d’après ce que nous savons sur les calices et les corolles, ou prévoit
que, lorsque la lame pétaloïde avorte, il peut arriver que le périgone
change après la fécondation ; ce qui ne saurait avoir lieu , lorsque
c’est la lame foliacée qui manque (i). Dans le premier cas , par
conséquent, il faut étudier le périgone à diverses époques , ce dont
on peut se dispenser dans le second.
É t am in e s . Celles-ci sont en nombre égal ou multiple de celui
des styles: en nombre égal dans les Koenigia ; double dans les
Podopterus ; double ou triple dans les Rumex ; triple dans les
Atraphaxis , Rheum , Eriogonùm et Triplaris ; double, triple ou
quadruple dans les Polygonum , L. Les Rrunnichia , Calligonum
et Coccoloba , font seuls exception à cet égard. C’est à l’observation
à démontrer si ce n’est pas par avortement, comme cela
arrive souvent dans les Polygonum.
P i s t il . L’ovaire est unique, rarement rond, mais presque toujours
plus ou moins anguleux, surmonté d’autant de styles qu’il
a des angles , les styles correspondans à ces mêmes angles. C’est
la forme de l ’ovaire qui détermine le nombre des parties de la
fleur ; ainsi , lorsque l’ovaire est aplati , c’est-à-dire, qu’il offre
deux faces, les parties de la fleur sont en nombre binaire ; lorsqu’au
contraire il est prismatique ou à trois faces, les autres parties sont
en nombre ternaire.
Jusqu’à présent il n’y a aucun genre où l ’ovaire soit à quatre
faces, et où par conséquent les parties de la fleur soient en nombre
quaternaire (2); mais il paraît qu’on peut, dans quelques cas, produire 1 2
(1) Aussi je ne crois guère possible qxie le périgone des Coccoloba ,
dont Yindoles parait être pétaloïde , devienne charnu après la fécondation ,
comme le disent les auteurs.
(2) M. Dunal vient de recevoir de M. Burchell deux espèces d' Oxygonum
(genre iuédit des Polygonées , voisin des Polygonum) , où l’ovaire est à
quatre faces , et les autres organes de la fleur en nombre quaternaire,
le périgone excepté, qui ne parait avoir que cinq parties.
artificiellement ce phénomène. Voici du moins , à cet égard , le
résultat d’une expérience que je fis dans un autre but. Je pratiquai,
au mois de mai , une section annulaire, large d’environ
trois lignes, au-dessous d’une panicule du Rumex Abyssiniens, Jacq.,
au moment de son développement , et je recouvris la plaie au
moyen d’une simple bandelette. La plante continua à végéter avec
la même vigueur ; les fleurs s’épanouirent ; mais , au lieu d’avoir
un périgone à six parties, dont trois supérieures et trois inférieures ,
comme cela a lieu dans les fleurs de ce genre, chez quelques-
unes, il était à sept parties dont quatre supérieures et trois inférieures
; chez d’autres .à huit parties dont cinq supérieures ; chez
certaines enfin , et il n’y avait que celles-ci qui fussent symétriques ,
le périgone était à huit parties dont quatre supérieures et quatre
inférieures, formant un prisme quadrangulaire. L’ovaire avait avorté,
comme cela arrive souvent dans nos climats ; je ne' doute pas que
dans ces jleurs il n’eut pris quatre faces, quatre styles et quatre
stygmates : c’était là une condition de symétrie. Ne pourrait-on
pas.croire, d’après cela, que le nombre deux et son multiple sont
le nombre naturel de cette famille ?,:
F r u it . Gærtner décrit le fruit du Coccoloba uvtfera comme étant
presque à trois loges, e t , d’après la ligure qu’il en donne, il n’est
guère permis de douter que ce qu’il regarde comme une graine
à trois, lobes , ne soit le résultat de trois graines soudées ensemble.
Cela joint à ce que l’ovaire des polygonées est toujours surmonté de
plus d’un style (1) , fait présumer que les fruits de cette famille ne
sont uniloculaires et monospermes que par avortement. 1
(1) D’où vient que , dans les ovaires uniloculaires monospermes, tels
que ceux des Polygonum et des Rumex, les stylés sont libres ou à
peine soudés entr’eux ; taudis que > dans ceux qui sont quelquefois multiloculaires
polyspermes , tels que ceux des Coccoloba, ils sont le plus
souvent soudés dans toute leur longueur, de manière à ce que l’ovaire
parait monostyle ?