
H O R L O G E R I E
iulqn'i ce qu'cnfin elle s'arrête. Si la pmffiincc I
étoit auffi confiante que la pefinttur, &.que rien ne
s’opposât à l'on mouvement, la corde comtoueroit H Q
fin fes vibrations : mais le milieu qm refifte au poids,
refifte également aux vibrations de la corde : nous tai-
fons dans l’un & l’autre cas abfiraaion des frottement.
Les Phyficicns ayant découvert les lo is de la pelan-
teur, ont déterminé les tems ou un corps fiitoendug tel
que le pendule fimple, achevé une de fes ofcillations,
Voyez Accélération. De-là ils ont établi une théorie
infiniment profondeI qui détermine tops les tems dans
lefquels un corps fufpendua des hauteurs quelconques
& de différente figure, achevé fes afeil allons. M H fui
cela l’ouvrage deM. Huyghens , fur le mouvement des
f ‘ Non-feulement ils ont déterminé les tems des ofeiçj ■ MM corps qui. parcourt des efpaces égaux en
tems égaux ; ils ont encore decouvert .la courbe , ou
un corps, en vertu de la pefanteur, peut parcourir des
efpaces trèseinégaux, toujours en teins égaux. Voy‘ l
ClCIOltlF. & Brachvstocrone. MM . . .
Enfin les Ebyfieiens Orlt déterminé qu un poids quelconque
qui tombe par une chute libreI en vertu de la
pefanteur, emploie uneWonde de tems a tomber de
quinze p:cs., & que ce même corps fufpencu a un fil de
trois piés huit lignes & demie, emploie également une
fécondé à achever, u s e de fes ofcillations, ce qui (ert de
point fixe pour -Sfibuiér tous|ès tems des differentes
hauteurs d’oùuncorps peut defeendre, E i ÿ « lD * » « T B
C h u t e . I , , . , , . ,
De meme que les Phyficiens ont établi la théorie des
ofcillations des corps fufpendus, ils ont auffi établi la
théorie des vibrations des cordes tendues. ■
L ’on fait que les vibrations des cordes font d autant
plus promptes quelles font plus légères, plus courtes,
& que les forces oh les poids qui les tendent font plus
grands * & réciproquement elles font d’autant plus lentes
quelles ont plus de maffe, de longueur, 8c que-les
forces ou poids qui les tendent font moindres.
La maniéré d’ ébranler les cordes foit qu on les pince,
foit qu’on les frotte, ne change rien au tems de leurs
vibrations. Les efpaces que la corde parcourt par les
vibrations font d’autant plus grands, que les vibrations
font plus lentes, & réciproquement.
Il en eft de même des balanciers avec leurs rcllorts
fpiraux. Leurs vibrations font d’autant plus promptes
que le balancier eft plus petit, qu’il a moins de malle,
& que fon reffort fpiral eft plus fo rt; & réciproquement
elles font d’autant plus lentes que le balancier eft
plus grand, plus pefant, 8c fon relTort fpiral plus loible.
La maniéré d’ébranler les balanciers pour leur faire taire
des vibrations ne change rien, ou prefque rien, au tems
de leurs vibrations. , . .,
Les arcs que les balanciers décrivent par leurs vibrations
font d’autant plus grands quelles font plus lentes,
& réciproquement.
L ’on fait que la loi de la pelanteur fait les tems des
ofcillations des pendules, en raifon inverfe des racines
quarrées des longueurs du pendule. L’on fait de même
que, par la loi de l’élafticité, on determme les tems
Jfcs vibrations des cordes, en raifon inverfe de la racine
quarrée des poids qui les tendent. Or je trouve au balancier
avec fon fpiral la même propriété qu a la corde
vibrante. Il s’enfuit donc qu’on peut avoir un régulateur
élaftique, comme le pendule l’eft par la pefanteur.
3’ai fait plufieurs comparaifons de la formule des cordes
vibrantes avec celle du balancier ; mais comme ceci ne
s’adrefl'eroit qu’au géomètre , il me convient d autant
pins de leur laiffer J e plaifir de H H | H ^ M
comparaifons, qu’ils y peuvent mettre une élégance
dont je ne me fens pas capable. - ... v . : «i ,
La nature ayant donc fourni le moyen de melurer de
petites parties de tems avec une exactitude prefque parfaite
il eft de l’habileté de l’horloger de ne point s’en
écarter & de favoir en faire ufage fans troubler ni altérer
l’uniformité de fes opérations.
Mais un poids fufpendu qui fait quelques ofcillations
s’ arrêtera bien-tôt, fi on ne cherche les moyens de l’entretenir
en mouvement : c’e ft-là le point qui a donne
aiffance à l’Horlogerie.
