
décrite, qui sembloit se nourrir de leur substance et pre-
noit des accroissemens très-rapides. Comme je n’étois pas
en garde contre ces différentes attaques, je n’ai pas lutté,
comme j'aurois dû, dès le premier envahissement; mais
je dois avouer que dans les années qui ont suivi 18 17 ,
je n’ai pas été plus heureux, soit parce que la température
extérieure n’a pas été favorable, soit surtout parce
que j'ai observé avec plus de négligence. Mais je recommencerai
mes expériences avec une nouvelle attention
dans le printemps de cette année ( 1822 ).
Cependant ce que j’ai vu tant de fois suffit, je pense,
pour constater que le grain vert est bien la semence des
Prêles, qui sont des plantes acotylédones , puisque ce
grain tout entier se développe sans qu’on puisse y apercevoir
aucun corps étranger à l’embryon ou à la plantule.
Je ne suis pas entièrement convaincu que le filet ou la
pbimule parte précisément du point oû Hedwig a cru
observer un rudiment de style, mais la racine ou les
radicules sortent bien du point opposé au filet. Je ne
pense pas non plus que l’on puisse s’assurer par des expériences
directes que les quatre filets soient des étamines,
et que les pulviscules qui les recouvrent soient un véritable
pollen. Cependant l’analogie est fortement prononcée
pour cette opinion, surtout si l’on convient quil
ne faut pas chercher ici des anthères et des loges semblables
à celles des plantes phanérogames, et il faut avouer
que les mouvemens élastiques des lames qui entourent le
grain vert sont merveilleusement propres à secouer la
poussière fécondante, et à favoriser la dissémination des
graines fécondées. Mais si l’on ne peut douter que les
grains verts ne soient de véritables semences, on doit
s'étonner de ce qu’elles remplissent si mal leur destination
; car je n’ai jamais trouvé une seule Prêle qui ne
me parût pas fort ancienne et dont la racine ne se
prolongeât pas indéfiniment dans la terre. Je crois que
les autres Botanistes n’ont pas été plus heureux. 11 faut
donc convenir, au moins jusquà présent, que les Prêles
sont des plantes dont les mêmes individus subsistent
depuis un temps dont on ne sauroit assigner le terme,
et qui répandent chaque année des myriades de graines
autrefois fertiles, aujourd’hui infécondes. Y a-t-il beaucoup
de genres qui ressemblent à cet égard à celui des
Prêles ? C’est ce que j’ignore entièrement.
S ’il n’y a point de genre en Botanique qui soit plus
distinct que celui des Prêles, il n’y en a point peut-être
non plus où les véritables espèces soient plus difficiles à
distinguer. Tant que les auteurs systématiques se sont
contentés de décrire celles qui étoient anciennement
connues, comme la Prêle des champs, la fluviatile, celle
des bois, celle des limons, celle des marais et celle
d’hiver, la nomenclature en étoit facile, parce que leur
port différent, le lieu de leur habitation, et d’autres caractères
aussi simples que frappans , suffisoient à les
distinguer. Mais lorsqu’ils y ont ajouté la Prêle que j’ai
appelée multiforme, à cause des nombreuses variétés
quelle présente, et surtout lorsque nos Botanistes voyageurs
ont apporté des pays étrangers ces Prêles qui,
quoique recueillies dans des climats très-différeus, pré