« vouement et comme gage de la sécurité qu’elle
« devra conserver sur le nid où la retiendront
« les soins de sa tendresse maternelle.
« Dans le nid de cet oiseau-mouche, que de
« fois j ’ai jeté un regard furtif sur sa progéni-
« turenouvellement éclose! deux petits, de la
« grosseur au plus d’une abeille , complètement
« nus , aveugles , n’apparaissaient que comme
« deux points organisés d’une extrême foiblesse,
« et à peine capables d’élever un bec sans force
« pour recevoir la nourriture. Mais que d’anxié-
« tés ma présence faisait naître pour la tendresse
« alarmée des père et mère, rasant d’un vol in-
« quiet mon visage , descendant sur le rameau
« placé à quelques pas du visiteur importun,
« remontant, allant à droite, à gauche, et don-
« nant tous les signes d un véritable désespoir,
« tant qu’ils ne sont pas rassurés sur le but d’une
« visite qui inquiète leur tendresse pour le sort de
«•leur famille, on ne saurait apprécier la douleur
« qu’ils témoignent à la mort inattendue de leurs
« enfans chéris ; mais en s’éloignant de leur ber-
« ceau, on les voit heureux de retrouver leurs
« nourrissons comme ils les avaient laissés, et la
« joie alors succède à la tristesse.
« J ai vu des rubis a la Louisiane dès le i o mars.
« Leur arrivée dans cet État varie cependant
« autant que dans d’autres, c’est quelquefois une
quinzaine plus tard, mais presque jamais quelques
jours plus tôt.
« Dans les districts du centre, ils se montrent
rarement avant le 15 avril, mais plus souvent
au milieu de mai.
« Je n’ai pu m’assurer par moi-même s’ils émigrent
pendant le jour ou pendant la nuit, mais
je penche pour le dernier cas , parce que pendant
tout le jour ils semblent fort occupés
de leur nourriture, ce qui ne serait pas s’ils
avaient de longs voyages à opérer à cette période.
Ils volent dans l’air avec de longues ondulations,
s’élevant quelquefois à angle d’environ
4o degrés, et ensuite décrivent une Courbe;
mais la petitesse de leur corps empêcha de les
apercevoir plus loin que 5o ou 60 verges sans
la plus grande difficulté, même avec un bon
verre. Une personne assise dans un jardin auprès
d’un althéa commun en fleurs sera aussi
surprise d’entendre le bruit de leurs ailes que
de voir les oiseaux eux-mêmes à quelques pieds ;
elle sera encore étonnée de la rapidité avec
laquelle ces petites créatures s’élèvent dans l’air,
et cessent d’être vues et entendues en un instant.
Les rubis ne descendent pas sur la terre, mais
se posent sur les arbrisseaux et les branches
où ils se balancent de côté avec un mouvement
mesuré, ouvrant et fermant souvent leurs ailes,