De très - fimple que fe tsôuvoit la mefurè du tems;.
elle va devenir très - compliquée , & par - conféquent
d’autant moins exaCte, . , , . r
i ° . Que le méchanifme qui agit fur le pendule lera
moins parfait pour entretenir la confiance dans 1 étendue
, les arcs qu’il peut décrire étant abandonnes a la
feule pefanteur. BRBjBB
i ° Que l’on multipliera le poids & les roues pour
faire aller plus long-tems les pendules fans avoir befom
de les monter. ,, «•
x° Que l’on voudra leur faire faire le plus d effets,
comme de fonner les heures & les quarts, de montrer
les variations du fo leil, le quanticme du mois, de la
lune, &c. ............... ,, .r
Malgré toutes ces multiplications d effets, une pendule
qui eft animée par le moyen d’un poids, 8c qui eft
réglée par un pendule qui bat les fécondés, meiure encore
le tems avec beaucoup d exactitude. Mais cette
jufteffe eft bien - tôt altérée , lorfque pour quelques
commodités d’ornemens, l’on vient à fuppnmer les
poids & raccourcir le pendule au point de ne lui taire
battre que les demies, les tiers ou quarts de (econdes,
&c. telles font les pendules d’appartement. |
Par une fuite de commodités, l’on a bien-tot voulu
porter la mefure du tems dans la poche : voilà 1 origine
des montres. Mais combien n’a - t -o n pas perdu de la
jufteffe & de la précifion> • I I
Au pendule qui faifoit fes ofcillations en vertu de la
pefanteur {voyei R é g u l a t e u r ) , on a fubftnue un balancier
avec fon reffort fpiral infiniment moins régulier*
Voyez V i b r a t io n .
Au poids confiant qui entretenoit le pendule en mouvement,
l’on a fubftitué uq. reffort fujee à mille imperfections,
à caffer, à le rendre, & à des inégalités auxquelles
on ne remédie qu’en partie. Voye[ R e s so r t
MOTEUR. , , i t t r Au poids confiant des pendules en place dans la poli-
tion la plus avantageufe pour toute la méchamque des
mouvemens, & dans une température à-peu près égale,
l’on fubftitué alternativement de les porter par toutes
fortes de fecouffes, & de les mettre en repos dans différentes
pofitions & températures. / ,
Enfin à une execution aifée on en a fubftitué une infiniment
difficile, & l’on peut dire que les obftacles fc
multiplient ici autant que le volume des montresdiminu
e , 8c que leur compofition augmente. V. M o n t r e .
Mais ne peut-on pas faire cette queftion ? Si l’exécution
& la théorie des montres eft fi difficile, pourquoi
en v o it-o n quelquefois de mal faites qui vont bien,
tandis que l’on en voit de bien faites qui vont mal?
C ’eft une vérité qu’ il r.’cft pas poffible de révoquer en
doute, 8c qui mérite un éclairciffement, moins pour
l’honneur des artiftes que pour la honte des ignorans.
L ’on fait que pour conftruire une excellente montre
il faut, comme je l’ai déjà dit, réunir à une fupérieure
exécution une théorie des plus fubtiles. Manque-t-on
le plus petit objet dans le détail 8c la précifion qu’il demande,
la montre va mal: pour cela e ft-on en droit
d’en conclure quelle eft mauvaife? Non affurérnent ; il
fuffira même pour la corriger de la remettre à Tartine
qui Ta conftruite, il eft plus en état qu’aucun autre d y
remédier. Il fuffit pour cela qu’ il fafle une exaCte révision
des parties, qu’il prenne le foin de la voir marcher
quelque tems ; alors quelque fubtil que foit Je
défaut, il n’échappera point à fon intelligence.
Il s’en faut bien qu’il en foit ainfi de la mauvaife montre
qui va bien : c’eft à la concurrence de fes défauts
en tout genre quelle doit fa jufteffe apparente, il fuffi-
roit même d’en corriger un leul pour la voir mal aller.
Mais comme il fe trouve une caufe commune qui
fait généralement varier toutes les montres, mais bien
plus les mauvaises que les bonnes, indépendamment
de leur conftruCtion & de leur exécution, il eft bon que
j’en donne une idée telle que l’expérience me Ta^fou-
vent fournie, d’autant plus que cette caufe n’a pu être,
affujettie à aucune jufte eftimation, ni par fe phyficien,
ni par le praticien : c’eft la derniere difficulté que je me
fuis propofé de faire connoîcre dans cet article.
