
É T A T P A R F A I T .
Au moment où ce Sphinx fort de fa coque, fes ailes refferrées par de
petits plis parodient très-courtes, mais en peu de minutes elles fe développent
& fe montrent dans toute leur étendue. Les Auteurs que nous avons ci-deffus
c ité , nous apprennent que le fond de leur nuance varie beaucoup. De deux
feuls individus qu’ils aient pu élever de la Chenille, l’un avoit le corps
& les ailes fupérieures de couleur orangée très - vive & très - brillante,
l ’autre d’ocre pâle. Dans tous les deux, les ailes inférieures étoient de couleur
canelle à leur bord extérieur, & d’un rouge fombre vers le milieu & près
du corps. Les portraits que nous dormons ici, different de ces deux defcrip-
tions. Ils font copiés fur des originaux très-frais du Cabinet de M. Gigot
d’Orcy, qui les a reçus des environs de Vienne en Autriche, 6c depuis
peu, nous en avons vu d’autres qui leur relfemblent parfaitement. Dans les
deux fexes, le fond des ailes & du corps en delfus , Fig. 1 6$ c , e , eft chamois.
Le bord extérieur des quatre ailes eft brunâtre. Les fupérieures font
traverfées par deux bandes noirâtres, larges par en haut, & allant en diminuant
vers le bas. Les inférieures font blanchâtres au bord d en haut 6c au bord
d’en bas, ôt d’un rouge tendre ou fleur de pêcher, au milieu 8c près du
corps. On trouve à l’angle d’en bas des quatre ailes , deux taches prefque
noires, l’une qui touche le bord , 6c 1 autre au-deffus. Les antennes font
blanchâtres en deflus , 6c couleur d orange en defTous. Elles font dentelées
dans le mâle , êc en filet dans la femelle. Celle-ci a le corps beaucoup plus
gros que le mâle.
Le delfous des deux fexes différé beaucoup. Celui du male, Fig. i S y d,
eft d’un blanc-jaunâtre, avec de petites raies brunes tres-étroites. Celui de la
femelle, Fig. i 6$ f , eft d’un jaune un peu rougeâtre. Une partie des ailes
inférieures eft blanchâtre.
On n’a encore trouvé cette efpéce qu’aux environs de Vienne en
Autriche, 6c peu d’amateurs la poffédent.
Elle a été décrite fous le nom de Quercus , par :
Le Cat, Syfi. pag. 2 4 4 , tah.I a, fig. 2 ( b j ê fab. I b , fig. H
Efper j tom. I l,ta b . XIX. Supp.l^pag. 164.
Fuefjly , Mag. Ent. 1". Cahier, pag. 106.
P l a n c h e CXXI , N uméro i 6 G.
LE SPHINX DE L’EPILOBE.
P R E M I E R É T A T .
B j A forme des ailes de ce Sphinx l’a placé dans notre troifiéme drVifion ,
mais fa Chenille ne reffemble point à celles de cette claffe. Sa tête eft petite
6c fphérique. Elle n’a point de raies obliques fur les cotés. Dans fon premier
âge, fon corps eft d’un beau verd clair couvert de taches d un verd plus foncé.
Les ftigmates font rouges. Au lieu d’une corne fur le dernier anneau, elle a
une plaque ronde jaune bordée de noir , au centre de laquelle il y a tn
point noirâtre. Lorfque cette Chenille prend fa derniere peau, toutes ces
couleurs difparoiffent. Dans l’efpace de quelques minutes, elle grandit ôt
groflit du double, 6c devient brune, telle que nous la repréfentons Fig. 1 66 a.
La plaque fur le derrière , qui auparavant élevée en forme de voûte, étoit
liffe 6c brillante, s’affaiffe ôt fe ternit. C eft fans doute cette étonnante
métamorphofe qui a fait dire à M. Fueffly qu’il y avoit dans cette efpéce
des Chenilles brunes ôt des Chenilles vertes. En effet, il faut avoir fuivi ces
changemens avec attention, pour pouvoir fe perfuader que ce foit le même
individu qui paroiffe fous deux afpeâs fi différens. Arrivée a ce dernier état ,
cette Chenille mange confidérablement pendant trois jours , apres lefquels
elle celle de prendre de l’accroiffement. On la trouve ordinairement au mois
de Juin, fur l’Epilobe velue ou fur celle dos marais ( 1 ). Elle aime auffi
beaucoup les feuilles fraiches, 6c encore plus les boutons des fleurs d une
plante autrefois étrangère, mais aQuellement connue en Europe, appellée par
( 1 ) Flore Fraoçoife ; Ton»« fl1 > 47? & 4^° > n-' I577 > ^