4 E P I N G
de milliers de têtes du numéro V III. Enfuice on met la
cuillère couverte de charbon fur le feu pendant une demi
heure de tems ; 8c lorfque le tout eft refroidi? on
frappe la tête de l’épingle avec 'la machine repréfen-
tée P/. I/J. f i g • i?* & fig. 12 . n. x . dont le plan eft
fig . 18. même PL. laquelle a fix pans ou places fem-
blables pour y employer un pareil nombre d’ouvriers
à-la-fois. Le tout eft porté fur un billot de bois ou tronc
d’arbre, de trois pics neuf pouces de diamètre 8c fèizc
pouces’de haut -, élevé d’un pic au-deffus du plancher
par trois pics. Deftus font fix poteaux pofes aux ang
le s , 8c retournés fur deux pouces de largeur à chaque
face,fur dix-huit lignes d’épaiffeur 8c dix-fept pouces
de hauteur. A treize pouces 8c demi au-deffus du
•billot font nffemblées les traverfes de même épaifléur
•que les poteaux fur quinze lignes de hauteur, lefquèls
font percés aux endroits convenables pour paffer des
broches de fer de fix lignes de gros & feize pouces de
longueur, dont le haut eft arrêté fixement dans les pré-
cédens trous avec des coins, & le bas qui eft diminué
en pointe, porte fur des plaques ou cfpeces de crapau-
dines de plomb fondues dans des trous faits dans le billo
t , de deux pouces en quarré fur lîx lignes d’épaiffeur.
Le milieu des mêmes traverfes eft percé pour pafter l’aiguille
de fer ou outibot de douze pouces 8c demi de
longueur, 8c fix lignes de g ro s , lequel eft perce par-
enhaut pour pafter la corde qui eft attachée au levier.
Le bas de l’outibot a dix-huit lignes de long & un
pouce en quarré de g ro s , dont ledelfous eft perce de
fix lignes en quarré fur neuf lignes de profondeur. Cet
outibot eft quarré par-enbas fur quatre pouces de hauteur
, dans lequel paflè une traverfe ou moife de fe r ,
laquelle a neuf pouces neuf lignes de lo ng , neuf lignes
de large. & trois d’épaiffeur : les deux bouts font percés
pour pafter les broches de f e r , ôc l’on obferve
deux à trois lignes de vu id e ju pourtour pour y placer
du parchemin coupé par bande, & huile pour que la
traverfe monte 8c defeende facilement le long des broches
de fer. Deftus cette traverfe on met un poids de
plomb , percé dans fon milieu pour pafter la tige de
l’outibot lequel a quatre pouces de diamètre par le
haut & trois pouces de hauteur. On met auffi un peu
de parchemin entre ce poids & la traverfe, pour les
rendre plus adhérens l’un à l’autre. Dans la partie re-
crcufée au-bas de l’outibot on met un poinçon' d’acier
lequel a dix lignes de long fur fix lignes de gros par le
milieu, & cinq lignes en quarré par les bouts, fur lef-
.quels font rccreufes des trous de la groftèur des têtes
que l’on veut faire. Sous cet outibot eft pofé un canon
de fer lequel a feize lignes de long fur quinze lignes de
gros en quarré que. l’on enfonce dans le billot-, le
deftus de ce canon eft percé d’un trou de fix lignes en
quarré fur autant de profondeur.
Dans ce canon on place une enclume d’acier d’un
pouce de hauteur, quatre lignes de groftèur en quarré
par le bas 8c fept lignes par le haut, fur lequel font
gravés quatre trous de differentes grandeurs pour former
les têtes d’épingles. La corde qui parte par le trou
du haut de l’outibot, eft attachée fur un bras de le vier
de bo is , de deux pouces de gro s, à un endroit
diftant du point d’appui de fept pouces 8c demi. Proche
l’autre bout eft lfa corde qui répond a la puiflànce
à onze pouces de diftanec dudit point d appui. Au bas
de cette corde eft un bout de planche de dix pouces de
long fur fix de large, attaché, par l’autre bout avec un
•bout de corde à un piquet. A chaque place il y a deux
planches, de chacune un pié de long & fix pouces de
large, clouées au b illo t, de façon,que ces planches
puiflènt fè mouvoir autour de ces clous pour accotter
les .bras, des ouvriers. Au-devant de chaque place eft
une calotte de chapeau nommé planche, de fix pouces
de long fur quatre de large & deux pouces de hauteur,
d’abord arrêtée fixement au billot 8c qui fèrt à
mettre les hanfes 8c épingles. Du côté intérieur eft
un cercle ou enclos nommé p arc, lequel eft fait d’un
demi-cercle, ayant pour corde ou diamettre toute
l’étendue de la face de chaque pan entre les poteaux.
