
infenfibles. C’eft ainfi, comme Charles Bonnet l’a très - judicieulement
obfervé, que les différens régnés de la nature fe rapprochent'entr’eux, de
maniéré à pouvoir' à peine fixer leurs limites. Le Polype & la Senfitive ,
par exemple, ne femblent-ils pas joindre l’un à l’autre, ôc confondre
enfemble le régne animal ôt le végétal?
Les caraaeres principaux des Papillons de Jour font : i° . d’avoir les
antennes plus minces à leur bafe qu’à leur extrémité, laquelle fe termine
en bouton ou en forme d’olive plus ou moins allongée j 2 . d avoir les
ailes perpendiculaires au plan de pofition lorfqu ils font en repos ; 3 . de
ne voler que le jour ; 40. les Chenilles qui les produifent ne forment point
de coques , leurs Crifalides font nues & fufpendues, & prefque toutes
de forme anguleufe.
Les Papillons nodurnes ou Phalènes, au contraire, ont : i°. des antennes
qui vont en décroilfant depuis la bafe jufqu’à la pointe ; 2°. des ailes
pendantes & inclinées au plan de pofition, ou bien horifontales a ce plan ;
3 °. ils ne volent que la nuit & fe cachent le jour ; 40. la plupart de leurs
Chenilles fe filent des coques dans lefquelles elles fe changent en Crifalides,
dont la forme eft arrondie & prefqùe conique. Les unes entrent en terre
pour y conftruire ces coques; d’autres les bâtilfent en plein air, ôt fouvent
entre les feuilles.
Les Sphinx ou Papillons Bourdons fe rapprochent des Papillons de Jour
par la forme de leurs antennes, qui augmentent en volume depuis leur
origine, & ont leur plus forte épaiffeur près de leur extrémité, mais ils
relfemblent aux Phalènes par le port de leurs ailes qui eft horifontal ou
incliné au plan de pofition. Les uns volent en plein jour ôt continuellement ;
d’autres ne fe montrent qu’à l’aube ôt au déclin du jour. Leurs Chenilles
entrent prefque toutes en terre pour leur transformation, mais la plupart
ne forment point de coques fenfibles. Leurs Crifalides font conformées
comme celles des Phalènes.
Si le port des ailes des Sphinx peut les faire confondre avec les Phalènes,
la forme de leurs antennes les en fépare tellement que 1 on ne peut s y
méprendre. Ce font donc ces deux caraôleres réunis qui diftinguent
effentiellement les Sphinx eu Papillons Bourdons.
Leurs antennes font ou prifmatiqu.es, ou terminées en maffue > mais
toujours plus greffes au milieu qu’aux deux extrémités. Celles nommées
prifmatiques , font celles qui, peu au - deffus de leur origine , prennent
fubitement une augmentation de grùffeur qu’elles confervent jufqu’affez
près de leur bout, où elles fe contournent un peu pour fe terminer par
une pointe qui, quelquefois, porte elle-même une autre pointe compofée
de plufieurs filets ou poils extrêmement déliés, dit M. de Reaumur * , dont * Tom. I. M(m.
nous empruntons ici les termes. Elles ont, ajoute le même Auteur, une
ftruâure remarquable. Leur furface fupérieure eft arrondie, mais le refte
de leur contour eû-formé par deux plans femblables ôc égaux, qui, en fe
rencontrant au milieu de la furface inférieure , forment un angle; la plus
grande partie de leur étendue eft donc une efpéce de Prifme, qui a pour
bafe un fedieur de courbe. Sur les deux furfaces planes des antennes du
mâle , il y a une fiiite de lames tranfverfales, formées par des poils trèsfins
ôt un peu frifés qui les rendent comme barbues. Les antennes de la '
femelle font liffes ôt unies.
Les antennes en maffue font celles qui, depuis leur origine jufques
tout auprès de leur extrémité, augmentent infenfiblement de diamètre. Là
elles diminuent tout-à-coup de groffeur, pour fe terminer par une pointe
d’où fort une efpéce de petite houppe compofée de quelques filets , dit
encore M. de Reaumur *. ■ * u. pag. u8.
Les ailes inférieures des Papillons Bourdons font toujours beaucoup
plus petites que les fupérieures. Celles - ci font, en général , étroites
ôt allongées, d’une forme triangulaire à côtés inégaux. Le côté intérieur
qui s’applique contre le corps, eft toujours plus court que le côté fupérieur.
Dans quelques efpéces, le bord extérieur eft uni, dans d’autres il eft
dentelé ou découpé plus ou moins profondément. L ’angle fupérieur de
ces ailes eft ordinairement très - aigu. Les ailes inférieures ont la même
figure triangulaire que les fupérieures quand elles font étendues ; mais dans
l’état de repos elles ont dans leur longueur quelques plis, comme ceux d’un
éventail, ôt font placées en deffous des fupérieures qui les couvrent en
tout ou en partie. Quand le Papillon eft dans un profond repos , les ailes
penchent un peu vers le plan de pofition.
Jbiçs Sphinx ? ainfi que lçs Phalènes , on t, outre les yeux ordinaires,
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