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   car  on  ignore  ce  qu’est  devenu  celui  
 que  Shaw  avait  figuré  dans  sa  Zoologie  générale. 
 La  Sapho forme  donc  avec  la Nouna-Koali et  
 le  King  une  tribu,  caractérisée  par  la  longueur  
 démesurée  d’une queue  profondément  fourchue,  
 et  dont toutes  les  rectrices sont  tronquées ou ob’  
 tusement  arrondies  à  leur  sommet,  et  grandement  
 étagées  entre  elles.  Cette  forme  paraît  être  
 caractéristique  du  revers  oriental  de  l’Amérique  
 du  sud,  sur  l’étroite  lisière  des Andes,  et  sur  ce  
 ruban  de  côtes  que  baigne  le  grand  Océan.  La  
 Sapho  provient  du Pérou,  la Nouna-Koali  du  
 Chili,  ou  peut-être  aussi du Pérou,  et  tout nous  
 autorise  à  croire  que  le  King  vient  des mêmes  
 contrées, bien qu’on le dise, dans les  auteurs, de  
 la  Jamaïque. 
 Quelle  richesse  de  plumage  possède  la Sapho?  
 Au vert-émeraude  du plastron  scintillant qui  enveloppe  
 le  devant  du  cou  se joint le  vert-sombre  
 noir-doré du thorax et des  épaules, tandis qu’une  
 teinte violette  splendide  colore  le  dos  et  les couvertures  
 supérieures  de  la  queue;  violet-noir,  
 violet-ponceau, violet  de rubis,  suivant  la  direction  
 des  rayons  lumineux. Mais,  comment  peindre, 
   sans  tomber  daiïs  l’enflure  ou  faire  du*  pathos, 
   ce pourpre, ce  rouge de feu qu’arrêtent des 
 bandes noires, et qui doit miroiter au soleil, quand  
 l’oiseau abaisse ou  élève  sa queue!  Certes,  si  les  
 Grecs  à imagination  si  jeune  et  si  féconde,  eussent  
 connu  les  oiseaux-mouches,  et  surtout  1 espèce  
 qui  nous  occupe,  nul  doute  qu ils  ne  se  
 soient  empressés  d’en  faire  1 embleme  ou  de  
 Vénus,  ou  d’iris,  ou  d’Hébé,  et  eussent immortalisé  
 ,  dans  leurs  vers,  ce que,  sans  hyberbole,  
 on  peut  appeler  le  chef-d’oeuvre  du  Créateur.  
 Certes  aucun  être,  aucune  famille  d’oiseaux ne  
 présentent  une  plus  grande  variété  de  formes,  
 une  plus  grande  richesse  de  nuances,  une  plus  
 grande  délicatesse  de proportions ! 
 Quelles  sont  les moeurs  de  la  Sapho ?  Vit-elle  
 dans ces forêts  torridiennes du Pérou,  ou un ciel  
 de  feu  peut  à  peine  se  faire jour,  où  les  arbres  
 se  pressent  et forment des  tapis aussi  serrés  que  
 le  sont  les  mousses  si  humbles  de  nos  climats;  
 forêts  qui  abritent  la  croûte  du  sol  comme  un  
 dôme  protecteur?  Fréquentent-elles  ces  pentes  
 décharnées des Andes, oule sol est calcine,brûle,  
 où  s’ouvrent  les  issues  profondes  de  ces  mines  
 d’or et d’argent dont ce sol est prodigue? La voit-  
 on voltiger en couple sur les limites des neiges,  et  
 raser les hautes plaines qui ondulent le sommet de  
 quelques chaînes latérales des Andes, et ses formes  
 robustes  seraient-elles  appropriées  à  ces  hauts  
 plateaux sur  lesquels plane  le Condor?  C’est aux