CARACTÈRES. (Ils doivent être rétablis ainsi qu’il suit: )
Forme généralej corps allongé, cylindriforme ou ovale, convexe en dessus, plat en dessous
, conjoint avec le plan locomoteur et faisant un tout avec lu i, n’étant point renfermé
dans une coquille et ne formant que très rarement un tortillon fort court. Couverture : variable
; les principaux organes sont garantis par une cuirasse cbarnue, partielle ou générale,
contenant quelquefois un rudiment testacé interne, ou une coquille aplatie fort mince
et spirale; rarement un petit test extérieur. Plan locomoteur attaché en dessous tout le long
du ventre, quelquefois débordé par la cuirasse. Tentacules, rarement deux, généralement
quatre ; contractiles ou rétractiles* conico-cylindriques, communément terminés en bouton,
les deux grands oculifères et supérieurs; les deux petits inférieurs, sur le devant de la
tête ou entre les grands, quelquefois comme digités à leur sommet.
Cavité pulmonaire et principaux organes situés à la partie antérieure, moyenne ou postérieure
du corps, selon les genres, mais toujours placés sous le corps protecteur. Orifice respiratoire
intermittent et variable dans sa position ainsi que celui du rectum.
Organes de la génération. Sexes réunis dans une même cavité ayant son ouverture derrière
le tentacule droit ou soüs l’orifice pulmonaire; quelquefois séparés et alors distants.
Herbivores, frugivores et carnassiers.
Presque tous terrestres, rarement marins.
H istoir e (nobis, page 22). Depuis la publication de notre histoire naturelle des.limaces,,
Mr Rafinesque, professeur à l’université de Lexington dans le Kentucky, Amérique septentrionale,
a publié (1) une courte description de deux genres nouveaux qu’il nomme Phi-
lomycus et Eumelus, le premier contenant quatre espèces, le second deux seulement : il a
fait connoître aussi une espèce nouvelle de limace, dont il propose de faire un sous-genre
des vraies limaces, sous le nom de Deroceras..
Placé dans une position qui permet à Mj Rafinesque de découvrir un si grand nombre
d’objets nouveaux et curieux, .on doit vivement désirer que cet infatigable et heureux observateur
fasse connoître avec plus de détails ses intéressantes découvertes, dont il na donné,
en général, que l’annonce. Nous attendons de son obligeance des renseignements ultérieurs
sur les mollusques terrestres et fluviatiles, et particulièrement sur les limaces d~ la
contrée qu’il habite. Les coquilles qu’il a bien voulu nous adresser et pour lesquelles il a
prévenu nos désirs, de même que celles dont il a publié l’annonce et que nous ne cônnois-
sons pas, doivent exciter, à un haut degré, l’intérêt des amateurs, et nous saisissons cette
occasion d’acquitter publiquement la dette de notre reconnoissance, pour ce que nous devons
à l’obligeance de ce savant naturaliste.
Mr J. C. Leuchs, de la société d’agriculture de Clagenfurt, en Carinthie, vient de faire pa-
roître un Traité complet sur le Limax agrestis, dont la prodigieuse multiplication cause tant
de dégâts à la culture. On sait que Sekirach s’en étoit aussi occupé d’une manière spéciale;
Mr Leuchs reprend ce sujet, et son ouvrage, à quelques petites lacunes près, telles que la description
anatomique et l’accouplement, où il donne peu de détails, et où les faits qu il rapporte
nous paroissent en partie inexacts, peut être considéré comme une histoire naturelle de cette
limace. Mr Leuchs donne des observations fort curieuses sur ses moeurs et ses habitudes,
(1)' Annals o f Nature, or animal synopsis o f new genera and species o f Animal, Plants, etc., discovered in
N-irlk America, b y C. S. Rafinesque. First Annual number, for 1820, pag. 10.
sur-tout sûr sir ponte, l’état des oeufs, etc. Deux individus de cette limace qu’il observa avec
soin, pondirent à eux deux sept cent soixante et seize oeufs. Mais un fait fort singulier que
nous fait connoître Mr Leuchs, c’est qu’ayant fait dessécher sur un fourneau plusieurs de
ces oeufs, ils reprirent jusqu’à huit fois de suite, non seulement leur forme en les humectant,
mais encore ils conservèrent la faculté d’éclore.
