« tubes soudes, enduite de salive, lancée sur cha-
« que insecte, l’attache à ses replis, et le ramène
« violemment dans le gosier où il est aussitôt
« englouti. C est avec la rapidité d’un éclair que
cc ce mouvement est exécuté; et c’est à peine si
« 1 oiseau enleve a la corolle qu’il a débarrassée
« dW ennemi, quelque peu de son exsudation
cc miellée.
« Les prairies et les champs, les vergers et les
« jardins, les profondes forêts, reçoivent tour à
« tour la visite de ce petit oiseau-mouche, et tour
« à tour lui donnent en échange et des ébats et des
cc alimens. La beauté de sa gorge ne peut se dé-
cc crire : c’est tout l’éclat mobile du feu ; c’est
« le noir profond du velours. Mais son corps
« délicat, en dessus d’un vert resplendissant et
« doré, fend l’air avec vivacité, et sa vitesse le
« dispute à l’éclair. Il se jette sur les fleurs comme
« si elles étaient frappées par un rayon de lu-
« mière; on le voit se précipiter d’un côté, puis
« revenir, monter ou descendre, toujours par
« honds aussi brusques que rapides. C’est avec
« de telles manières d’être qu’il apparaît dans
« les provinces septentrionales des Etats-Unis
« s ’avançant avec les beaux jours, et se re-
« tirant prudemment aux approches de l’au-
« tourne.
« Que de plaisirs n’ai-je pas éprouvés à épier
d e s t r o c h i l i d é e s . 5
les moeurs, à suivre l’expression vive des sensations
d’une couple de ces créatures célestes,
se livrant à leurs amours ! Le mâle, ébouriffant
son riche poitrail pour en faire reluire les
écailles, pirouettant sur une seule aile, et
tournoyant autour de sa délicate compagne,
puis se jetant sur une fleur épanouie, chargeant
son bec d’un butin qu’il venait présenter
à l’objet de ses désirs ! Que son allure était
vive et peignait le bonheur, lorsque ses caresses
étaient bien accueillies ; que ses ailes
éployées rafraîchissaient son atmosphère, qu’il
déposait dans le bec de sa douce femelle et
l’insecte et le miel qu’il avait butinés pour elle !
C’est avec des expressions de contentement
qu’on voyait celle-ci accueillir les attentions
délicates de son amant, et céder à ses vives
caresses. C’est alors que le rubis, fier de ses
succès, redouble ses soins, manifeste son bonheur
par son courage, ne craint pas de donner
la chasse au gobe-mouche tyran, ni de se mé-
surer avec l’oiseau-bleu ou le martin, et, orgueilleux,
vole, en faisant parade de son audace,
près de sa chère compagne. Non, on
peut sentir mais non rendre par des paroles
ces témoignages de courage, de fidélité et d’attachement
que le mâle, si débile en apparence,
donne à sa femelle comme preuves de son dé-
«