L’impulsion que reçoit aujourd’hui l’étude des mollusques terrestres et fluviatiles,.par
suite des progrès de la géologie, le zélé avec lequel des naturalistes distingués s’occupent
dans les deux mondes de l’observation de leurs animaux (tels que Mrs Sav, Lesueur etRafi-
nesque, aux États-Unis, Krauss, à la Guadeloupe, et Leschenault, dans.l’Inde), les communications
multipliées qui nous ont été faites de toutes les parties du globe, depuis le
commencement de la publication de notre ouvrage, peuvent nous faire espérer que nous
serons dans peu en état d’asseoir, avec plus de certitude encore, les subdivisions du genre vraiment
colossal qui nous occupe, et peut-être même d’en séparer quelques espèces pour en
faire des genres distincts; mais nous croyons qu’il est prudent et convenable de ne rien précipiter
à sujet. Nos réflexions et notre travail, en appelant l’attention des observateurs sur
les groupes qu’il importe particulièrement d’étudier pour fixer les incertitudes , serviront
sans doute, utilement à nous faire obtenir ce résultat,, et comme, dans tous les cas,
nous nous sommes efforcés de réunir les espèces ;les plus analogues, il sera libre aux amateurs
impatients, de considérer comme genre les uns ou les autres de nos sous-genres. L’essentiel
est que les coupes propqsées soient naturelles et bien circonscrites, et qu’on puisse
nettement les distinguer entre elles: nous avons fait à ce sujet tous nos efforts. Nous ne
sommes cependant point entièrement satisfaits du résultat, mais nous avons éprouvé, par
maints essais, qu’il étoit difficile de sortir autrement de l’embarras qu’offrent les hélices à
les classer nettement.
L’examen géométrique des divers modes de volute n’a point encore été fait; les premières
idées analytiques en ce genre ont été données dans notre Essai d’une Méthode conçhyliolo-
gique, pag. 16 et suivantes. Schrôter, qui a publié un ouvrage spécial (i) sur cette matière,,
en a bien senti l’intérêt et l’importance, mais il ne possédoit pas les éléments nécessaires à
cet examen. On trouvera dans l’Introduction à notre Histoire générale un travail.complet
sur cette partie. Nous ferons seulement ici une remarque nécessaire à l’intelligence des caractères
que nous employons. Dans l’enroulement de la volute le bord intérieur du cône
spiral (incomplet chez les limaçons (2)) peut porter plus ou moins, ou ne pas porter du,
tout sur la convexité des tours précédents, selon la supériorité de l’impulsion divergente à
l’intérieur ou à l’extérieur, par rapport à Taxe de la volute. Si la divergence du côté intérieur
est très rapide, ce qu’on appelle vide columellaire, ombilic, serai nul; le bord intérieur
du cône incomplet formera une sorte de colonne linéaire ou en filet, solide, et plus ou moins
spirale: c’est ce que l’on a appelé columelle. Quand, au contraire, ce côté intérieur, par
suite de la divergence extérieure imprimée à tout le cône, porte un peu ou beaucoup sur la
convexité du tour précédent, la coquille n’offre plus, rigoureusement parlant, le même,
genre de construction ; au lieu de cette columelle solide, elle offre un vide ombilical plus ou
(1) Uber deninnem bauder Conchylien, etc., c’est-à-dire Essai sur la construction intérieure des coquilles,
etc. -
(à) Nous avons expliqué dans notre Essai ce qu’on doit entendre par cône spiral complet ou incomplet:
si l’on enlève à un cône droit, formé avec une substance molle comme de la cire, un segment triangulaire,
à partir du sommet jusqu’à la base, et que l’on fasse exécuter à ce cône un mouvement volutatoire en
prenant pour côté intérieur la partie dont on a ôté un segment, les deux bords de cette partie s’appuyant
sur les tours précédents, l’on aura un cône spiral incomplet: il est ainsi constitué chezJes limaçons. Si au
contraire on suppose le cône entier en révolution spirale, on aura un cône spiral complet, tel qu’il existe
dans beaucoup d’operculés.