L’ouvrage de Mr Leuchs, couronné par l’académie de Gottingue, est spécialement destiné
à faire connoître les moyens de prévenir les dégâts qu’occasione le Limax agrestis; sous
ce point de vue il intéresse infiniment l’agriculture.
Nous avons également reçu depuis la même époque, plusieurs limaces nouvelles et des
communications qui nous mettent à même de faire d’importantes améliorations à 1 histoire
de cette famille. Nous devons particulièrement à Mr Taunay fils la connoissance du gen re
Vaginule et une curieuse espèce de Parmacelle. Enfin notre travail a répandu le goût de
l’observation de ces mollusques, et nous avons tout lieu de croire que d’ici à quelques années
on sera étonné de l’augmentation des genres et des espèces connues. Plusieurs naturalistes,
parmi lesquels nous citerons MMrs Rafinesque et Taunay, dans les Amériques, et
Mr Schloepfer de Trogen, dans lé canton d’Appenzel en Suisse, s’occupent d’une manière
particulière de l’étude de ces animaux, si long-temps négligés.
Observations. Par suite des faits nouveaux que nous avons recueillis et des renseignements
qui nous ont été communiqués depuis la publication de notre histoire naturelle des
limaces, nous avons cru devoir adopter quelques modifications dans l’ordonnance des genres
qui composent leur famille. Cette famille doit évidemment commencer l’ordre des Pul-
monés et suivre les gastéropodes qui, dans un classement basé sur les rapports d’organisation,
doivent se placer avant elle. Les tectibranches occupent cette place dans la méthode
de Mr Cuvier. Dans l'arrangement de Mr de Blainville, on arrive aux adélobranches (les
pulmonés de Mr Cuvier), par les chismobranches et par toute la série des pectinibranches de
ce dernier auteur. De cette manière les limaces se trouvent fort éloignées de tous les gastéropodes
nus avec lesquels elles ont les plus grands rapports. Nous verrons tout-à-l’heure
combien il est difficile, en admettant l’ordre des cyclobranches de Mr de Blainyille, de l’éloigner
des limaçes. On ne peut, d’un autre côté, se refuser à.'les rapprocher des tectibranches
, et c’est la marche que nous' ad optons avec M* Cuvier : la série des genres, dans cet
ordre, est terminée par le groupe des*acérés, parmi lesquelles le Sormet d’Adanson doit, selon
toutes les apparences, former un genre distinct. Ce genre auroit cependant besoin d’être
mieux observé pour qu’on puisse assigner, avec certitude, sa place dans l’un ou l’autre des
ordres qui. nous occupent; car, si la description d’Adanson montre qu’il est pourvu d’une
.cavité respiratoire communiquant avec l’air extérieur par un orifice analogue à celui des limaces,
la forme générale de ce mollusque et les circonstances de son habitation dans le
sable sous les eaux marines, peuvent faire présumer que cette cavité est plutôt garnie de
branchies propres à.séparer l’air de l’eau, que d’un tissu vasculaire propre à respirer l’air en
nature. Cependant l’exemple de Yonchidium peronii de Mr Cuvier, peut inviter au doute.
Dans l’incertitude où nous sommes, nous n’introduisons point ce genre dans la famille des
limaçes où il formeroit une coupe d'acérés, mais nous le considérerons, jusqu’à nouvel
ordre, comme devant terminer la famille des acérés dans les tectibranches. .
Les limaces entièrement cuirassées nous ont paru devoir se placer avant celles dont la cuirasse
partielle ne couvre que la partie antérieure de leur corps; celles-ci sont évidemment