
■ f
deux points femi-fphériques très-brillans. On croit que ce font des yeux
qui leur fervent à voir les objets éloignés.
Une autre particularité remarquable, obfervée par M. de Geer dans
les mâles des Sphinx & des Phalènes, c’eft que, près de l’origine de
leurs ailes fupérieures, ils ont un petit crochet couvert de poils ou d’écailles,
lequel embraffe un long poil roide qui reflemble à un crin. Ce poil eft
attaché au bord fupérieur de l’aile inférieure près de fon origine. Quand
le Papillon écarte fes ailes, le crochet ne quitte point le poil, mais il fe
laiffe gliffer fur lui & s’avance de plus en plus vers fon extrémité, à mefure
que les ailes s’étendent & s’éloignent du corps. On n’a pu s’aflurer de
l ’exiftence de ces parties dans les petites efpéces, mais on les a conftamment
reconnues dans les grandes. Leur véritable ufage eft encore ignoré. M. de
Geer penfe qu’elles peuvent faciliter le développement des ailes de deffous,
parce qu’il lui a femblé appereevoir que quand le Papillon écarte les ailes
fupérieures, les crochets , au moyen du poil roide, entraînent avec
eux, jufqu’à un certain point , les ailes inférieures, & les obligent de
s’étendre un peu ; mais il ne penfe pas que ce foit-là leur unique utilité.
Efper contredit cette conjecture & imagine que ce crochet & ce poil
fervent plutôt à maintenir la pofition des ailes, pour empêcher que les
inférieures ne couvrent les fupérieures. Ce qui le confirme dans cette penfée,
c’eft de voir que ces parties ne le rencontrent que dans les mâles, dont les
ailes fupérieures s’écartant des inférieures dans la rapidité de leur vol ,
pourroient palfer les unes fur les autres fi elles n’étoient pas contenues;
au lieu que dans les femelles, dont le vol eft plus lourd, les ailes ne fe
féparant pas, gardent toujours la même- pofition entr’elles.
Tous les Sphinx ou Papillons Bourdons proviennent de Chenilles à
feize pattes & parfaitement rafes (i). Les unes ont la peau du corps lifte
& unie, les autres l’ont chagrinée & couverte d’un nombre infini de petits
grains écailleux & durs au toucher, qui la font reffembler à du cuir de
chagrin. Toutes portent fur le onzième anneau du corps une pointe conique
en forme de corne courbée plus ou moins fur le derrière. Cette corne eft
O ) On croit, dit Efper , avoir remarqué qu’elles n'attaquent jamais les Plantes déftinées à notre
ufage.
'dute & raboteufe. A fa bafe elle eft membraneufe & flexible, de forte
qu’on peut la mouvoir en tout fens ; mais la Chenille ne fauroit d’elle-
même lui donner de mouvement; c’eft pour elle une partie immobile qui
ne peut donc pas fervir à fa défenfe, comme Goedart l’a cru , en luî
attribuant même une piqueure dangereufe à caufe du venin qu’il lui a fuppofé.
L ’opinion de cet Auteur eft chimérique. Cette corne eft incapable de faire
aucune bleffure. Lorfque les Chenilles changent de peau , elles changent
aufli de corne. Elles laiffent l’ancienne fur leur dépouille , & en ont une
femblable à l’autre fur leur nouvelle peau. Celle-ci eft contenue dans' la
. . r * * Reaum. Tout. première comme dans un tourreau *. ■ Mém. VI. v-
Le corps de ces Chenilles, eft ordinairement ferme & paraît' dur' fous les
doigts. Il eft prefque toujours moins gros par devant que par derrière :
fon diamètre augmente peu à peu jufqu’au onzième- anneau. Leur tête eft
de deux formes' très-différentes.’ Dans les5 unes elle eft de forme ordinaire,
arrondie ou ovale & un peu applatie ; dans les autres elle eft triangulaire ,
platte par devant , ôc pofée verticalement au corps.
Lorfque ces Chenilles font prêtes à fe : métamôrphofer, elles, changent
fubitement & totalement de couleur fans changer de peau. En moins de.douze-
heures elles deviennent pâles & livides, comme fi elles étoient malades. Elle?
femblent inquiétés, ne mangent plus, vont viennent de tous côtés, comme
pour chercher un lieu convenable à leur transformation. C’eft ordinairement
dans l’intérieur de la terre qu’elles fe changent en Crifalides. Elles s’y enfoncent
plus ou moins. La plupart ne font que comprimer Tes patois de la terre par
leurs mouvemens, & les fortifient avec un peu de foie. Quelques-unes font
des- efpéces de coques,; compofées de terre & de foie. D’autres n’entrënt
prefque point en terre, mais fe fabriquent â fa furface des Goques’groflieres ôt
informes qu’elles compofent avec' quelques feuilles & des grains de terres
réunis enfemble avec de la foie. En général Tes-Chenilles' à corne font de
mauvaifes fileufes. Aucune ne file avant Te moment de ' fa'métamorphofe,
& plufieurs même alors ne filent point du tout. C’eft en Août & Septembre
qu’elles prennent la forme de Crifalides, prefque' toujours de couleur
marron ; & ordinairement terminées à leur extrémité poftérieure par une
pointe duré, raboteufe & un peu courbée. On voit paraître leurs Papillons,
l ’annce fuivante, les ans plutôt, les autres plus tard, quelquefois ils éclofent