C e parc fert à recevoir les épingles, à-mefure que les
têtes en font frappées. Au milieu du billot eft un chanî
r . .
delier qui fert à éclaiter toutes les plates. Sur ledft billot
font deux poteaux diamétralement oppofes, de deux
pouces de grofleur, lefijuels font bien ferrés contre les
folives du plancher flipérieur pour bien affermir le billot
8c empêcher que les coups continuels des poinçons
fur les enclumes ne l’ébranlent. . ^ A ■
La.cuillere de fer pour faire cuire les têtes, coûte
x ç C le plomb 8c les autres machines de chaque place
de la machine à frapper les têtes , valent 8 liv. le billot
x i liv. ce qui fait pour le tout enfemble 6o liv.
ƒ Pour faire la tête, l’ouvrier s’affied fur une fellcttc
on billot de bois à trois p ie s, de quinze polices de
hauteur. Dit pié droit qu’il pofe fur la planchette, en
alongeant la jambe il leve le plomb au moyen du levier
, & frappe à petits coup s, après, avoir auparavant
placé le bout de l’épingle de la main droite, avec ufic
tête dans l’un des trous de l’enclume, fur lequel répond
direétement un pareil trou du poinçon dans lequel cette
tête eft frappée de cinq à fix coups. Sa forme fpirale lui
donne la facilité de fe ferrer autour de l’épingle aflèz
confidérablement pour n’en pouvoir être ôtée qu’avec
peine; apres quoi-le frappeur laiffe tomber cette épingle
dans le parc. Pendant qu’il frappe une tête, il a la
main gauche dans-la; calotte ou planche avec laquelle
il prend une hanfe ou épingle fans tête il en pouffe
la pointe dans une grande quantité de têtes qui font
dans un coin de la même planche où il ne peut manquer
d’en enfiler une ou plufîeurs; il prend cette épingle
de la main droite, en faifant fortir d’un coup de
doigt les têtes qu’il auroit pu enfiler de trop; 8c en la
mettant dans le trou de l’enclume (le plomb étant levé)
il l’attire jufqu’à ce que cette tête ait coulé jufqu’au
bout de l’cpingle ; 8c pour lors il recommence à frapper
cinq où fix coups de poinçon' fur-l’enclume, ainfi
qu’il eft dit ci-devant, 8c il recommence la même opération,
ce qui fe fait fans remuer les coudes qui font
accottés, ainfi que nous avons dit précédemment.
Lorfque les trous de l’enclume 8c du poinçon ne répondent
pas précifément l’un fur l’autre, la tête ne peut
être bien faite, & il eft affez difficile de rencontrer cette
précifion; on le fait cependant avec un peu d’attention
en éloignant ou rapprochant les broches, qui étant
pointues & portées fur les crapaudines de- plomb, y
forment différens petits trous où on peut les placer
en levant un peu le poids, apres quoi le chaffis ne
peut fè déranger.
Pour frapper la tête d’une groffe épingle, il faut
des coups plus forts que pour une petite; 8c à cet effet
l’on rapproche la corde qui eft fur le levier un peu
plus près du centre d e , mouvement au point d’appui,
ce qui donne Ja facilité d’élever le poids un peu
plus haut, en rend l’impulfion fur l’enclume plus forte,
mais d’un autre côté l’ouvrier a un plus grand effort a
furmonter avec le pie. t
Un homme peut frapper vingt têtes d’epingles grof-
fes ou petites par minute ; 8c comme il frappe cinq à
fix coups fur chaque tête , le tout produit cent ou
cent vingt coups; 8c un frappeur fait communément
un millier de têtes par heure 8c dix à douze milliers
par jour , non compris le treizième en-fus pour les
dçfectueufés. _ .
Les frappeurs gagnent deux prix différens, (avoir,'
cf fols de la douzaine de milliers, compris le treizième
cn-fus, pour frapper les têtes de groftès. épingles, depuis
le numéro X X II. jufqu’au numéro XIV. 8c 8 fols,pour
les épingles au-deftous, ce qui produit 7 à 8 fols par
jo u r , fur quoi les entêteurs font obligés de fè fournir
de poinçon 8c d’enclume, qui coûtent enfemble
10 fo ls ; de les faire regraver lorfque l’on change de
groftèur d’épingle, ce qui revient à environ z fols par
mo is , comme auffi de frotter, faire fécher & de vanner
les épingles, ainfi qu’il fera expliqué ci-après.
