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AVANT-PROPOS
Si l’on jette les yeux sur une carte de l’Europe et si, par la pensée, on divise le continent en trois zones,
l’une comprenant la région septentrionale, une autre la région méridionale, entre les deux une région centrale qui
représenterait comme la zone tempérée relativement aux deux autresiigfh- on constate aussitôt que la France,
située entre les 4$° et 51° degrés de latitude boréale, appartient pour deux tiers à la région du milieu, à la zone
centrale, les seuls départements du Midi, situés au sud du 45? parallèle qui passe par Bordeaux et Valence,
appartenant à la zone méridionale.
Cette dernière ligne de démarcation, au point de vue de la végétation et surtout de la végétation ligneuse,
n’est pas sans une grande importance. Au-dessous d’elle, en France comme en Italie, en Autriche ou ;en Espagne*
on reconnaît la végétation méditerranéenne avec l’olivier, l’arbousier, le myrte, les pistachiers, l’orangèr, le citronnier
et jusqu’au palmier nain, enfant perdu, dans nos climats, des régions juxtatropicales. Au-dessus, — d’Angoulême
ou du Havre au littoral de la Baltique ou de la Caspienne, — la flore ligneuse, moins riche et plus sévère, se
restreint à des plantes plus connues, arbres, arbrisseaux ou arbustes, faites pour braver les intempéries et le froid.
Communs ou répandus plus ou moins dans toute la zone moyenne de l’Europe, ces végétaux s’avancent souvent bien
au loin vers le nord : le bouleau, le hêtre, le sapin, comme le genévrier, le tiUeul et les saules, sont les hôtes des
climats rigoureux aussi bien que des latitudes tempérées.
Faire une flore forestière du centre de l’Europe, c’est donc en réalité faire une flore jigneuse de tout le
continent, les contrées méridionales exceptées. C’est aussi, par conséquent, faire celle des deux tiers de la
France, en mettant à part cependant quelques végétaux-qui, sous l’influence du Gulf-Stream, remontent du sud
vers le nord en longeaut le littoral du golfe de Gascogne.
On ne sera donc pas sui’pris que l’auteur se soit placé exclusivement au point de vue français pour écrire
celte flore des principales plantes forestières de l’Europe centrale.
Représenter aux yeux comme à l’esprit par la gravure et la véracité des couleurs, s’il est permis de s’exprimer
de la sorte, la forme et l’aspect de tous les organes essentiels des arbres, arbrisseaux et arbustes des forêts de
nos climats tempérés ou froids; allier, autant que possible, à l’exactitude et à la précision des détails techniques,
alin d’en atténuer l'aridité, une forme littéraire, et laisser entrevoir parfois, dans la description d’ensemble d'un
bel arbre ou d’un arbuste en fleurs, le côté esthétique par lequel il n’est point interdit non plus de les envisager;
enfin, contribuer.à répandre le goût des études forestières, si attrayantes.pour qui s’y est une fois initié, si profitables
aux intérêts de quiconque sait en tirer des conclusions pratiques; — voilà ce qu’a voulu, voilà ce qü’a cherché à
faire l’auteur de cet ouvrage. Au public de décider si le but poursuivi a été atteint.
On ne doit pas s’attendre à trouver dans ce volume toutes les plantes ligneuses qui se peuvent rencontrer