Dans toutes fortes de machines compofees, telle
au une
Î Î Q R L O
qiAtftë iftontre bien oü mal faite, il y a plufieurs mobiles
, qui fè communiquent le mouvement en vertu d’une
première caufe ou force motrice.
Dans cette coiftmunication il fe préfente deux refi-
ftances; Tune qui réfulte dans la maffe du mobile, &
fautre dans le dégagement des parties qui étant appliquées
fur le mobile pour lui communiquer le mouvement,
pénètrent un peu ce mobile par Tinégalité des
fiufaces des parties antérieure 8c poftériêure qui Jüi fervent
de point d’appui.
C eft de cette pénétration réciproque des parties in-
fenfibles de la filrface que refuïte la refiftance qu’on
appelle le frottement.
Mais comme Ton ne connoit absolument point la nature
des matières ni le tiffu des furfaces, l'on ne peut
connoître celle des frottemerts ; c’eft pourquoi Ton n’a
pu jufqu a préfent, avec les raifonnemens les plus fub-
tils 8c les expériences les plus exaCtes, établir aucune
théorie générale qui détermine exactement la mefure
de cette refiftance.
Mais fuppofé qu’on trouve par quelques moyens la
Valeur de cette refiftance; ce qui pourroit Suffire à prefque
toutes les machines en général, feroit encore bien-
loin de l’être à l’Horlogerie en particulier : car ce ne
feroit pas aflèz de Savoir combien cette refiftance épui-
feroit de force, il faudroit encore y faire entrer le tems
employé à l’épuifer.
Ainfi dans différentes machines, les effets peuvent bien
être les mêmes 8c les parties de teirs varier, fans que
cela tire à conSequence pour le refultat de la machine.
Mais dans 1 Horlogerie, les plus petites parties de
tems doivent être toutes égales entre elles ; d’où il fuit
que cet art exige néceffairement deux connoiffances
dans le frottement : i° . la force néceffaire à le vaincre :
a0, le tems quelle y emploie. Ces deux caufes qui fe
combinent de tant de façons différentes, font la fource
d’une infinité de variations qui fe rencontrent dans
l’Horlogerie.
Pour donner une idée de la difficulté d’établir aucune
théorie fur le frottement, relativement à l’Horlogerie,
il faut lavoir que d’après les expériences les plus exades
&fouvent répétées (toutes choies d’ailleurs égales dans
les furfaces frottantes, au-moins autant que la vue feule
peut le faire connoîtrei & fans appereevoir aucune différence
affignable, quoiqu’il foit fort probable qu’il y
enavoiten effet) : Ton trouve, d is-je , par des expériences
répétées, des réfiiltats qui different entre eux; c’eft-
à-dire qu’il faut- quelquefois plus ou moins de force
pour vaincre le même frottement : 6c par la même raifon
on voit auffi de la différence dans le tems employé
à le vaincre : enforte que l’on ne peut par aucun raifon-
nement ni par l’expérience, eftimer précifcment cette
refiftance, ni le tems employé à la vaincre.
Tout ce qu’on pourroit avancer de plus pofitif fur
cette matière, d’après ces mêmes expériences, c’eft que
les variations que le frottement préfènte, foit dans la
force, foit dans le tems, fe trouvent entre de certaines
limites qui font d’autant plus étroites, que les furfaces
frottantes font moins étendues, plus dures,.plus polies, 8c qu’elles paroiffent avoir le moins changé d’état: 8c
c eft précifément le cas où fèjtrouve une montre bien
faite. ^
Et au - contraire, les variations font d’autant plus
glandes, que les furfaces font plus étendues, moins
dures 8r moins polies, & par - conféquent plus fu jettes
a recevoir des changemens; & c’eft le cas où les mau-
.Vaifes montres fè trouvent.
Mais quoique les variations d’une mauvaife montre
foiebt très - grandes, rien n’empêche rigoureufement,
quepar une fuite de ces mêmes variations, il qe s’en
puifle trouver quelquefois qui aillent bien pendant un
certain tems : 8c bien - loin qu: une telle montre puifle
erre imitée dans cette régularité momentanée, la caufe
eft tellement compliquée qu’elle tient au réfultat
d un enchaînement de défauts multipliés par le frotte-
ttient, qui, fe compenfânt les uns par les autres, pro-
duifent cette heureufè combinaifbn que toute la feiencè
, 1 horloger ne fàuroit prévoir ni alfigner : enforte
qu on ne peut regarder cela que comme un effet du
nafard, auffi n’arrivcft-il que rarement.
