
une efpéce de toît qui le couvre entièrement,, au lieu que dans les Papillons
Bourdons , le corps relie toujours à découvert.
Les Chenilles qui produifent les Sphinx Béliers , reffemblent par leur
forme aux Chenilles Cloportes. On n’en connoît qifun petit nombre. Elles
n ont pas de corne , & leur peau n’eft point chagrinée. Le deffus .de leur
corps efb couyert de quelques points noirs ifolés, qui forment deux ou quatre
rangées. La Chenille du Sphinx de la Statice ( Statices Lin. ) eft la feule qui ait
quelque chofe de particulier ; ce font des écailles qui la couvrent. Ces Chenilles
ne fe retirent point en terre pour fe métamorphofer, mais fe bâtiffent, comme
la plupart des Phalènes, des coques, dans lefquelles elles fe changent en
Crifalides de forme cilindrique. Ces coques ont la confiftance d’un fort
.Vélin.
Linnæus , Efper , &c. ont nommé prefque tous les Sphinx Béliers ,
du nom. des Plantes dont ils pompent plus volontiers le fuc. Nous fuivrons
cette indication qui eft la meilleure , & il n’y aura d’autre différence entre
notre nomenclature & la leur , que celle du nom François que nous employerons
au lieu du nom Latin dont fe font fervis ces Auteurs. Aux efpéces qu’ils
ont décrites , nous en ajouterons plufieurs qu’ils n’cnt pas connu , & qui
ne font repréfentées dans aucun Ouvrage.
P lanches X C V & XCVL N uméro 13 3 .
SPHINX DE LA PILOSELLE.
É T A T P A R F A I T .
U S ne connoiffons point la Chenille qui produit ce Sphinx. Les
Auteurs du Catalogue Syftématique des Papillons des environs de Vienne
en Autriche , difent, page 4 j , qu’ils l’ont fouvent trouvée le foir dans
les prés, fe repofant tantôt fur une Plante , tantôt fur une autre , ou
marchant de 1 une a l’autre , mais qu’ils n’ont jamais pu découvrir celle
dont elles faifoient leur nourriture. Ils ont quelquefois emporté de ces
Chenilles chez eux. Les unes y ont vécu deux ôt trois femaines, fans
manger ; d’autres parvenues au moment de leur transformation , s’y font
changées en Crifalides , & ont donné leur Papillon. Son corps & fes
antennes font noires, avec un reflet bleuâtre, pas bien fenfible. Ses ailes
peu chargées de plumes, font prefque tranfparentes. Elles font plus larges ôt
plus arrondies que celles des autres Sphinx Béliers, fur-tout à la femelle.
Un bord noir très-étroit, changeant en bleu foncé, entoure leur côté
extérieur. Les ailes fiipérieures en deffus font d’un verd changeant, tirant
un peu fur le noir dans le mâle , Fig. 135 <z , PI. X C , ôc confervant
une'nuance plus claire dans la femelle, Fig. 123 c. Elles font dans les
deux fexes chargées de trois taches d’un beau rouge. Des deux qui
prennent naiflance auprès du corps, l’une fuit le bord d’en haut, l’autre
occupe le milieu de la largeur de l’aile. Elle s’étend un peu plus loin que
la première , fit elle eft plus large. La troifiéme remplit l’intervalle que
laiffent entr’elles ces deux là , mais elle fe prolonge davantage , &
s’élargit beaucoup vers fon, extrémité extérieure. Dans quelques individus ces
taches font un peu féparées entr’elles par la couleur du fond; daris d’autres
elles ne le font que par les nervures noires qui traverfent les ailes. On
les voit également des deux côtés , mais quelquefois , elles font un
peu plus brouillées en deffous & plus pâles. Le fond eft aufli un peu
plus clair en- deffous, comme on le voit aux Fig. 133 b , d. Les ailes
inférieures deffus & deffous font toutes entières d’un très-beau rouge.
Ce Sphinx eft très-rare »dans quelques endroits ; dans d’autres , il ne
paroît pas du tout. Nous ne l’avons vu en France que dans les Provinces
Méridionales. C’eft fur l'Eperviere Pilofelle, Hieraicum Pilofella (1) qu’on
le trouve ordinairement. Il fe nourrit cependant aufli quelquefois des
autres Plantes de la même famille.
La Planche fuivante offre dans cette efpéce plufieurs variétés, dont les
originaux exiftent dans, la Colleôlion de M. Gerning.
La Fig. 133 e , repréfente le deffus d’une femelle, dont le fond des
ailes fupérieures eft d’un verd bleuâtre ; les taches rouges extrêmement
( 1 ) V. Flore Françoife , tom. 11, pag. 9 2 , n°, 82, Y. C’eft. la Pilofelle commune, ou oreille de
rat, que décrit Booiare, tenu VII, pag. ip.