Des Faiseurs de Voyages ont reproché aux Dames Nord - Hollandaises , une certaine uniformité dans leur
habillement qui tient de la roideur ; tranchons le mot : ils ont dit que cet habillement les rendoit maussades.
Ce reproche est, on ne peut plus, injuste. Sans compter que les femmes, qui habitent les villages
et les petites îles de la Nord-Hollande, ne sont pas plus ridicules que les villageoises et les insulaires de
tout autre pays du Monde , qui tiennent aux manières et au costume de leurs ancêtres : on pourroit répondre,
en premier lieu, à ces détracteurs , que, dans les villes et les gros villages, les Femmes sont
ordinairement surchargées d’ or et de pierreries , au point que leur Coé’ffure seule (que nons avons décrite
à la PI. 6 , ) coûte quelquefois au-delà de 2000 florins. E t , si l’on nous objectoit que l’or et
les pierreries n’empêchent pas toujours qu’ on n’ait l’air bien sot , et qu’on ne le soit en effet ; nous
pourrions ajouter que les Grecs , sans contredit nos maîtres en fait de goût , ont d’abord représenté
les Grâces sous la forme de pierres quarrées, Mais, sans chercher, en faveur des Nord-Hollandaises,
des arguments dans la rusticité des Anciens ou dans le ridicule des Modernes, contentons-nous de dire
et de montrer aux yeux,, que ces femmes charmantes adoptent, sans affectation, toutes les modes nouvelles
dans leur Habillement et leur Chaussure; mais qu’elles ont le bon esprit de voir que leur coëffure
brillante et légère va bien à toutes ; et que , tandis que les Coëffures éphémères de nos Voisines exposent
tantôt leurs attraits au haie, et tantôt les dérobent à tous les regards, celle des Nord-Hollandaises
11e cache au blond Phébus que ce que ses feux pourroient gâter , et n’en laisse que la moitié à
deviner aux amants terrestres.