50 ITALIAN SCENERY, MANNERS , A N D CUSTOMS.
LES VENDANGES.
L e s vendanges sont célébrées eu Italie avec tout l'éclat des réjouissances de ses anciens habitans.
Ce sont des orgies, dont la modestie n'a pas à rougir, mais elles sont aussi bruyantes
que les fêtes de Bacchus des anciens Romains. Comme les Italiens qui habitent les villes ne se
retirent à la campagne que depuis le mois de Septembre jusqu'à la fin de Novembre, tous ceux
qui ont une mai on de campagne s'y trouvent dans le tcms de la récolte du raisin. C'est alors
qu'on invite ses amis à venir passer les jours de vendanges chez soi. Tout le monde, même les
dames et les enfants sont pourvusd'un panier et d'un couteau, et aident les paysans à recueillir
les raisins. Tout le tems de la récolte se passe sans bruit ; et tout le monde s'applitpic à
son travail avec assiduité et diligence. C'est lorsque la fermentation des raisins est com-
|)lète, et qu'il faut mettre le vin dans les tonneaux, que l'on célèbre la Îôle des veudauii'es.
Pendant ia récolte les seigneurs donnent des bais et des soupers dans leurs châteaux, et ils
y invitent aussi les paysans le Dimanche ; mais on se retire de bonne heure, parceque, le lendemain
faut recommencer le travail de grand matin. Mais les jours pendant lesquels on retire
le moût de la cuve pour en remplir les tonneaux, sont tous de jours bruyans surtout dans
l'après dinée, car l'on boit beaucoup de ce vin nouveau, «jui porte facilement à la tête, et produit
moins l'ivresse, qu'iuie gaieté effrénée. On danse tous les soirs, et prescpie toujours sur
riiirc de la métairie.
La grande fête est célébrée le soir du jour que tout le vin est dans les tonneaux. Un e
heure après le coucher du soleil les paysans et les domestiques de la maison se mettent ù table,
et ordinairement dans la cave où sont les cuves, dans lesqxxelles on a fait le vin. Le maître
du château, avec sa famille et ses amis, servent à la table des paysans, qui ne se gênent
pas et leur demandent ce dont ils ont besoin. Les Romains en agissoient ainsi envers leurs
esclaves dans les fôtcs de Saturne. De là on passe sur l'aire, qui est illuminée avec des lampes,
où les maîtres, les paysans, et les valets (jui ont soupé avec eux, dansent tous pcle-méle
jusqu'à dix ou onze heures du soir; et une duchesse, si elle en est priée, ne dédaigne pasde danser
un menuet avec son domestique. Tout le monde rentre alors dans le château, les maîtres
se mettent à table, et les paysans les servent à leur tour. Après le souper des maîtres on va
danser encore, jusqu'à ce <[ue la J'raicheur du matin commence à devenir inconnnode à des
gens échauffé par le vin et la danse.
l.es habitants de la campagne (jui ne travaillent point aux vendanges, vont au cabaret
pour y boire du vin nouveau, et danser. C'est précisément le sujet de cette gravure, et la
scène est à Tivoli, près de Rome. On reconnoit le cabaret à la brandie d'arbre fixée sm- ia
muraille, ce qui est l'enseigne ordinaire de ces sortes de maisons dans différentes parties de
l'Italie.
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