pourra recevoir ni la pluie que recueillent les voile s , ni celle
qui tonilte des cordages.
On ajouterait beaucoup à l’intérêt de ces observations, si
l’on déterminait en même temps la température de la p lu ie ,
et la liauteur d’où elle tombe.
Pour avo ir, avec quelque exactitude, la température de
la pluie, il faut que la masse d’eau soit considérable relativement
à celle du récipient qui la reçoit. L ’udomètre en
métal ne satisferait pas à cette condition. Il vaut infiniment
mieux prendre un large entonnoir formé avec une étoffe
légère, à tissu très-serré, et recevoir l’eau qui coule par le
bas dans un verre à minces parois renfermant un petit
thermomètre. Voilà pour la température. L ’élévation des
nuages où la pluie se forme ne peut être déterminée que
dans des temps d’orage; alors, le nombre de secondes qui
s’écoulent entre l’éclair et l’arrivée du Itruit multiplié par
33y mètres, vitesse de la propagation du son , donne la
longueur de l ’hypoténuse d’un triangle rectangle dont le
côté vertical est précisément la hauteur cherchée. Cette
hauteur pourra être calculée , si à l’aide d’un instrument à
réflexion, on évalue l’angle que forme avec l ’horizon la
ligne q u i, partant de l’observateur, aboutit à la région des
nuages où l’éclair s’est d’abord montré.
Supposons , pour im moment, qu’il tombe sur le navire
de la pluie plus froide que ne doivent l ’être les nuages
d’après leur hauteur et la rapidité connue du décroissement
de la température atmosphérique ; tout le monde comprendra
quel rôle un pareil résultat jouerait en météorologie.
Supposons, d’autre part, qu'un jo u r de grêle ( car il grêle
en pleine mer ) le même système d’observations vienne à
prouver que les grêlons se sont formés dans une région où
la température atmosphérique était supérieure au terme de
la congélation de l ’eau , et l’on aura enrichi la science
CONCERNANT LA PHYSIQUE DU GLOBE. xxi
d’un résultat précieux auquel la théorie a venir de la grele
devra satisfaire.
Nous pourrions, par bien d’autres considérations, faire
ressortir l’u tilité des observations que nous venons de proposer
; mais les deux qui précèdent doivent suffire.
Il est des phénomènes extraordinaires sur lesquels la
science possède peu d’observations, par la raison que ceux
à qui il a été donné de les v o ir , évitent d’en parler, de peur
de passer pour des rêveurs sans discernement. Au nombre
de ces phénomènes, nous rangerons certaines pluies des
régions équinoxiales.
Quelquefois, entre les tropiques, , par l’atmosphère
la plus p u r e , par un ciel du plus bel azur ! Les
gouttes ne sont pas très-serrées ; mais elles surpassent en
grosseur les plus larges gouttes de pluie d’orage de nos
climats. Le fait est certain, nous en avons pour garants et
M. de Humboldt, qui l’a observé dans l’intérieur des terres,
et M. le capitaine B e e ch e y , qui en a été témoin en pleine
mer ; quant aux circonstances dont une aussi singulière
précipitation d’eau peut dépendre, elles ne nous sont pas
connues. En E u rop e , on voit quelquefois, par un temps
froid et parfaitement serein , tomber lentement en plein
midi de petits cristaux de glace dont le volume s’augmente
de toutes les parcelles d’humidité qu’ils congèlent dans leur
trajet. Ce rapprochement ne mettrait-il pas sur la voie de
l’explication désirée ? Les grosses gouttes n’ont-elles pas été
dans les plus hautes régions de l ’atmosphère , d’abord, de
très-petites parcelles de glace excessivement froides ; ensuite
, plus bas , par voie d’agglomération , de gros glaçons ;
plus bas encore des glaçons fondus ou de l’eau? Il est bien
entendu que ces conjectures ne sont consignées ici que
pour montrer sous quel point de vue le phénomène peut
être étudié; que pour exciter, surtout, nos jeunes voyageurs
à chercher avec soin si, pendant ces singulières pluies,