
Planche CCCXXIV, Numéro ^S6.
C H E N I L L E D U S A U L E B L A N C
L A C C O R D . ÉE.
1 P R E M I E R & S E C O N D É T A T .
t mm JL O U S les Entomoîogiftes ont pris cette Phalène pour la No3. Pa&a de
Linné, la feule de toutes ~ celles à ailés inférieures rouges , décrite par cet
Auteur dans la i oB. édition, de fon Syft. Nat. Ce n’eft que dans la i ae. qu’il
en a diftingué trois efpéces & dans cette dernièrej il a ajouté à la defcrip-
tion de la P aâa un caraâère qu’il n’avoit pas mentionné dans fa dixiéme
édition, favoir, le derrière du corps rouge en-delfus abdotnint fuprà rubro.
Ce caraâère a embarraffé les Naturaliftes, parce qu’on ne le trouvoit
pas à notre Phalène 5 y 6 ; cependant dans quelques pays on en a rencontré
plufieurs individus qui avoient le derrière du corps d’un rouge plus ou
moins pâle ; alors ori s’eft perfuadé que Linné avoit décrit une de ces va*
riétés & avoit pris pour un caraâère fpécifique ce qui n’étoit qu’accidentel.
Fuesfly eft le premier qui ait reconnu que cette fuppofition étoit une
erreur. Il a reçu de Saint-Péterlbourg une Phalène Pacla. ayant le derrière
du corps d’un beau rouge, il l’a comparée avec la defcription de Linné,
& voyant quelle s’y rapportoit parfaitement il l’a repréfentée dansfes Archives
en l’annonçant avec raison pour Ja vraie Pacla de Linné, qui n’étoit encore
figurée dans aucun ouvrage. Cette découverte intéreffante pour les Amateurs
d'Entomologie, les a excité à chercher les moyens de fe procurer une
efpéce qui, jufques-là, leur avoit été inconnue. On l’a fait venir de Suède
& de Ruffie, les feuls pays où on l’ait jufqu’à préfent trouvée. L’autre ,
au contraire, eft commune en Autriche, dans le Palatinat & la Franconie.
On la voit aufli dans plufieurs parties de l’Allemagne mais elle y eft plus
rare.
Sa Chenille, Fig. 5 5 6. a, vit fur le Saule blanc, Salix alba. L. On
l’y trouve à la fin de Juin & jufqu’au milieu de Juillet. Elle eft difficile à découvrir
, parce qu’elle fe tient collée aux branches, auxquelles elle reffem-
hle par la couleur ; mais en fecouant les arbres on la fait aifément tomber.
Dès qu’elle a touché terre elle faute à la manière des poilfons, comme
font prefque toutes les Chenilles de ces- Phalènes à bandes. Sa couleur eft
gris brunâtre, un peu plus ou un peu moins foncé. Elle eft couverte de
petits poils fins, très-courts, & à peine vifibles. La plupart des anneaux
ont quelques plis ou rides qui s’étendent ou fe reflerrent, lorfque la Chenille
marche. La boffe fur le dos, au huitième anneau, eft très-fâillante,
& a la forme dâine cheville dont le deffus -eft jaune-rouge, & le contour
noir. Le onzième anneau porte une élévation, à deux pointes , & fur les
côtés elle a des petits tubercules qui rendent fa fuperficie inégale. Au-
deffus des ftigmates on voit , le long du ventre , des poils formant une
efpéce de frange; c’elLun des caraâères des Chenilles de cette Famille. En
deflous, chaque anneau porte une tache noire.
Sa tranfmutation n’a rien de particulier. Elle fe file un tiffu entre des
feuilles comme les efpéces précédentes, & refte au plus trois femaines dans
fa Crifalidè, Fig. $ 66. b; cependant Rôfel & Fuesfly en ont vu n’éclore
qu’au bout de deux mois.
É T A T P A R F A I T .
L e fond des ailes fupérieures de la Phalène, en deffus, Fig. <; 66. c , eft
plus clair que celui des autres efpéces. Les deux lignes noires bordées de
gris , dont il eft traverfé, font très-fines & ont une forme toute particulière,
plus aifée à repréfenter qu’à décrire, & qui la rendent très-facile à diftin-
guer des autres. Le rouge des ailes inférieures eft plus beau & plus pur que
celui des autres efpéces. La bande noire du milieu ne ^prolonge pas au-delà
des deux tiers de l’aile, Ôc n’a qu’une feule courbure.
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