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 mer,  appartiennent  à  la  période  tertiaire  moyenne,  et  les  
 fossiles  que,  vers  le  même  temps,  M.  Ch.  Texior  envoyait  
 de  la  Cilicie  au  ;\Iuséura  d'histoire  naturelle,  justifiaient  la  
 même  conclusion.  
 W.  Ainsworth  avait  également  signalé  les  calcaires  
 lacustres  horizontaux,  avec  Paludines  et  Cyclades  des  environs  
 de  Sivas,  et  c'était  un  caractère  général  qui  avait  
 frappé  tous  les  observateurs  dans  les  premières  étapes  de  
 la  science  moderne  en  Orient,  que  ce  .développement  des  
 dépôts  d'eau  douce  sur  une  nuiltitude  de  points  de  l'Asie  
 Mineure,  de  ses  côtes  et  des  îles  qui  la  bordent.  
 De  leur  côté,  i\M.  Hamilton  et  Striclcland,  en  décrivant  
 .les  environs  de  Smyrne,  regardaient  les  calcaires  compactes  
 renfermant  dos  llippurites  et  d'autres  des  Nummiilites,  
 comme  les  meilleurs  types  de  la  formation  crétacée  de  ce  
 pays,  formation  à  laquelle  ils  donnaient,  i)ar  cette  réunion,  
 de  même  que  M.  Ainsworth,  une  immense  étendue  dans  
 le nord  de  la  presqu'île',  liais  il  ne  serait  pas  juste  de  reprocher  
 à  ces  savants  une  confusion  qui  régnait  encore  à  ce  
 moment  dans  toute  l'Europe  méridionale.  Lors  de  leurs  
 voyages  et  de  leurs  diverses  publications,  les  géologues  
 associaient  à  la  formation  crétacée  les  couches  nummulitiques  
 des  Carpathes,  des  Apennins,  des  Alpes,  des  Pyrénées  
 et  même  le  macigno  et  le  tlysch  qui  les  surmontent.  
 11  en  était  de  même  pour  ce  que  l'on  avait  écrit  sur  le  
 Caucase,  la  Crimée,  la  Turquie  d'Europe  et  la  Grèce.  Ce  
 n'était  donc  pas  avec  des  observations  nécessairement  incomplètes, 
   faites  dans  un  pays  aussi  peu  connu  que  celui  qu'ils  
 exploraient,  que  les  voyageurs  dont  nous  parlons  pouvaient  
 I.  Voy.  nist.  des  progrés  de  la  géologie,  vol.  111,  p.  1  81,  et  vol.  V,  
 p.  377-383.  
 INTIiODUCTIÛN.  VII  
 se  rallier  à  l'opinion  soutenue  par  quelques  paléontologistes  
 français,  et  qui  ne  devait  triompher  définitivement  qu'en  
 1819,  par  la  publication  du  mémoire  de  sir  R.  Murchison.  
 Si.  Piei-re  de  Tchiliatchcff  lui-même,  qui,  lors  de  ses  
 premiers  travaux,  s'était  rangé  à  une  manière  de  voir  si  
 généralement  adoptée,  et  qu'exprimaient  d'ailleurs  toutes  les  
 cartes  géologiques  publiées  jusque-là,  ne  tarda  pas  à  se  
 rattacher  à  celle  qui  devait  être  préférée,  parce  que  seule  
 elle  repose  sur  la  généralité  des  caractères  bien  observés  et  
 bien  interprétés.  
 Dès  1850,  les  nombreux  fossiles  qu'il  avait  recueillis  
 lui  font  séparer  nettement  les  couches  crétacées  de  l'Asie  
 ¡Mineure  des  couches  remplies  de  Nummulites  et  d'aulre.s  
 corps  organisés  dont  la  détermination  spécificiue  obligeait  
 de  les  regarder  comme  représentant  les  dépôts  tertiaires  
 inférieurs  marins  de  l'Europe  occidentale.  Dans  cette  première  
 esquisse,  le  savant  voyageur  trace  à  la  surface  de  la  
 presqu'île  Anatolique  cinq  régions  nummuliliques  et  de  grès  
 rouges  avec  gypse  :  ce  sont  celles  de  Zafiranboli  et  de  Nicomédie  
 au  nord,  de  Smyrne  à  l'ouest,  de  la  Pisidie  et  de  la  
 Lycie  au  sud,  du  mont  Karamass  près  le  mont  Argée  en  
 Cappadoce.  
 Des  empreintes  d'Ammonites,  des  Inocérames,  des  
 Peignes,  des  Térébratules  caractéristiques  des  groiqies  crétacés  
 supérieurs,  ainsi  que  la  présence  de  rudistes  sur  plusieui's  
 points,  permettent  de tracer en  môme  temps  le  développement  
 de  la  formation  à  travers  la Bithynie,  la  Paphlagonie  
 et  la  province  de  Pont,  comme  certaines  Ammonites  trouvées  
 au  sud-ouest  d'Angora  annoncent  la présence  de  l'étage  
 jurassique  d'Oxford  dans  celte  partie  de  la  Galatie.  
 Les  roches  schisteuses  anciennes  qui  longent  les  rives  du