
P lanche CCCXX1U Numéro 56*4,
C H E N I L L E D U S A U L E -
L A D É P L A C É E .
P R E M I E R E T S E C O N D É T A T .
I i’OUVRAGE d’Efper eft le feul qui réunifie toutes les efpéces de
Phalènes à ailes inférieures rouges, que nous repréfentons fur cette Planche
& les fùivantes. Linné fit prefque tous les autres Entomologiftes n’en ont
décrit que trois. Il n’eftpas vraifemblable qu’ils n’ayent pas connu les autres,
mais il y a apparence qu’ils en ont confondu plufieurs enfemble, ce qui
eft très-facile , car il faut beaucoup d’attention pour les diftinguer en-
tr’elles. Geoffroi a fait plus qu’un autre cette confufion, il n’en a décrit
qu’une , fit il y a rapporté toutes celles femblables précédemment décrites
. fans examiner fi elles ne compofoient qu’une feule efpéce. Il eft
même difficile de décider laquelle il avoit fous les yeux quand il a fait fa
Defcrîption , car la plupart des caraêtères qu’il indique conviennent également
à toutes. On en peut dire autant des Defcriptions. de Linné fie
de celles, des autres Auteurs qui-ne font pas accompagnées de'figures ;
elles ne peuvent faire faifir les différences légères d’efpéces qui ont
tant de rapports entr’elles. On ne s’eft véritablement appliqué à les diftinguer
que lorfqu’on a eu découvert plufieurs Chenilles qui, ne paroif-
fant pas dans le même tems, vivant de différens arbres , ne fe reflemblant
ni par la forme ni par les couleurs, donnoient cependant des Phalènes qui ,
au premier coup d’oe il, fembioient pareilles. On les a comparées, fit
alors on a vu qu’elles avoient chacune des caractères diftinûifs trèsrmarqués.
C’eft alors aufii qu’en appréciant avec plus d’exaélitude les exprefiions de
Linné, fie les comparant avec les natures, on a reconnu à laquelle de toutes
ces efpéces fe rapportoit chacune des Defcriptions de fon Syftême. Nous
détaillerons avec foin dans les nôtres les caractères fpécifiques qui les diftin-
guent, fit, à f’aide de leurs portraits, il fera très-facile de les reconnoîtr.e.
Les Anciens appelloient toutes ces Phalènes, Phalènes à cordons rouges ,
nous les nommons Phalènes à bandes ou Lichenées, d’après Réaumur qui a
donné ce nom à la Chenille de celle qu’il a décrite, en la comparant à la
moufle ou lichen qui couvre la tige de l’arbre dont elle fe nourrit. Il convient
également à toutes les autres, leur couleur étant aufii fort approchante de
celle des lichens.
L ’efpéce que nous donnons fous le n°. . y 64 , eft la plus grande de
toutes. Nous en repréfentons ..deux Chenilles, Fig. y 64. a , b , dont
on nous a envoyé les deffins fans nous rien communiquer de leur hiftoire.
Nous ignorons fi la différence de leurs couleurs marque une différence de
fexes ou feulement des variétés; la conformité de, leurs caraâères fait
bien voir, qu’elles font de la même efpéce. MIIe Merian qui en a/élevé
une fëmblable -, dit quelle l’a nourrie de feuilles de Saule jufqu’au 22 de
Juillet qu’elle fe changea en Crifalide fit que la Phalène en fortit des le trois
d’Août. On voit, Fig. y 64. ç , cette Crifalide encore couverte de la pouflière
bleue dont font foupoudrées toutes celles de cette" Famille lorfqu’elles font
fraîchement conftruites, mais quelles perdent en Péchant.- x
É T A T P A R F A I T .
L es principaux caractères qui diftinguent ces Phalènes Lichenées, fe
tirent de- la forme ou de la direction des traits noirs en zigzag qui traverftent .
leurs ailes fupérieures, des dentelures-Sc des courbures des bandes de leurs
ailes inférieures. ■
Celle-ci a le fond'des ailes fupérieures , en defius, gris-clair recouvert
d’une infinité d’atomes noirs fit coupé de taches blanchâtres, brunâtres, noirâtres,
répandues comme des nuages, Fig. y 64. d. Près du corps il y a une
ligne tranfverfale ondée,*grife, entre deux "autres noires aflez épaiffes. Au-
defîus de la tache en rognon on voit une autre ligne grife bordée de noir
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