ITALIAN S C ENE RY, MA N N E R S , A N D CUSTOMS .
LE JEU DE L'ANNEAU.
L e s jeunes gens d'Italie, ennemis de tout espèce de j eux sédentaires, ne s'exercent qu'à ceux
où-il faut de ragi1iti.\ A la vérité cette inclination leur est commune avec la jeunesse de tous
les p a y s ; mais en Italie, ces j e u x font partie de-l'éducation, et sont aussi sérieusement encouragés
(juc les j eux athlétiques l'ctoient autrefois, dans la pci-suasion où l'on est qu'ils
contribuent à donner de la santé et de la force.
Dès l'enfance, la longue paume est l'occupation des garçons, et, à cause de la bea<ité du
climat, ils s'y livrent neuf mois de l'année sur douze. Qu a n d ils sont plus âgés et plus grands,
ils aiment à joue r au ballon ; et dans les villes, où il y a un enclos pour ce jeu, et que des entrepreneurs
y appellent de toutes parts les meilleurs joueurs, le j eu du ballon devient un spectacle
très amusant , pour l'après midi, où l'on se vend, comme au théâtre, et où l'on paye en
entrant. IVu Lord Pembroke tâ cha d'introduire ce j eu en Angleterre, et fit venir de Florence
le fameux Taccaio, qui faisoit les ballons de cuir luimème, et qui étoit à la ibis un des
meilleurs joueurs de son temps. On fit un enclos à Pimlico j mais l'été fut si orageux qu'on
put à peine joue r huit fois ; ainsi l'on fut convaincu que ce n'ctoit pas un jeu pour ce climat.
Il y a en Italie (juantité d'autres j eux pour la jeunesse ; et plusieurs aussi qui ne sont q ue
pour le bas peuple. Tel est le j e u de l'anneau. On le joue à deux, connue l'on voit ici; et chacun
des joueurs est pourvu d'une boule de bois, et d'une palette. L'anneau de fer est fixé en
terre, et toute l'adresse consiste à pousser s'a boule par le moyen de la palette, de manière
()u'elle passe par l'anneau et aille toucher celle de son adversaire. Ce j eu est très à la mode
parmi la populace de Rome et de Naples.
On y joue aussi d'une autre manière ; et c'est quand l'anneau est passé dans un clou fixé
en terre, et ciu'on peut le faire tourner comme l'on lait tourner un écu sur une table avec les
doigts ; alors l'on doit prendre bien son temps pour faire passer la boule avant que l'anneau
ait tout à fait cessé de tourner.
Les guenilles dont sont couverts ces joueurs me rapellent ce qui leur arrive bien souvent.
Comme ils ont rarement de l'argent, et jamais beaucoup, ces garç-ons conviennent de joue r
les boutons de métal qu'ils ont à leurs habits, et les ayant perdus, quelquefois jusipi'au
dernier, loreque ils rentrent chez eux ils sont rudement fouettés pour cela. S'il leur arrive
de les regagner, ils vont chez une voisine charitable pour les faire recoudre avant que de
rentrer chez eux.
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