animaux; mais rien ne sauroit suppléer, dans une foule de cas, l’observation  
 attentive  de  ceux  qui  sont inconnus;  car  on  ne peut,  en  général,  conclure  dé  la  
 ressemblance ou  de la différence des tests,  celles  des  animaux,  et  tous  les  classements  qui  
 ont  été  faits  jusqu’à  présent  prouvent,  par le mélange  de  mollusques  très différents, qu’il  
 ne  faut pas compter d’une manière absolue sur l’enveloppe  pour juger l’habitant. 
 Des  coquilles  très  analogues  peuvent  appartenir à des  animaux de  genres  très distincts,  
 comme  aussi  des  coquilles  fort  dissemblables  peuvent. contenir  des  mollusques  de  même  
 genre. Nous en avons cité nombre d’exemples,  qu’il  est inutile de  rappeler,  étant  familiers  
 à  tous les naturalistes  qui  s’occupent  de  cette  classe  d’animaux. Nous  ne prétendons cependant  
 point  nier  qu’avec  l’habitude  de les  observer,  de  grands  moyens  de  comparaison  et  
 une  juste  idée  des  divers modes  d’organisation  des  coquilles  et  de  leurs  habitants,  on  ne  
 puisse communément, en  se tenant  en garde contré  les anomalies, juger sainement les genres  
 auxquels ces coquilles appartiennent; mais nous croyons que,  dans une foule de  cas,  la  
 connoissance du test ne peut suffire) et c’est .cette  considération qui  nous donne encore quelques  
 doutes  sur plusieurs  espèces. 
 Tous  les géophiles'qué  nous comprenons dans le  genre Hélice paroissènt  posséder  les  caractères  
 communs que nous assignons à ce genre. On peut même présumer, avec beaucoup  de  
 vraisemblance, qu’en général, parmi les espèces dont les animaux  sont encore inconnus, peu  
 d’entre  elles  offriront d’autres  caractères  d’une  égale  importance,  ou  une combinaison  très  
 différente des  organes principaux,  ce  qui pourroit seul  permettre d’en  faire  des genres  distincts; 
   quelques espèces cependant  pourront  être dans  ce  cas; mais comme  rien  d’assez particulier, 
   d’assez caractérisque  ne  nous  le  fait connoître  dans  leur  coquille,  ou que  les différences  
 observées chez  quelques animaux n’ont point été assez précisées et que l’on peut mettre  
 en  doute  si  elles sont  purement spécifiques',  ou  si  elles  appartiennent  à  tout  le  groupe  de  
 coquilles analogues,  nous  sommes  obligés  de laisser au temps  le  soin  de  rectifier  nos  présomptions  
 à ce sujet,  et d’attendre  de  lui  les  améliorations  que  l’observation  plus  générale  
 des mollusques pourra  produire.  Nous présumons  qu’entraînés  par la manie  de donner des  
 noms nouveaux,  les  faiseurs  de genres, qui ont si fort embrouillé la nomenclature et hérissé  
 la  science  de  difficultés,'trouveront notre marche bien  peu  raisonnable :  rien  n’est  cependant  
 si facile que de faire  un  genre à la manière des naturalistes dont ils ’agit, laquelle doit  
 avoir  pour résultat  infaillible de substituer le mot genre  au mot espèce. 
 En comparant cependant notre classification avec tout ce qui existe sur cette matière, nous  
 concevons  l’espérance, malgré ses défauts,  qu’on y reconnoîtra  un pas  immense vers le perfectionnement  
 de la méthode naturelle,  résultat  qüe  nous  sommes  loin  de  nous  attribuer  
 exclusivement,  et  qui  est bien  plutôt  dû  à  ce  concours  extraordinaire  de  communications  
 qui  nous ont été faites de toutes parts, et surtout aux travaux particuliers qui, depuis quelques  
 années, ont si fort augmenté la masse  de nos connoissances dans la physiologie et-l’a-  
 natomie comparées des animaux sans vertèbres. 
 Les différences que nous avons reconnues chez les animaux des hélices, portent principalement  
 sur  remplacement de  l’orifice  des organes  de la  génération,  qui, toujours  situé  sur  
 le côté droit  du  col,  est  plus  ou moins  éloigné  de  la  tête;  dans la  forme  et la  position  des  
 lèvres  ou  tentacules buccaux, qui  couvrent ou  qui  accompagnent  latéralement, ou  en-dessous, 
  la bouche de tous les limaçons; enfin dans la forme des tentacules et dans celle du pied,  
 ainsi  que dans la position des yeux. 
 Par  exemple,  les ambrettes  (succineoe) de Draparnaud présentent dans la forme  des  tentacules  
 supérieurs  (Voyez  pl. II,  fig.  5)  des caractères  particuliers, mais  qui  ne  paroissènt  
 pas  constants  dans  toutes  les espèces.  La forme de leur  coquille,  si remarquable  dans  les  
 espèces d’Europe, se  dénature  et  se rapproche de  celle  des hélices ordinaires, dans quelques  
 espèces  exotiques. 
 U1 hélix contundata,  que  nous  avons  figuré  pl.  XXXI,  fig.  i ,  jolie  espèce  du  Brésil,  que  
 nous  devons  à Mr Taunay  fils,  paroît,  d’après  l’observation  et  le  dessin  de  ce  naturaliste,  
 avoir  un  mollusque  dont  les  deux  petits  tentacules  sont  comme  palmés  à  leur  extrémité, 
   conformation  qui  se trouve aussi chez le bulimus auris Leporis  de Bruguière,  et qui  a  
 cela  de  remarquable  qu’elle  est  analogue  à  ce  qu’on  observe  dans  le  genre  Vaginule,  
 de la famille  des limaces,  dont  les  tentacules  sont, à  la vérité; simplement contractiles  (i).  
 Cette  particularité,  si  elle  n’est point,  comme  on  peut le présumer,  purement  spécifique, 
 («)  Voyez notre Description du genre Vaginule■; dans le Supplément provisoire à la famille des limaces.