Oxyria de Hill, Lapathum et Acetosa de Tournefort : chacune
de ces deux dernières est divisée en deux , d’après l’intégrité ou
la division des parties intérieures du périgone après la floraison :
la première n’est composée que du R. digynus.
Aidé des lumières de ceux qui m’ont précédé et de celles que
m’a fournies l’observation, j’ai tâché d’établir une classification naturelle
des Rumex, ou, en d’autres termes, de classer ces plantes de
manière à ce que celles dont se compose chaque groupe , quel
qu’il soit , se ressemblent plus entre elles qu’elles ne ressemblent
à celles des autres groupes. Je donnerai ici le résumé de cette
classification pour qu’on puisse la comparer à celles qui ont été
proposées, et pour faciliter en même temps l’intelligence de l'histoire
des organes -, renvoyant le reste à la Monographie.
A l’exemple de Necker , de Medicus et de Moench , je considère
le R. spinosus L . , placé par les Bauhins parmi les Bêla , et par
Tournefort parmi les Spinacia , comme un genre particulier que
je désigne , avec Necker , sous le nom d’Emex ; ce nom étant,
je crois , le plus ancien , et ne pouvant en outre donner lieu à
équivoque , comme celui de Vibo proposé par Medicus, anciennement
employé pour désigner les fleurs du Britannica (i).
J’adopte aussi , avec M. Rob. Brown , le genre Oxyria établi par
Hill sur le R. digynus L . , lequel a été regardé par les Bauhins
et par Tournefort comme une espèce de leur genre Acetosa , par
M. De Candolle , comme une section naturelle du genre Rumex L . ,
et par Wahlenberg comme un Rheum L.
Le R- spinosus et le R. digynus L. sont donc exclus de notre
genre Rumex , lequel me paraît être intermédiaire entre les deux
genres que constituent ces deux espèces.
Je distribue les espèces du genre Rumex , tel que je le conçois
aujourd'hui, en trois grandes sections. La première ou Lapathum,
voisine du genre Emex Neck , et la troisième ou Acetosa , voisine
du genre Oxyria Hill, ont été considérées comme des genres par
Bauhin , Tournefort, Necker et Moench, et comme des sections
naturelles du genre Rumex L. , par l^J. De Candolle. La seconde ou
Rumastrum paraît ici pour la première fois : elle se rapproche
des Lapathum par les organes de la nutrition , et des Acetosa par
ceux de la fructification. Intermédiaire entre ces deux sections,
elle justifie Linné de les avoir réunies en un seul genre, et rend
désormais impossible leur séparation comme genres.
De ces trois sections , il n’y a jusqu’ici que celle des Lapathum
et celle des Acetosa qui se subdivisent ainsi que nous allons voir.
Moench et De Candolle aperçurent déjà dans les Lapathum deux
groupes que j’adopte; dans l ’un, les parties internes du perigone
sont tosjours plus ou moins dentées , jamais en coeur après la
fleuraison ; dans l’autre , elles sont rarement dentées et toujours
en forme de coeur à la même époque. J’en établis deux autres dans
cette même section sur deux especes : 1 une, indiquée par Tournefort
sous le nom de Lapathum orientale, angustifoliupi magno fructu (1),
offre cela de remarquable, que les parties intérieures du périgone
sont, après la fleuraison , de forme et de grandeur très - inégales :
l ’autre, décrite par M. Regnier comme un genre particulier auquel il
donne le nom de Favrodière (2) , paraît avoir des fleurs dioïques,
3 parties seulement au périgone , 9 à 12 étamines dans les fleurs
mâles. Cette espèce m’est peu connue , et ce n’est pas sans quelque
crainte que j’en fais un groupe.
Avec M. De Candolle , je distribue en deux groupes les yspèces
qui composent la section des Acetosa , selon que les parties intérieures
du périgone sont souvent en coeur et entières après la
fleuraison, ou bien dentées et non en coeur à cette même époque.
En outre , je range les premières , c’est-à-dire celles où les parties 1
(1) Tnst. I. Corolt., p. 38. Cette espèce , oubliée par les botanistes;
a été trouvée par M. Dunàl dans 1 herbier de Tournefort,
(a) Mémoire de la Société de Lausanne, 2, p. 261.