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Ces habitants dés grandes Villas se ressemblent en tous pays: aussi n’est-ce pas au sein des capitales,
que l’observateur va chercher les originaux, sur les quels se peint au naturel 1 influence du climat, des
moeurs et des habitudes locales. C’est dans les villages seuls, qu’ on trouve l’homme à-peu-prés comme
le fit la nature, et, tout au plus, uniformément modifié par l’ air qu’il respire, parle sol qu’il cultive, par
le plus ou moins de liberté que lui ont laissé fes maîtres.
Deux habitants (mâle et femelle) de l’ ile de fValcherm en Zélande ressemblent en tous points au petit
coin de terre qu’ils habitent; plats, circonfcrits et uniformes comme la partie du sol qui leur est tombée
en partage, la couleur même de leur habillement, paroît en général, empruntée des brouillards fréquents qui
couvrent” leur île. Encore sont-ils représentés ici dans leur habillement des grandes fêtes, c’ est â dire,
vêtus comme ils le sont pour aller à l’église où au' marché. Voici ce qui distingue 1 accoutrement de ces
deux personnages de plufieurs autres que nous avons déjà décrits.
Le Villageois porte sur la tête un Castor de la plus fine espèce et à longs poils. Par-dessus sa chemise,
dont .le collet se ferme au moyen de deux boutons d’or, il estj revêtu d’un Gilet de chamois, tantôt
rouge, tantôt bleu, garni de boutons d’argent travaillés à jour. Les boutonnières en sont garnies de
cordon de soie rouge ; et des deux dernières sortent des ganfes du même cordon, qui vont s’adapter aux
boutons d’ or de la chemise. Par dessus le gilet, est une veste de drap bleu-foncé, à pans très-longs,
formant deux, poches, qui descendent .presque jusqu’aux genoux, ce qui fait qu’on n’apperçoit ni les larges
boutons’, ou plutôt les médailles d’argent attacheés au haut-de-chausfe, ni la massive chaîne de montre de
même métal qui tombe du gousset. La Culotte est noire, le. Surtout [est noir, les Bas et les Souliers sont
noirs; et tout cet attirail noir n’ est rehausfé que par l’ éclat de grosses Boucles d’irgent qui attachent les
souliers et les jarretières.
Quelque simple que paroisse rajustement de la Femme, il ne laisse pas d’avoir du prix, et quelque chofe
qui le distingue de l’habillement des paysannes dans les autres parties de la République. D’abord ce Chapeau
de paille, qui semble plutôt planer qu’être fixé sur la tête qui le porte , est troussé tout exprès de
manière à laisfer voir un-Bonnet) très-artistement plissé , de desfous le quel sortent des’Noeuds de fil dor
joliment bouclés, tandis qu’une large Lame du même métal décrit une courbe brillante sur le milieu du
front. Moins élégant, mais non moins fingulier, est le grand corps de baleine, en forme de large entonnoir.
La belle jupe rayée et le tablier de toile à carreaux ne se mettent que quand ces femmes voyagent à
pied: fi elles viennent au-marché en Voiture, elles attendent, pour les mettre, qu’elles soyent arrivées à
la porte de la Ville.- Si elles affectent quelque coquetarie, on peut dire que ce n est qu aux extrémités
tout, depuis le col jusqu’aux talons, paroît être d’une seule pièce; il n’ y. a de détaché que les rubans
du chapeau, et les courroies des souliers, qui sont doublées en teinte légère, et toujours renversées
fur les boucles, au point de ne pas lès laisser paroître.
Les paysans de la Zélande, comme tous ceux de la République Batàvé, sont en général trés-sobres; ils
ne manquent cependant pas de faire de la dépense, au moins deux fois l’an, au mois de Mai et de Novembre.
Suivant une coutume, dont l’ origine se perd, dans la nuit des temps, on ne congédie les domestiques
et on n’en prend de nouveaux qu’ à ces deux époques. Alors, garçons [et filles se donnent rendez-
vous (c’est la scène représentée dans le tableau ci-joint) pour aller se pourvoir au marché des choses
nécessaires pour entrer en service. Ce marché est une espèce de foire , pendant la quelle ces bonnes-gens
se-livrent à-l’allégresse,, et après la quelle chaque galant conduit sa belle chez ses nouveaux maîtres.