Lorfque les entêteurs reportent leurs épingles au
fabriquant, on les pelé pour tenir compte aux ouvriers
de chaque place, de ce qui leur eft du par douzaine*
après quoi on met une trentaine de livres pefint d c-
pingles qui font dix douzaines du numéro X. & environ
quatre douzaines du numéro X X . dans un bail
P ï H G
quet avec Un fèaû d eaù, dans làquelle oh a fait bouillir
pendant une demi-heure à gros bouillons une demi- 1
livre de tartre-de-vin : ce baquet a vingt-un pouces de
diamètre par le haut & quatorze pouces de hauteur,
avec une anfè de fer Ôç un crampon au haut fufpendu
à une piece dé bois ftable; un homme remue lé tout
pendant une demi-heure fans re lâche, en teriarit le
baquet à deux mains, l’iine au bord de deftus, 8c l ’autre
aux peignés d’en-bas, ce qui jaunit & décraffe l’épingle.
En fin te on jette feaù-, 8c on en remet deux ou
trois fois jufqu’à cé que l’on connoiflè par la netteté
de l’eau que les épingles auront été bien déçrafféës ;
cette derniere opération dure environ un quart-d’heure,
8c elle eft faite ainfi que la précédente pàr le tourneur
de la roue de l’empôinteur ; ainfi qu’il a été dit dans fon
lieu. .
Ce baqlièt coûté f liv. avec fà ferrure.
Enfiiite on jétte l’éau pour bien égouttér les épingles
qui font pour lors jaunes, 8c oh les fait blanchir
dé la façon drivante.
On met un demi-poûce d’épaiflèur d’épingles fur lés
plaques rondes d’étain le plus fin d’Angleterre de feize
pouces de diamètre ; l’on pofè les plaques l’une fur .
l’autre au nombre dé vingt fur une croifee ou gril de
fer où font attachées quatre cordes, en obfervant de
xnettrè la mêïnè forte d’épingles enfèmble ; deux hommes
portent ces plaques dans une chaudière de cuivre
rouge qui a été mife auparavant fur le feu, laquelle a
dix-huit pouces de diamètre & deux pies 8c demi de
hauteur ; l’on continue de mettre plufîeurs de ces croi-
fées de fé r , chargées chacune de vingt plats jufqu’à la
hauteur du bord dé la chaudière, en obfervant de mettre
dehors les bouts dès cordes attachées aux croifées
qui portent ces plats ; l’on emplit enfuite cette chaudière
de 1 eau la plus claire qué l’on peut avoir avec
quatre livres de tartre-de-vin le plus blanc 8c le meilleur;
on laiffe le tout bouillir enfemble pendant quatre
heures de tems à gros bouillons; enfuite quatre hommes
enlevent lâ chaudière de defliis le feu avec deux
galons oü leViers de bois qu’ils paflènt dans des crochets
mis aux boucles dé fer qui font de chaque côté
au haut dé la chaudière, 8c on retire les ctoifées avec
leurs cordes que l’on met féparément dans un baquet
d’eau fraîche 8c nette; En retirant les plaques d’étain,
ôc ne mettant enfèmble que les mêmes fortes d’épingles
, on l'es lavé biéri ; après quoi on Verfè l’feau dés
baquets, & on met les épingles de chacun fur une fer-
piliere de groffe toile : cette fonction a été faite pat
le jauniffeur qui eft auffi le tourneur de la roiie à.
èmpointer.
Enfuite les entêteurs d’épingles font tenus ; fur le
prix ei-dèvaiit dit; de frotter 8c faire fécher les épingles
; Ce qui fe fait en mettant environ quatorze livres
d’une même forte avec dti fon dans un fac de cuir Com-
pofé de deux peaux de mouton coufues enfèmble, à quoi
font employés deux hommes pendant un quart-d’heure5
qui tienhnent chacun le bout du fac & fe renvoient les
épinglés mutuellement environ cinq cens coups à chaque
bout du fàc à frotter j ce qui fait mille coüps en tout.
Cé fac a trois piés de lo n g , dix-huit pouces de large
par un bout ; 8c dix par l’autre;
Enfuite on met fix ou fept livres pefant d’épingles
dans un- plat dé bois de dix-huit polices de diametré
8c trois pouces ôc demi de profondeur ; nommé plat
a vanner, dans lequel on vanne les épingles pour en
faire fortir le fo n, lorfqu’elles font féches; un demi-
quart-d’heure fuffit pour frite cette fonétion ; ôc .ce
font pareillement les entêteurs qui le font für les prix
ci-devant dits;
Les plaques d’étain pcfènt chacune nne livre & demie;
& coûtent vingt-huit fols la livre en lingots, que les
marchands de Laigle fondent eux-mêmes : il én faut
une fo ixantaine pour emplir la chaudierè ; cette chaudière
coûte 80 liv;
La gravellc ou tastre-de-vin fç tire dé la Rocnellë;
ûe la Saintonge, de C h âteau-du-Lo ir, &c. 8c coûte,
tendu a Laigle, z-f liv. le cent pefànt’de cent quatre
livres.
