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FLORE FORESTIÈRE ILLUSTRÉE DU CENTRE DE L’EUROPE.
LE FRÊNE. [Monopîtaies nrpoGYNBS; famille des Olîacîbs.] (Pl. VI.
Fig. d S 6.) — Les Pins embellissent les jardins, dit Virgile, le Peuplier le
rivage des eaux, le Sapin les montagnes, mais le Frêne est le plus bel ornement
des forêts.
C'est qu’en effet rien n'est beau comme un Grand-Frêne (Fraxinus excelsior)
qui domine de sa svelte stature les bêtes divers de la forêt. Sa tige est droite,
ses branches rares et redressées. Son écorce imite, h portée di
igard, celle du
Chêne, mais d'un chêne qu’auraient doré, avant de disparaître
i couchant, les
derniers rayons du soleil. Plus haut elle devient verdâtre et, sur les rameaux,
brune et lisse (VI, il, 2 et 3) . Le feuillage se compose de folioles opposées deux
h deux le long do communs pétioles que terminent une foliole impaire (VI, 1).
Sons cette verdure légère croissent librement des arbres plus jeunes ou plus
modestes d’allures.
A l’état isolé, le Frêne s'élève moins, nrcst pas aussi droit, se ramifie
davantage et donne un ombrage un peu plus épais.
Tout monopétale qu’est le Frêne, ses fleurs n’ont pas de corolle; elles se
composent exclusivement de pistils & la teinte herbacée et d'étamines brunes ou
rouge sombre, soit réunis sur la même fleur (VI, h), soit les pistils seuls (VI, 2)',
soit les étamines portées deux h deux sur de longs pédoncules (VI, 3). Poiu& '
tout dire en moins de mots, les fleurs du Frêne sont nues et polygames. Les
anthères ont la forme de petites capsules pointues et sont attachées par des
pédicel'es au pédoncule ou filet principal (VI, 5). C’est en avril ou en mai que
l’arbre se couvre de sa floraison modeste. Suivent en septembre les fruits
samares foliacées de forme ovale et allongée, contenant une seule graine, et réunies,
par l’intermédiaire de grêles peditelles, sur un long pédoncule commun
(VI, 1); elles contiennent une graine aplatie qui reproduit en petit la forme de
l'ensemble du fruit (VI, 6).
Les plaines d’alluvion, les vallées fraîches, les terres qu'humecte une eau
limpide sont aimées du Grand-Frêne; il y accélère sa rapide croissance et y parvient
aux plus belles, dimensions. En montagne, dans des stations arides il
prospère encore et ne se refuse qu’aux terres fortes et compactes où son vaste et
puissant enracinement ne trouve pas, sans doute, les éléments nécessaires à son
développement normal.
Le bois du Frêne est essentiellement élastique et tenace, se tourmente peu,
se polit bien, et sa teinte blanche, légèrement rosée et nacrée, est quelquefois
veinée de brun vers le coeur. Il est très-recherché pour la fabrication des rames,
avirons, brancards de voitures, timons, etc. Comme bois de construction, il
résiste mal aux alternatives de sécheresse et d’humidité et pourrit facilement à
moins d’être employé entièrement sous eau. Sa densité est très-variable; faible
et descendant à 0,6-2 quand l’arbre a crû très-vite et dans un sol trop humide,
elle s'élève jusqu’à 0,93 dans des terrains calcaires où la croissance est lente *.
LES ÉRABLES.
(I’olypîtales UYPOGïKEs; famille des AcéniüÉBS.)
L'ÉRABLE CHAMPÊTRE. (Pl.VI. Fig. 7 à 11.) i - Petit arbredont
la hauteur dépasse rarement 10 h 15 mètres; ses branches croissent avec
peu de régularité, et sa tige n’est pas toujours droite. L'écorce. quand elle
est jeune, produit sur les rameaux une sorte de liège qui tombe vers cinq ou
six ans et laisse la place à un péridorme jaune ou brun, lequel se crevasse et se
fendille en épaississant et rappelle un peu, sauf la couleur, l'écorce des vieux
Chênes.