G Ê R t Ëv «
Si d’un autfe coté fo ft jomt lés pirïndpalés eâüfès
morales, qui font quelquefois trouver bonne une rntfiL
vaife montre , Ton verra que pour T ordinaire elles
confiftent en ce que la montre coûtant peu, le propriétaire
en exige moins dè régularité , & né prend pas
même le foin delà fiiivre fur une bonne pèndulé.S’il
lui arrive de la comparer au méridien, 8c qu’elle s y
trouve jufte, il conclut que fa montre eft parfaite, dans
le tems même que, pour l’être, elle devroit paroîtré
autant avancer ou retarder fur le foleil qu’il a loi-même
de ces erreurs en différens tems de 1 année. L ’ou*
bli quelquefois de les monter eft encore avantageux
aux maitvaifes montres, parce que cela fourniflànt
To,ccafion de remettre à l’heure, les erreurs ne s’accumulent
pas.
II fuit de tout cela, que le peu d‘intélligence quelles
exigent, & q u ife borne à faire quelles n’arrêtent pas,
contribue à les multiplier; G ’eft en quoi beaucoup d’horlogers
fonj tellement confifter toute leur fcience, qué
la plupart n’ayant fait aucune preuve de capacité. -
ignorent parfaitement que les montres varient, & ils
fe contentent même dans leur pratique, de copier autant
qu’ils le peuvent les habiles artiftes, fans pénétrer
les vues qui les ont dirigés dans leurs pénibles recherches;
& par une fuite des fatalités humaines, ils mpif-
fonnent fouvent avec facilité ce que les autres ont femé
avec beaucoup de peine.
II fuit encore que l’Horlogerie eft peut-être de tous
les arts celui où l’ignorance devroit être le moins tolérée
; i° . parce qu’une mauvaife montre ne remplit
aucun but, puifqu’on ne peut compter fur elle pour
favoir l’heure.; a0, parce qu’il eft trop facile de faire
marcher la plus mauvaife montre pendant quelque tems
& que l’épreuve de quelques mois eft équivoque & ne .
prouve rien : enfift parce qu’un mauvaife montre peut
avoir l’apparence d’une bonne, & que par cela même il
eft trop aifé de tromper le public, fur-tout fi Ton fait
attention que pour les vendre avec plus de facilité, Ton
y fait graver impunément les noms des plus habiles
artiftes ; ce qui devient funefte à fa r t en général 8c à
l ’artifte en particulier. Un objet de cette importance,
qui intéreffe le public, ne pourroit-il en être une de
confidération de la part du gouvernement ?
II fuit enfin de toutes ces réflexions, que pour avoir
de la bonne horlogerie, il faut abfolument s’adreffer
dire&ement aux habiles îôrtiftes, fi Ton veut être affurc
de n’être point trompé.
Il ne fera peut-être pas hors de place de tracer ici
Thiftoriquc de la perfeétion de l’Horlogerie en France
où elle s’eft rendue fi fupérieure depuis quarante ans*
qu’elle ƒ eft acquîfe la plus haut? réputation chez l’étranger
même, qui la préfère actuellement à toute autre
parce qu’elle l’emporte véritablement par la bonté &
par le goût.
Sous le régné de Louis XIV. tous les arts furent perfectionnés,
l’Horlogerie feule en fut exceptée, foit qu’on
n y pensât pas, foit que le préjugé où Ton étoit alors
de la bonté des ouvrages d’Angleterre, fur-tout de ceux
de méchanique, fut^encore trop fo rt, elle refta dans
un état de médiocrité qui ne la fit pas rechercher.
La régence fut l’époque de fon changement. La\r
cet ingénieux miniftre des finances, fe propofa de perfectionner
l’Horlogerie, & de conferyer à la France
par ce moyen, des fommes quelle faifoit pafler en
Angleterre en retour de la Tienne. Dans ce deffein il ar-
tira beaucoup d’Anglois, il en forma une fabrique donc
M .d e S u ly , qui avoir pour l’Horlogerie plus de génie
que de talens, fut nommé directeur. Mais cette fabrique
. étoit trop bien imaginée pour que la j^Ioufie angloifo
lalaifsât long-tems fubfifter. Bien-tôt elle rappclla fes
fujets. La plupart s’en retournèrent, & ne laifferent
après eux que l’émulation établie par la concurrence.
Julien le R o i parut,qui avoit de fon côté pour cet art
plus de talens que de génie. Il fut connu de Suly , en
fut protégé, encouragé, & devint tellement amateur
des bons ouvrages, que dès-lors il n’employa plus que
de bons ouvriers, ou de ceux qui moruroient des dife
pofitions à Je devenir. 11 prit de l ’horlogerie françoife
Ôc angloife ce qu’il y avoit de bon. Il fupprinu de celle-
£