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 d’IIerman  et  de  Linné:  les  auteurs  de  la Flore du Pérou  l’ont retrouvée  
 sauvage  dans  l’Amérique méridionale. Cette plante  est-elle  réellement indigène  
 de  deux  pays  si  différents  et  qui  ont  si  peu  de  productions  communes  ?  ou  
 a-t-elle  été  portée  de  l’un  dans  l’autre ? 
 La tubéreuse  a  été connue  en Europe dès l’an  i ¿94, par Simon de Tovar, qui  
 en  reçut  des  bulbes  venant de l’Inde, et qui  la communiqua à l’Ecluse ;  celui-ci  
 en publia,  en  1601  , la  figure  et  la  description. La  plante devint très-commune  
 depuis  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  parce  qu’en  1652  le  père  Minuti,  
 minime,  en  rapporta  de Perse  plusieurs  oignons qui  furent plantés  dans  le  jardin  
 de M. de Peiresc, près Tou! on. Le climat de la Provence se trouvant favorable  
 à  cette  plante,  elle  s’y  multiplia  facilement,  et dès-lors  la  Provence,  la Ligu-  
 rie  et  l’Italie  ont  eu  le  privilège  d’envoyer  de  jeunes  oignons  de Tubéreuse  à  
 tous les peuples de l’Europe septentrionale,  chez lesquels la propagation de cette  
 plante est trop difficile. En  1674,  les  Hollandais portèrent  les  bulbes de  la  tubéreuse  
 à Amboine, où elle était auparavant inconnue, d’après Rumph ; circonstance  
 remarquable,  et qui  tendrait à faire penser  que cette  plante  n’est pas  originaire  
 de  l’Inde, mais  d’Amérique  : on est d'autant  plus porté  à admettre cette  
 idée,  que cette  plante  était inconnue  avant  la  découverte  de  l’Amérique;  que  
 le nom d'Inde a été souvent, par abus, donné à l’Amérique; que Simon de Tovar,  
 qui  était espagnol,  avait probablement plus de relations avec l’Amérique qu’avec  
 l’Inde ;  qu’enfin le nom malais de  Sandal-malam  est  connu  à Ceylan  aussi  bien  
 qu’à  Amboine;  ce  qui  indique que l’une  des deux îles l’a  reçu de  l’autre. 
 Quoiqu’il en soit, la tubéreuse est maintenant répandue dans tous  les jardins,  
 à  cause de l’odeur suave que  ses  fleurs exhalent  à  l’entrée de la nuit.  On en distingue  
 quatre variétés :  1.° laTubéreuse à grandes fleurs, qui est la plus commune;  
 2.0 la Tubéreuse à petites fleurs, qui ne diffère de la précédente que parce que ses  
 fleurs sont  un  peu  plus  petites;  3.°la Tubéreuse  à  fleurs doubles, qui a  été  obtenue  
 par  les  soins  de M. Lecour,  de Leyde, et q u i,  pendant  longtemps,  n’a  
 existé que dans  son jardin;  4.  une monstruosité  à  feuilles panachées. 
 La Tubéreuse  est une  plante délicate  et qui  craint  beaucoup  le  froid  :  il est  
 rare que son  fruit parvienne  à  maturité. On la multiplie, dans les pays chauds,  
 par la séparation des  petits  tubercules que portent les fibres radicales  auxquelles  
 le  tubercule primitif a  donné naissance. Dans les pays froids,  on plante, chaque  
 année, les bulbes envoyées des pays chauds; on les met en  pot à  la fin  de l’hiver,  
 et  les fleurs  commencent  à  se  développer  à la  fin  du  printemps,  et durent  au  
 moins quinze jours.