Lorfque les épingles ont été vannées, on en riact cba-
L Ï Ê R. .................. .. J
que forte dans dès demi-boifféàùï où quarts; on les
donne aux bouteufès qui lés placent dans les papièrs;
Ces papiers font percés avec une efpece de peigne dè
fer dont les dents font d’acier, 8c r epréfènté par la fig . 7.
PL. III. que l’on nolnme quarteron.,
Il y en a dè différens, fui van t lès fortes d’épinglès:
celui d’ùn pouce neuf lignes de longueur, deux pouces
de hauteur, avec ùn manche ou queue d’un pouce fur
fix lignes, fur lequel on frappe avec le marteau repré-
fènté par la fig . 8. Ce quarteron convient aux épirigles
des numéros V III. & IX. Il coûte i liv. f fols ; le mar.-
teâii en coûte 1 1 . Ce font lès bouteufès qui fè foùrnif-
fent de cès outils : elles peuvent pèreer douze douzaines
de milliers dè trous par jo u r , gros ou menus.
Unè bonne bouteufè peut placer ou bouter dans lès
papiers quatre douzaines de milliers d’épingles pàr jour,
& une bouteufè ordinaire deux douzaines de milliersl,
groftès 8c petites : ellçs ont 1 fol par douzairiè dè milliers
pour cette opération.
Elles font aUffi chargées d’éplucher les épinglés pouf
rèbuter les défeéhteufès ; 8c pour percer le papier, bouter
les épingles 8c les éplucher , elles ont i fols 6 deri.
par douzaine de milliers, groftès & petites. Les plus
fortes ouVrieres gagnent 4 fols par jour à ces trois fonctions,
n’en faifrnt que deux douzaines de milliers; &
lès enfans de fix à huit ans, qui peuvent y être employés;
attendu la facilité de l’opération, peuvent gagner 1 fol
par jôùr pour bouter feulement.
Ces bouteufès font auffi, dans leur marché, l'empreinte
oü la marque des march'ànds fur les papiers : elles
en font un millier par heure, en frappant du plat de la
main la feuille de papier fur la planche qui eft fixée fur
une table, ôc fur laquelle elles mettent la couleur d’ocrc
én détrempe avec une groflè broffe.
Les dimenfions des outils & machines precedentes;
relativement aux deffeins, font conformes aux outils &
machines, fur lefquels ces obfervations ont été faites;
ôc il eft facile de corinoître ce qué l’on peut y changer.
On heur préfèntenient favoir le prix auquel les épingles
réviennent aux fabriquans, & par là connoiffancc
du prix de ceux qui les vendent, favoir én quoi confift«
leur bénéfice. Pour mettre en état de fairé ces calculs :
voici un détail qui concerne la forte d’épingle numérotée
VI. dont la longueur eft de neuf lignes;
Le douzain oü les douze milliers dudit niimérO V I;
pefe Une livre neuf onces fix gros fans papier, 8c on a
vu par le mémoire dé la façon dont on préparé le fil
pour le réduire anx differentes groffeurs convenables à
la fabriqüation dès épingles, que celui qui a parte par
neuf trous, revient à trénee-un fol trois den. la livre ,
ce qui produit; pour une livre neuf orices lîr. r.' d
fix gros............................... ... ..................... 2 9 7
Pour dreffer ôc couper lés tronçons. . . . ; 1
Empointer. ......................................... i $
Tourneur de la roue à empointer..................... i 9
Repaffer la- pointe. 1
Tourneur de la roue à repaffer. t
Goupér les h an fe s ;.............................................. 9
Tournér lé fil de latêté dés épingles. ? . . . j
GoUper ce fil oü lés moulées. . . . . . . . ; 9
Le marchand fait cuiré lès têtes, dont la déperifé
pour le feu eft èftimée. . . . . . . ?
Pour frappér la tête des épingles..................... 8
Pour décraffer & jaunir les épingles, une demi-
livre de tartre pôür dix douzaines, & le feU
eftimé ; non compris le tenis des ouvriers
qui eft employé dans les prix précédens.. . ; i
Pour faire blanchir les épingles, le tartre ôc
le feu font eftimes . . . . ; ..................... ; .1
Pour placer & borner les épinglés dans le papier
.............. ... ï
Pour le papier fur lequel les épingles; font pi-
qüéés ; la main de papier pefé une livre, 8c
coûte 6 fols; Il-entre cinq orices trois gros
de papier poür la douzaine de milliers def-
dites épingles, qùi valent audit prix . . ; . i
Les outils & faux frais eftimés 4
Total du prix de k douzaine dé milliers' ' ~
d’épingles du numéro V L ; 7 f
B