elle est trop digne de ses observations curieuses.
Voici donc ce qu’il en écrit, entre autres choses,
a son ami, dans ses relations familières. On
trouve parfois des nids de colibry sur les branches
de quelques unes de ces plantes de tabac
qu’on laisse croître aussi haut qu’elles peuvent
pour en avoir la graine. Je me souviens
qu’un de nos nègres m’en montra un qui était
ainsi fort proprement attaché sous une de ces
branches. Même, comme j ’étais à Saint-Chris-
tofle, à la pointe des Palmistes, un Anglais m’en
fit voir un qui tenait à l’un des roseaux qui soutenaient
la couverture de sa case à tabac, comme
on parle aux îles. J’ai vu aussi un de ces nids
avec les oeufs, qui était encore attaché à la
branche qui avait été coupée pour l’ornement
du cabinet d’un curieux, laquelle avait encore
le mâle et la femelle secs, et conservés en leur
entier ; et c’est là où je considérai attentivement
et le nid et l’oiseau : et après avoir admiré
l’oeuvre de Dieu en cette petite créature, je dis,
étant tout ravi à la vue de ce nid, qui étoit
de la grosseur d’une noix :
« Que la matière ou la figure
« Se fasse ici considérer,
« Rien ne se doit accomparer
« A cette exquise architecture :
« Une solide dureté
« S’y mêle avecque la beauté
« Par un singulier artifice ;
« Car un bec est tout 1 instrument
« Qui donne à ce rare édifice
« Son plus précieux ornement. »
cc Au reste, il se voit de ces oiseaux presque
dans toutes les Antilles; mais, selon la diversité
des îles, ils diffèrent de grosseur et de plumage.
Les plus beaux et les plus petits se trouvent
dans l’île d’Aruba, qui relève de la colonie
hollandaise, qui est à Coraçao. On pourrait
peut-être désirer ici que nous parlassions du
: chant de cet oiseau, et qu’après avoir ravi la
c vue et satisfait merveilleusement l’odorat, il
c contentât encore l’ouïe par l’harmonie de son
c chant. Quelques uns disent qu’en effet il y en
c a qui chantent en quelque saison de l’année ;
rc mais il y a apparence que ce qu’on appelle le
« chant du colibry n’est autre chose qu’un petit
cc cri semblable à celui de la cigale, qui est toute
jours d’un même ton : mais quand il ne chante-
« rait pas, il possède sans cela assez d’autres rares
<c avantages pour tenir rang entre les plus beaux
cc et les plus excellens oiseaux. Ceux qui ont de-
cc meuré au Brésil nous rapportent constamment
« qu’il y a un petit oiseau nommée Gonambuch,
cc d’un blanc luisant, qui n’a pas le corps plus
cc gros qu’un frelon , et qui ne doit rien au Ros