..•••. TSssrv"'-'
56 I T A L I A N S C E N E R Y , MA N N E R S , A N D CUS TOMS .
man, says of him," " Dignus est qukiim in tenebris mices,"—" l i e is so honest, tha t you may
play at Mo r a with hnn in the dark -vvhidi is as muc l i as to say, that he would honestly tell
how ma n y fingers he had presented.
^Vc have promised in om* description of the pl a t e No . 15, to explain the action of the Uvo
boys, who are presenting fingers, to know who shall pl ay first. This is caIlcd/«/-e a I tocco. If
there be ma n y to play, they f on n a r ing; and first agree from \vhom they are to begin to reckon.
"When each has presented as ma n y fingers of the right hand as he pleases, the whole n umb e r of
fingers is to b e cast u p ; then, beginning f rom the first person, they continue to count round the
ring till they come to the n umb e r of the fingers s h own ; and the person on whom this n umb e r
falls, commence s the game . He Avho stood on his right hand follo^vs him, and so of the rest,
according to the order in whi ch they are placed. When the players are only two, they generally
de c ide by even or odd.
I T A L I A N S C E N E R Y , MA N N E R S , A N D CUSTOiM.S.
L E J E U D E LA M O U R R E .
L ' O B J E T de cette pl anche n'est pas la petite guingue t te q u e le peintre a vue à Terni, mais le
j e u de la Mourre auque l les figures s'occupent avec la plus gr ande attention. Ce j eu est d'une
antiquité bien reculée, et se jouoit autrefois par tout le mo n d e ; mais à présent il est rel égué
dans les cabarets, et j o u é seulement p a r les personnes q u i les f r équent ent . Ou l'appelle en
Latin rnicare digit is, ou s impl ement triicare ; et ]\Iénage est d'opinion, que de ffiicare on a d'abord
formé micafura, d'où mourre est ensuite venu par corruption. Suivant Ptolomé e Hephestiou,
ce jeu fut inventé par la belle Hélène, qui j o u a avec Alexandre, aut r ement Paris, et qui
gagna. Les feumics Spartiates en faisoient leur anuisement, et y excclloient. L' a c t ion de
montrer les doigts, dans la quelle consiste tout le mystère de ce j e u , se pr a t ique dans d'autres
circonstances, comme nous l'expliquerons bientôt ; mais, c omme le j eu de la mourre est notre
objet principal, nous commencerons par en donner la description. Cha cun des joueur s montre
un certain nombr e de doigts à son adversaire, qui fait la même chose. Tous deux a c cus ent
un nombr e en même temps, et l'on gagne un point q u a n d le nombr e des doigts des deux mains
correspond au nombr e appellé ; et celui qui gagne, ma r q u e son point en élevant un doigt
de l'autre main : on conçoit facilement, qu'on ne peut pas appeller plus de dix. Qu a n d on
présente le poing, ou le coude, cela ma r q u e le nombr e un. Lor sque l'on dit tutta (tout), il
faut montrer toute la ma in ouverte, et, pour gagner le point, il f aut q u e l'adversaire en ait fait
autant. Si aucun des joueur s ne devine, a u c u n ne gagne, et l'on continue. Si tous les d e u x
se recontrent à appeller le même nombre, personne ne gagne, pa r c eque le point est égal des
deux côtés. Six points gagnés finissent la partie, quoique l'on puisse convenir de tout aut r e
nombre de points. Ce jeu peut se joue r à deux, ou á qua t r e , comme le billard. On peut
aussi jouer h ia Mour r e sans parler, et aloi-s on l'appelle la mora mutola, ou mourre muette. Les
joueurs conviennent aupa r avant l'un de prendre le nombr e pair, l'autre, l'inipair ; et lorsqu'une
fois la partie est commenc é e, celui qui prononce un seul mot perd un point ; et s'il s'élève entre
eux que lque difiiculté, il f a u t qu'ils s'expli(iuent p a r signes. La mour r e étoit très-connue des
anciens Romains, et même comme j eu national ; et il est facile de s'en convaincre, en r ema r -
quant, q u e ce j eu étoit passé chez eux en proverbe, ce qui prouve son ant iqui t é . Cicerón, pour
caractériser un honnête homme , auque l on p e u t se fier, dit, " Dignus est qui cum in tenebris
mices ;—" Il est si pa r f a i t honnête homme , qu'on pourroit joue r à la mourre avec lui dans l'ob-
^ H ü a M i í i í •eat