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 dans  le  R.  lunaria  L .,  examiné  au  microscope ,  offre  dans  toute  
 son  étendue  des  pentagones  et  des  hexagones  plus  ou  moins  réguliers, 
   qui  représentent  la  forme  des  cellules  dont  ils  constituent  
 la  paroi  externe.  Au  milieu  de  ces  polygones  ,  on  voit  des  ovales  
 qui  en  occupent  presque  la  moitié,  et  qui  paraissent  être  divisés  
 en  deux  par  une  ligne  longitudinale.  La  partie  du  polygone,  qui  
 est  hors  l’ovale  ,  est  criblée  de  trois  à  six  points  ,  qui  sont  vraisemblablement  
 autant  de  pores  corticaux.  L’épiderme,  qui  recouvre  
 la  face  inférieure  de  la feuille,  offre  le même  aspect  que  celui  qui  en  
 recouvre  la  face  supérieure.  Celui  des  Lapathum  ne  différé  pas  de  
 celui  des  Acetosa. 
 La  forme  et  la  grandeur  des  feuilles  varient,  comme  d’ordinaire,  
 dans  les  diverses  espèces ; mais, considérées  d’une  manière générale,  
 ces  deux  modifications  offrent  une  remarque  importante.  Dans  
 l ’Oxyria  et  les Acetosa  voisins de  ce groupe,  les  feuilles,  quelle que  
 soit  leur  position  ,  ont  toutes  ,  dans  la  même  espèce,  la  même  
 forme  et  la  même  grandeur  ;  tandis  que  ,  dans  l’Emex  ,  les Ru-  
 mastrum  et  les  Lapathum  ,  les  feuilles,  dans  la  même  espèce  ,  
 diffèrent  toujours  plus  ou  moins  entre  elles  ,  considérées  sous  ces  
 points  de  vue  ,  et  d’autant  plus  qu’elles  sont  plus  éloignées.  Cela  
 est  frappant  dans  les  Lapathum  :  il  n’est  pas  rare  de  voir  des  
 espèces  de  ce  groupe  dont  les  feuilles  radicales  ont  plus  d’un  pied  
 de  long,  et  sont  ovales  et  en  coeur  à  la  base  ,  tandis  que  celles  
 du  sommet  n’ont  pas  plus  d’un  pouce  et  sont  lancéolées  et  entières  
 les  feuilles  intermédiaires  font  le  passage. 
 Dans  leur  jeunesse ,  les  feuilles  ont  leurs  deux  moitiés  latérales  
 roulées  chacune  en  dessous,  et  adossées  l’une  contre  l ’autre  le  
 long  de  la  face  inférieure  de  la  côte  moyenne  de  la  feuille  ,  de  
 manière  qu’elles  représentent  à  peu  près  un  cylindre  aplati;  elles  
 sont  alors  humectées  par  un  enduit  albumineux ,  et  engainées  par  
 leur  stipule.  Outre  le  stipule  qui  les  recouvre  chacune  individuellement  
 ,  lorsqu’elles  commencent  à  pousser  ou  qu’elles  sont  dans  
 leur  bourgeon,  elles  sont  recouvertes  par  les  stipules  des  feuilles 
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 Inférieures,  c’est-à-dire  ,  de  celles  qui  sont  plus  près  de  la  tige(i).  
 Cette  disposition  est  commune  aux  jeunes  feuilles  de  tous  les  
 groupes,  et  ceux-ci  ne  me  paraissent  différer  ,  sous  ce  rapport,  
 qu’en  ce  que  l’extrémité  supérieure  des  jeunes  feuilles  est  quelquefois  
 réfléchie  en  dehors  dans  l'Emex ,  les Lapathum  et  les  Rumastrum  
 ,  tandis  qu’elle  e s t,  dans  certains  ca s ,  réfléchie  en  dedans  
 dans  quelques  Acetosa. 
 Quelques  feuilles  de  Lapathum  sont  naturellement  rougeâtres  ;  
 d’autres,  appartenant  à  des  espèces  de  ce  même  groupe,  le  deviennent  
 en  sq  desséchant. 
 Les Curculio  Rumicis  L . ,  que  nous  avons  dit  attaquer  presque  
 exclusivement  les  liges de  l'Emex, des Lapathum  et des Rumastrum,  
 n’attaquent  ordinairement  aussi  que  les  feuilles  de  ces  groupes  ;  ils  
 se  logent  de  préférence  dans  les  jeunes  feuilles  au  milieu  des  rainures  
 qu’elles  présentent  alors  ,  où  ils  sont  souvent  abrités  par  
 les  stipules. 
 Les  feuilles  des  Rumex L.  sont  presque  toujours  plus  ou  moins  
 acides  ,  sans  doute  à  raison  de  l’oxalate  acidulé  de  potasse  qu’elles  
 contiennent.  L’acidité  paraît  être  en  raison  de  l ’épaisseur  de  leur  
 parenchyme;  c’est  ainsi  qu’elle est  peu  ou  point sensible  dans  l’Emex,  
 les  Lapathum  et  les  Rumastrum ,  qu'elle  est  agréable  dans  la  plupart  
 des  Acetosa,  et qu’elle devient  presque  styptique  dans Y Oxyria  
 et  les  Acetosa  qui  ,  tels  que  le  R.  lunaria  ,  se  rapprochent  de  
 ce  groupe. 
 Toutes  pourraient  être  employées  comme  aliment,  mais  on  ne  
 fait  ordinairement  usage  parmi  nous  que  de  celles  des  R.  obtu-  
 sifolius,  crispus  et acutus,  et  de quelques  autres espèces  confondues-  
 sous  les  noms  de  R.  scutatus  et  de  R.  acetosa.  Linné  nous  apprend  
 (a)  que  les  Lapons  composent  avec  les  feuilles  de  ce  dernier  
 et  le  lait,  une  espèce  de  crème  fort  estimée  dans  le  pays. 
 (i)  Ces  objets  sont  exactement  figurés  dans  les planches 4i  et  42  de  
 l’Anatomie  de  Grew,  et  dans  la  planche  i 3,  f.  69  de  celle  de  Malpighi-  
 (a)  Flor.  Lapon. ,  p.  94.  '