, La feuille en est petite (VI, 7), d’un vert peu luisant; elle est portée sur un
pétiole allongé. La pointe des lobes principaux ou secondaires est plus ou moins
émoussée. En mai paraissent les fleurs, disposées par petits corymbes portés
chacun sur un pédoncule commun et relativement court (VI, 10) ; quelquefois
polygames, plus souvent hermaphrodites, elles sont d'un vert jaunâtre : leurs
huit étamines se rangent autour d'un disque au centre duquel règne le pistil;
deux petites ailes l'accompagnent adhérentes à chacun des ovules (VI, 11). Après
la fécondation, ailes et ovules persistent seuls, se développent et forment en
septembre ou octobre un fruit double (VI, 8), rattaché par deux pédicelles à
l’extrémité du pédoncule et composé de deux samares convexes à la base, à ailes
opposées de couleur fauve clair. A l'intérieur de chaque fruit, coupé dans le sens
do l'épaisseur, existe une petite graine, brune en dehors et verdâtre en dedans
(VI, 9).
Lourd, dur, tenace, jaune ou brunâtre et flambé de brun au coeur, le bois
des vieux Érables champêtres est recherché pour Tébénisterie, le charronnage et
diverses industries; il se tourmente peu, n’est pas sujet à la vermoulure, prend un
beau poli et donne en outre un excellent chauffage. Sa densité, selon M. Mathieu,
¡t de 0,7 à l’étal
Les mensoe acemoe dont parle Horace étaient faites do ce bois, et, s'il faut
croire Virgile, le bon roi Évandre reçut Énée sur un trône d’Érable' que
Telle était cependant l'antique simplicité.
L’ÉRABLE&êLANE. (Pl. VI. Fig. 12 à 18.) — Par son aspect,
l’Érable plane (Acer plalanoïdes) difiere de son voisin le Champêtre. Il est plus
grand, plus droit, plus élancé, atteint facilement et plus rapidement 15 à
20 mètres. Son écorce est lisse et mate, d'un gris rougeâtre; avec l’âge elle se
gerce en stries fines et verticales qui ne rappellent en rien les crevasses profondes
et entre-croisées du précédent. Sa tâte est régulière et ses feuilles grandes et
larges; tous les lobes en sont aigus (VI, 12).
Les fleurs composent des corymbes entourés de deux stipules à la base et
portés le long ou à l'extrémité des jeunes rameaux (VI, 13). Leur couleur est
d'un vert sale ; leur forme se rapproche de celle des fleurs de l'Érable champêtre
(VI, 13, l/i et 15) sous des dimensions un peu plus fortes. Elles paraissent
avec les premières feuilles vers la fin d’avril ou aux premiers jours île mai. Une-
petite samare double et vert pâle leur succède (VI, 16) et s’accroît peu à peu
pour devenir en septembre un fruit mûr (VI, 17) plus aplati, un peu plus
grand et de formes moins accentuées que le fruit de l'Acer campestre (VI, 8) ;
mais de même nuance et contenant également une graine verte à l'intérieur
(VI, 18).
Le bois est d'un blanc sale ou rougeâtre, la fibre en est commune. 11 est
recherché, néanmoins, pour la menuiserie, le tour, la fabrication des sabots et
le charronnage; il donne un bon combustible. Densité : 0,7û. '
EXPLICATION DE LA PLANCHE VI
I 10. ÉaA'BLB CHAMPÊTRE.
Rameau avec groupe de fleurs
Les deux anthères d'une éiamii
aeau chargé d'inflorescences à faisselle de feuilles ni
Au bas et à gauche, une fleur mâle grossie.
— Fleur des deux sexes, grossie.
.e plane. Rameau chargé de feuilles.
— Inflorescence avec stipules & la base du pétiole.
— Fleur mâle dépourvue de pétales.
— Fleur des deux sexes dépourvue de pétales.
— Fruii
rs (gauche) el is (droite).