Même Pl. et Pl. CCCXXI, Numéro 3S3.
C H E N I L L E D U F R E N E -
L A L I C H E N É E B L E U E .
P R E M I E R É T A T .
■ fj E S Frênes & le,s Peupliers font le féjour le plus ordinaire de ces
Chenilles. Pour fe les procurer il faut frapper les branches des arbres
avec de longs bâtons. Efper dit qu’en Franconie on les trouve plus fou-
vent fur l’Érable, le Noifettier, le Châtaignier. Fuesfly en a pris à Hall en
Saxe fur l’Orme & le Bouleau , & les en a nourries jufqu’à leur transformation.
Elles ne fortent ordinairement de l’oeuf qu’au mois de Mai. Dans
leur premier âge on les prendroit pour des Arpenteufes , parce qu’on ne
leur voit que douze pattes, les quatre autres deviennent fenfibles après
leur première mue, mais elles ne s’en fervent pour marcher qu’après la
fixiéme qui s’opère au commencement de Juillet. Jufques-là elles marchent
comme les Arpenteufes, & les deux paires de pattes plus courtes que
les autres, ne leur fervent qu’à s’agripper aux branches des arbres ou aux
nervures des feuilles dont elles fe nourrilfent. Au moment de leur naif-
fance elles font d’un blanc jaunâtre. Depuis leur première mue jufqu’à la
quatrième-, elles font d’un verd tendre, & fe diftinguent à peine des feuilles
fur lefquelles elles féjournent ; leur corps eft parfemé de points noirs
très-fins. A leur quatrième mue leur couleur devient un gris brunâtre ,
Fig. S 6J. a, & deux jours après s’èciaircit & prend le ton de la figure
f 63. b, qui fait voir une de ces Chenilles plus près de fa grandeur parfaite.
Ce n’eft qu’à la fixiéme & dernière mue qu’elles ont la couleur & les
taches de la figure y d j. cA dont elles n’atteignent la grandeur qu’au bout
de douze ou quinze jours. On en trouve dont le fond eft plus fombre
que celle de notre Planche, & d’autres d’une couleur plus uniforme &
qui nont pas des taches aufli marquées, mais toutes font couvertes d’une
infinité de petits points noirs. Elles ont fur le huitième anneau un gonflement
qui porte une bande noirâtre, coupée par le fond , de manière qu’elle
feinble plutôt une fuite de taches auprès -les unes des autres. Sur le dixiéme
& le onzième anneau, plufieurs ont encore un commencement de bande
noirâtre qui, dans une direflion oblique, fe perd au-deflus des ftigmates.
Les cotés du ventre font garnis de poils blanchâtres. Le ventre eft blanc
avec une tache ronde noire aflfez grande entre chaque paire de pattes.
Ces Chenilles font très-vives & fe débattent fortement quand on veut les
prendre. Admirai en a vu à Verfailles tomber d’un peuplier, au milieu de
Juin , une qui étoit déjà dans fa grandeur parfaite ; il eft à préfumer qu’elle
étoit fortie de l’oeuf avant l’hyver, & qu’il en eft de même de toutes celles
qui ont produit les Phalènes que l’on voit paroître dès le mois de Juillet.
S E C O N D É T A T .
V ers le i y ou 20 Juillet ces Chenille! fe préparent à leur méta-
morphofe. Elles font un cocon très-lâche entre des feuilles enlacées de
quelques fils. Cinq ou fix jours après elles s’y changent en Crifalides ,
dont la couleur brun-rouge eft recouverte d’une légère pouflière bleue ,
Fig. y 6? d. Elles font encore plus vives que les Chenilles, car à la moindre
irritation elles fe jettent avec une vîteffe étonnante d’un côté à l’autre,
fe tournent continuellement fur elles-mêmes, étant attachées par le derrière
avec des fils, & confervent ce mouvement des heures entières. La Phalène
en fort au bout de trois ou quatre femaines.
É T A T P A R F A I T .
CTest donc ordinairement au mois d’Août & quelquefois même en
Septembre que l’on trouve ces Phalènes, aufli remarquables par leur grandeur
que par leur beauté. Elles fe tiennent communément, pendant le jour,