
P lanches CVII f CF III, Numéro z 5 5 .
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P R E M I E R É T A T . .
L A Chenille qui produit ce Sphinx, eft appellée par M. de Reaumur, h
Belle. Il la compare aux ouvrages vernis de la Chine. Sa peau, qui eft
très-lilFe, a effeftivement un luifant qui approche de celui du vernis, & fes
couleurs font éclatantes. Parvenue à fa perfeftion, fon fond eft noir,
Fig. 1 JJ a. Tout le long du dos elle a une raie d’un beau rouge. La
tête., les pattes, & le chaperon qui couvre lanus, font de la même-couleur.
La corne fur le derrière, eft rouge auflï, & fon extrémité eft noire. Sur les.
cotés de cette Chenille, dans toute fa longueur , s’élèvent de petites pointes,
en forme d épines. Chaque anneau du corps eft chargé de petites' taches
jaunes rangées en lignes, qui fuivent le contour des anneaux, & qui laiffent
entr elles, au milieu, un elpace noir fur lequel font placées deux greffes
taches de forme prefque circulaire, dont la moitié eft jaune & l’autre rouge.
Au-delfous de ces taches, près du ventre, il y en a d’autres longues rouges.
Ces dernieres, fuivant M. de Reaumur , doivent être triangulaires ; apparemment
que leur forme varie, car la Chenille qui nous a fervi de modèle,
les avoit de la forme dont nous les repréféntons ici. Dans la jeunelfe, elle eft
d’un verd jaunâtre. En grandiffant, elle prend la couleur noire. Ce qui dans fon
parfait accroiflèment doit être rouge, eft d’abord jaune, & ce qui doit être
jaune eft blanc. Peu à peu elle prend les nuances fous lefquelles nous l’avons
peinte. Elle ne fe nourrit que du tithymale à feuilles de cyprès, ou de
celui que les Payfans nommçnt Epurge ( i ) ; mais elles fe laifferoient
plutôt périr de faim que de goûter aucune autre efpéce de plantes. Elles
font tres-voraces , & la préfence des Ipeftateurs ne les arrête point. On les 1
( 1 ) Flore Françoife , Tom. I l l , pag. g ÿ , n°. 71p. XXXIX.
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Voit faifir Une feuille par la pointe, & la manger jufqu’au bout prefqu’aufll
vite & de la.même maniéré que nous mangeons une rave. Elles en dévorent
quelquefois ainfi huit ou dix de fuite, fe repofent un quart-d’heure, ÔC
recommencent à manger. Cette voracité les fait croître très-promptement.
Cinq ou lix femaines leur fuffifent pour arriver à leur entier accroiffement.
On trouve rarement cette Chenille aux environs de Paris. Elle eft commune
dans quelques Provinces de France, 6c connue dans toute l’Allemagne. On
eft prefque fur de la trouver dans les endroits où le tithymale a été commun
l ’année d’auparavant, parce que la femelle les choifit pour y dépofer fes
oeufs. Lorfque ces Chenilles font prêtes à quitter leur première forme, elles
perdent leurs belles couleurs, deviennent d*un brun fal avec des taches
blanchâtres; puis fe retirent en terre à très-peu de profondeur, ou fe cachent
feulement dans des feuilles tombées pour y conftruire les coques qui doivent
renfermer leurs crifalides. Quelques-unes fe transforment dès le mois de Juillet,
d’autres en Août 6c la plupart en Septembre.
S E C O N D É T A T .
L eur Crifalide, Fig. i y j b , eft d’un brun clair. La pièce de la poitrine
a beaucoup d’étendue. Les anneaux y font marqués par des lignes brunes,
ôc le milieu eft jaunâtre. Elles paffent l’hiver dans cet état, 6c donnent leur
Sphinx plutôt ou plus tard fuivant l’époque de la transformation de leurs
Chenilles. On en voit éclore dès le mois de Mai, 6c d’autres à la fin de
Juillet.
É T A T P A R T A I T .
L e corps de ce Sphinx eft épais 6c garni de poils très-touffus. Vu en
deffus, Fig. î y j c, il eft brun-olivâtre. Au bas du corcelet, fur les côtés , il y
a deux groffes taches noires féparées par d’autres qui font blanches. Le refte
de la partie poftérieure eft coupé, à chaque anneau, de lignes blanchâtres
très étroites. La naiffance des ailes liipérieures, le bord d’en haut, les taches
qui tiennent a ce bord, ÔC la bandé tranfverfale près le bord extérieur, font
du même brun que le corps. Le refte. de ces ailes eft jaunâtre, mais la
partie près du bord d’en bas, eft toute couverte de gros points noirs.