En gén éral, clans les lieux où l ’expédition ne séjournera
pas une semaine entière , il serait peu utile de se livrer à
l’observation des variations diurnes de Yaiguille aimantée
horizontale. Il n’en est pas de même des autres éléments
magnétiques. Partout où la Bonite s’arrêtera, ne fût-ce que
quelques heures, il faudra, si c’est possible, mesurer la
déclinaison, l’inclinaison et l’intensité.
En chercliant à concilier les observations d’inclinaison,
faites à des époques éloignées dans diverses régions de la
terre peu distantes de l ’équateur magnétique, on avait reconnu,
depuis quelques années, que cet équateur s’avance
progressivement et en totalité de l’orient à l’occident. A u jourd’hui
on suppose cjue ce mouvement est accompagné
d’un cliangement de forme. L ’étude des lignes d’égale inclinaison
envisagée sous le même point de v u e , n’offrira
pas moins d’intérêt. Il sera curieux, quand toutes ces lignes
auront été tracées sur les cartes, de les suivre de l ’oeil dans
leurs déplacements et dans leurs cliangements de courbure;
d’importantes vérités pourront jaillir de cet examen. On
comprend maintenant pourquoi nous demandons autant de
mesures d’inclinaison qu’on en pourra recueillir.
Les observations d’intensité ne datent que des voyages
de d’Entrecasteaux et de M. de Humboldt ; et cependant
ou s’opère le second , une ligne où , le matin , l’aiguille n e marche n i à l’o rien t
ui à l’o c c id e n t, c’est-à -d ire reste stationnaire.
Un e semblable ligne ne p eu t pas m an q u e r d ’exister ; mais où la tro u v e r ?
Est-elle l’éq u a teu r m ag n é tiq u e , l’éq u a teu r t e r r e s t r e , ou b ien quelque courbe
d ’intensité
Des rech erch es pendant plusieurs mois, sur des points situés dans
l’un des espaces que l’éq u a teu r terres tre et l’équateur magnétique comprennent
en tre e u x , tels q u e F e rn am b o u c , P a y ta , la C onception, les îles P e lew , e t c . ,
co n d u ira ien t certainement à la solution d é siré e; mais p lusieurs mois d ’observations
assidues seraient nécessa ire s, car, malgré riiab ile lc de l’observ ateu r, les
courtes relâches de M. le capitaine D u p e rrey , à la Conception e t à P a y ta ,
faites à la demande d e l’A c ad émie , on t laissé subsister quelques doutes.
CONCERNANT LA PHYSIQUE DU GLOBE. xxv
telles ont déjà jeté de vives lumières sur la question si compliquée
, mais en même temps si intéressante, du magnétisme
terrestre ; et cependant à chaque pas le théoricien
est arrêté par le manque de mesures exactes. Ce genre
d’observations mérite, au plus haut degré, de fixer l’attention
des officiers de la Bonite.
Quant à la déclinaison, son immense utilité est trop bien
sentie des navigateurs , pour qu’à cet égard toute recommandation
ne soit pas superflue.
Les voyages aérostatiques de MM. Biot et Gay-Lussac,
exécutés jadis sous les auspices de l’Académie, étaient en
grande partie destinés à l’examen de cette question capitale :
la force magnétique q u i, à la surface de la te r re , dirige
l’aiguille aimantée vers le nord, a-t-elle exactement la
même intensité à quelque hauteur que l’on s’élève ?
Les observations de nos deux confrères, celles de M. de
Humboldt faites dans les pays de montagnes ; les observations
encore plus anciennes de Saussure, semblèrent toutes
montrer qu’aux plus grandes hauteurs qu’il soit permis à
l’homme d’atteindre, le décroissement de la force magnétique
est encore inappréciable.
Cette conclusion a récemment été contredite. On a remarqué
que dans le voyage de M. Gay-Lussac, par exemple
, le thermomètre q u i , à terre, au moment du départ,
ma rq ua it-L 3 1 ° centigrades, s’était abaissé jusqu’à — 9“, o
dans la région aérienne où notre confrère fit osciller une
seconde fois son aiguille ; or il est aujourd’hui parfaitement
é tab li, qu’en un même lie u , sous l’action d’une même
force , une même aiguille oscille d’autant plus vite que sa
température est moindre. A in s i, pour rendre les observations
du ballon et celles de terre comparables, il aurait
fa llu , à raison de l’état du thermomètre, apporter une certaine
diminution à la force que les observations supérieures
indiquaient. Sans cette correction, l’aiguille semblait éga»
P h y s iq u e . d