LE DEPART DES JEUNES SAVOYARDS.
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L a Vallée de Chamoiiny, qui est aux pieds des Glaciers de la Savoye, est la scène de cette
planche, ainsi que de la suivante. Dans ce pays montagneux, et dont les montagnes sont couvertes
de neiges éternelles, il n'y a pas assez de moyens d'industrie pour les habitans, ce qui en
porte plusieurs à émigrer surtout en France, où ils s'appliquent à différentes espèces de travaux,
par lesquels, non seulement ils gagnent bien leur vie, mais ils ramassent aussi bien
souvent assez d'argent pour mener chez eux une vie très-aisée dans leur âge avancé.
Parmi ces différentes branches d'industrie, celle de ceux qui vont faire danser la marmotte
est une des plus lucrati%'es. Ce sont des enfans de douze à quatorze ans qu'on envoyé faire
des courses : leur âge, leur propreté, et leur gentillesse, ainsi que leurs manières enfantines
et agaçantes, contribuent beaucoup à leur faire gagner de l'argent.
Dans cette planche on voit un vieillard, retenu dans son lit par les infirmités de l'âge, qui
donne la benediction a son petit fils, qui va partir. Une de ses petites soeurs pleure en le voiant
sur le point du départ, et une parente se tient au chevet du lit, jouissant de cette scène attendrissante.
L'enfant est à genoux à côté du lit ; il a sur son dos le sac des provisions pour commencer
le voyage, et au dessous du sac la vielle, au son de laquelle la marmotte est accoutumée
à danser. Cet animal a été confié au soins de la petite soeur qu'on voit à la droite du tableau,
avec une cassette qui lui pend derrière les épaulés, et dans laquelle on garde la marmotte, qui
reste couchée sur du son. Ces petites bêtes sont dressées à danser, et à faire differens tours.
Le père embrasse la petite fille pour lui dire adieu, pendant que la mère met la marmotte
dans la cassette.
A la gauche du tableau on voit la grande-mère, qui donne de l'argent au filsainé, pour fournir
aux premiers besoins des petits voyageurs. Aux pieds de la grande-mère est un berceau, où
il y a un enfant qu'elle a soin de bercer afin qu'il soit tranquille.
On voit bien que tout cela est copié d'après nature. 11 en est de même de la chambre représentée
ici, dont je ne donnerai point la description, car la simplicité et la propreté des
chaumières de la Savoye et de la Suisse sont célèbres dans tous les livres des voyages.
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