pitaiiie Fitz-Roy a donné à la montagne de Acoucagua
l’énorme h au teu r de vingt-trois mille pieds anglais. Cette
opération mériterait d’être vérifiée. On p o u rrait en même
temps mesurer le Nevado de Tupungato qui domine la ville
de Santiago. Au su rp lu s, la h a u te u r de la limite inférieure
des neiges perpétuelles est encore plus intéressante à
co n n aître que celle des sommités des montagnes. Nous
consignons ici cette remarque, afin que s’il fallait o p ter, ou
n'h é sitâ t pas sur le choix.
N o t e de M. B io t, sur un moyen de puiser de l ’eau de mer
a de grandes profondeurs, et de découvrir en quelle proportion
les deux principes constituants de l ’air atmosphérique
y sont contenus.
Les chimistes ont prouvé depuis longtemps que l’eau
s’imprégne des gaz qui reposent sur sa surface. Cette absorption
s’opère par une véritable affinité chimique qui
s’exerce sur les différents ga z ; et lorsqu’on étudie particulièrement
ses effets sur l’oxygène et sur l’a zo te , ces deux
principes constituants de l’air atmosphérique, on la trouve
plus forte pour le premier que pour le second. De là il
résulte que les eaux des fleuves et des m e rs, toujours en
contact avec l’atmosphère , s’imprégnent à la longue d’un
mélange gazeux où l’oxygène domine. En effet, des expériences
très-exactes, faites par MM. de Humboldt et Gay-
Lussac, ont prouvé que l’eau de p lu ie, l’eau de la Seine,
et l’eau de neige, renferment un mélange d’oxygène et
d’azote qu i, sur lo o parties de son volume , contient depuis
29 jusqu’à 3a parties d’oxygène, tandis que, dans l’air
atmosphérique, en tout temps et en tous climats, la pro-
CONCERNANT LA PHYSIQUE DU GLOBE. Li
portion d’oxygène est constamment égale à 21 parties.
MM. de Humboldt et Provençal o n t , en ou tre , déterminé
le volume absolu du mélange gazeux contenu ainsi, dans
l’e au , près de la surface ; et ils ont trouvé qu’il était ^
du volume de l’eau.
Par une conséquence nécessaire de ces propriétés, la
vaste étendue des mers qui recouvrent une grande partie
du g lo b e , est imprégnée d’un mélange gazeux dont les
proportions, près de la surface, doivent être à peu près les
mêmes que nous venons d’indiquer. Je me suis assuré qu'il
en est ainsi encore à la profondeur de mille mètres ; car
l’eau de m e r, retirée d’une couche aussi profonde, m’a
donné un mélange qui contenait, en volume, 28 parties
d’oxygène sur 100. J’ai fait autrefois cette expérience
dans la Méditerranée.
Mais ici se présentent plusieurs grandes questions de
physique terrestre que l ’appareil dont je me servais alors
ne pouvait résoudre. A mesure que l ’on s’enfonce dans les
profondeurs de la mer , la masse d’eau supérieure presse
l’inférieure de son poids ; et comme une colonne d’eau de
mer de dix mètres de hauteur , pèse à peu près autant
qu’une colonne d’air de même base prise depuis la surface
terrestre jusqu’à la limite de l ’atmosphère , il s’ensuit qu’à
la profondeur de mille mètres l’eau supporte déjà cent
atmosphères de pression. Que l’on conçoive Fénormité de
cet effort sur les couches les plus basses, si la profondeur
moyenne de la m e r , loin des côtes , doit être supposée de
plusieurs lieues , comme les lois de la gravitation semblent
l’indiquer (i) ! Or, des expériences directes nous apprennent
aussi que l’e a u , mise en contact par sa surface avec des
gaz comprimés , et pressée elle-même par eux , en absorbe
le même volume que s’ils étaient soumis à la simple près-
(1) M étallique cc îe sle , tome I I , page 200.