signol pour le regard du chant clair et net.
Peut-être que c’est une espèce de colibry,
comme quelques uns le présument : mais toujours
n’est-il point comparable, ni en beauté
de plumage, ni en odeur et autres ravissantes
qualités, à celui que nous venons de décrire.
Ceux-là ont mieux rencontré, qui ont dit que
ce chef-d’oeuvre de la nature est une espèce de
ces petits oiseaux que quelques Indiens appellent
Guaraciaba ou Guacariga, c’est-à-dire
rayon du soleil, et Guaracigabas | c’est-à-dire
cheveu du soleil. Les Espagnols le nomment
Tomineios, parce que quand on met un nid
dans un trébuchet à peser l’or, il ne pèse ordinairement
que deux de ces petits poids que
les mêmes Espagnols appellent tominos, c’est-
à-dire vingt-quatre grains. Quelques uns ont
mis en avant qu’une partie de ces admirables
colibrys étaient premièrement des mouches, qui
puis après se transforment en oiseaux. D’autres
ont écrit que les Antillois appelaient ces oiseaux
des Rénez, parce qu’ils dorment la moitié de
l’année comme le loir, et qu’ils se réveillent
au printemps, renaissant comme de nouveau
avec cette agréable saison. Mais il y en a qui
disent que lorsque les fleurs viennent à tomber
ils poussent leur petit bec dans le tronc des
arbres, et y demeurent fichés immobiles comme
d e s t r o c h i l i d e e s . 29
morts pendant six mois, jusqu’à ce que la terre
vienne à être couverte d’un nouveau tapis de
fleurs. Mais nous n’avons garde de mêler tous
ces contes à la véritable histoire du colibry, et
nous ne les faisons toucher que du bout du
doigt en passant. Nous fermerons ce chapitre
: par une chose bien digne d’être remarquée, et
: qui ne se voit pas ailleurs, si ce n’est dans la
c Guinée, comme Linscot le rapporte : c’est le
c merveilleux instinct que Dieu a donne a tous
x les petits oiseaux de l’Amérique pour conserver
cc leur espèce. En ce qu’y ayant parmi les bois
cc une sorte de grande couleuvre verte et menue,
« rampant sur les arbres, et qui pourrait, s’en-
cc tortillant de branche en branche, aller man-
« ger les oeufs des oiseaux, dont elles sont fort
cc avides;pour empêcher ces larronnesses d atteinte
dre à leur nid, tous les petits oiseaux qui n’ont
<c pas le bec assez fort pour se défendre contre
« leurs ennemis, font leurs nids au bout fourchu
« de certains petits filamens qui, comme le lierre,
« croissent à terre, s’élevant à la faveur des arbres,
« et, s’étant poussés jusqu’à leur sommet ne pouce
yant aller plus outre, retombent en bas quel-
« quefois deux ou trois brasses au dessous des
cc branches. C’est donc au bout de ces hgamens,
« nommés lianes par nos François, que les oiseaux
« attachent fortement leur nid avec une telle