moins-large et profond, selon que le bord intérieur porte plus oü moins sur la convexité de
l’avant-dernier, tour. Ce vide ombilical varie de forme selon l’élévation de la spire et l’espèce
d’impulsion que reçoit la volute; la variation qui en résulte peut être comprise entre les
deux limites extrêmes suivantes, savoir :.la spire développée sur un même plan horizontal,
comme dans les Planorbes, et celle où le bord intérieur ne portant point sur lé tour précédent,
forme une columellesolide. Toutes les coquilles comprises entre ces deux limites ont
une sorte de colonne creuse, cylindrique, plus ou moins large, et qui devient de plus en
plus étroite et torse, à mesure que ces coquilles se rapprochent de celles qui ont une columelle
solide. ^
Nous appelons toutes les coquilles comprises entre ces deux limites, ombiliquées ou perforées,
selon qu’elles,se rapprochent.ou s’éloignent de ces deux termes extrêmes, et nous disons
alors que la columelle est creuse. Nous dirons que la coquille estperforée si le vide columellaire
est peu profond, c’est-à-dire si la torsion de l’axe creux, qui résulte de l’appui du
bord interne du cône sur lu convexité du tour précédent, empêche devoir jusqu’au sommet
de la volute, et nous dirons qu’elle est ombiliquée si cet axe creux laisse apercevoir plus ou
moins distinctement, jusqu’au sommet interne de la spire. L’ombilic peut être visible> masqué
ou couvert, selon que le bord postérieur du côté intérnevde la bouche, qui s’appuie sur
le tour précédent, couvre entièrement, masque simplement, ou laisse tout-à-fait visible'
l’ombilic.
Toutes les coquilles comprises dans nos Cocliloïdes, par la manière remarquable dont la
volute est allongée, ont offert, dès l’abord, aux premiers classificateurs- des différences génériques
,. mais nous nous sommes bientôt aperçu que cet allongement, qui tient uniquement-
à la supériorité directe ou divergente dans l’impulsion volutatoire, offroit des passages intermédiaires
tels, qu’il est impossible de tracer nettement le point de séparation avec les
hélicoides. Nous croyons même que c’est, en général, un des indices de différence organique
le moins marquant de tous; notre sous-genre cochlostyle montre des coquilles qu’on seroit
embarrassé de rapporter plutôt aüx bulimes qu’aux hélices de Bruguière. La forme de la
bouché, qu’on a employée jusqu’ici d’après cet auteur, pour séparer ces deux genres, n’est
rien moins que suffisante. Comme elle dépend de la nature de la courbe qui engendre le
cône.spiral, èt de la supériorité d’impulsion de l’une des directions élémentaires de la volute,
il s’ensuit que la longueur ou là largeur de la base du cône varient dans leurs dimensions
relatives, dans tous les genres de figures que la volute peut prendre; et en effet, des
hélices proprement dites ont quelquefois une bouché plus haute que large (Voyez entre
autres notre hélix magnificà, pl. X, fîg. 4 à 6,'et notre hélix mirabilis, pl.XXXl, fig„ 4 , 5 ,
6) tandis que quelques bulimes et des maillots ont une bouche presque aussi large'que
haute.
La troncature de la columelle, chez les limaçons, est tout aussi peu importante, comme
indice de différence organique notable : extérieurement, l’animal dés espèces tronquées ne
montre aucune distinction appréciable; quant à l’intérieur, il n’offre qu’une disposition1
particulière du muscle d’attache, et les modifications générales de forme dont-la coquille
peut donner l’idée; mais les organes sont les mêmes, et disposés comme chez tous les limaçons.
D’ailleurs, il ne faut point assimiler la troncature de la columelle dans les coquilles
terrestres à ce qu’on observe chez les coquilles marines, surtout chez les operculées ; ici c’est
la coquille elle-même qui offre une véritable section ^une troncature oblique , ou bien qui se
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