relâche à Rawack, et publiées dans leur tra v a il,
si elles n ’ont pas été décrites déjà dans les ouvrages
qui ont p u paraître sur les Moluques. C’est
ainsi q u ’à mesure que le long sillon de notre
campagne se déroule devant moi, j ’ai lieu d’observer
partout que les parties les plus reculées du
globe ont été déjà explorées p a r d’autres voyageurs;
le seul espoir qui me reste est donc de
glaner dans un champ déjà moissonné, ou bien
de saisir quelques points de vue nouveaux, quelques
rapports ignorés ou bien négligés.
Ici, comme d an s to u te lam e r du Sud,on p eut se
convaincre que les Lépidoptères se trouvent dans
un rapport beaucoup plus grand avec les autres
ordres q u ’en Europe. Sur 1 38 espèces recueillies
dans l’espace de quelques jo u rs, 54 appartiennent
à cette brillante famille, et plusieurs se distinguent
p ar leur forme et par leurs couleurs.
A Waigiou, ainsi que je l’avais déjà éprouvé
au Port-Praslin , le botaniste est fort incommodé
par les fourmis, elles grimpent sur les tiges des
plantes, et s’emparent surtout des fleurs, où elles
se nichent par centaines et d’où il est fort difficile
de les déloger. Cependant, si on néglige cette
pré c au tio n , une fois de retour dans la ch am b re ,
de douloureuses morsures vous font bientôt re pentir
de votre négligence. Quelquefois ces cruels
animaux se répandant sur toutes les parties de
mon corps , m’ont mis dans u n état déplorable.
Je dois indiquer aux naturalistes les régions
basses, ombragées, et même marécageuses, plutôt
que les coteaux dépouillés. Jugeant de ces
pays d’après les n ô tre s, j ’ai gravi jusqu’aux sommets
élevés qui dominaient notre mouillage, au
travers d’un terrain argileux couvert seulement
d’un épais tapis de fougère et de quelques a rbustes
clair-semés. Un soleil b rû la n t, une atmosphère
embrasée, me tourmentaient horriblement;
un moment même, la fatigue et faccablement
me firent tomber , ainsi que mon compagnon
Williams, au pied d’un ro c h e r, et mes peines ne
furent récompensées d’aucun succès. Nul oiseau,
nul insecte ne troublait le profond silence qui
régnait sur ce triste coteau, la cigale même y
avait suspendu son chant. Sans d o u te , les animaux
ne peuvent non plus endure r ces dévorantes
chaleurs; bannis de ces lieu x , ils se réfugient
dans ces marais immenses sous ces ombrages toujo
u rs frais qui b o rd en t certaines parties de la baie.
On p eu t s’y livrer sans crainte à ses recherches ,
aucun insecte venimeux, aucun serpent redoutable
ne s’y est offert à mes regards.
Jusqu’i c i , mes collections d’insectes n’avaient
eu à souffrir que de l’h um id ité , et j ’espérais n’avoir
à lu tter que contre cette cause de destruction.
Une triste découverte a détruit cet espoir : dans
notre traversée de Waigiou aux Moluques, nous
avons éprouvé que les kakerlaks, apportés dans
le bois et les fruits du Port-P ra slin, avaient pullulé
d’une manière effrayante, tellement que tou