
 
        
         
		38  HISTOIRE  NATURELLE 
 blanche  et  nankin  traverse  le bas  du  dos  et  va  
 se perdre  sur  les  flancs. Les plumes  du  croupion  
 et  les  couvertures  de  la  queue  sont  d’un  riche  
 pourpre-doré  très  brillant. 
 Les  ailes  n’atteignent  que  les  deux  tiers  de  la  
 queue, qui est  dilatée, médiocre et arrondie.  Les  
 rémiges  sont brunes  et pourprées, et les rectrices  
 sont  en  dessus  d’un  cuivre-rouge  glacé  d’or,  et  
 en  dessous  de  cuivre-rouge  poli. 
 Les  plumes  de  la  gorge  et  du  devant  du  cou  
 sont  nankin  à  leur  base,  puis  d’un  vert  frais  et  
 brillant,  mais  ne  dessinent  point  de  plaque ;  
 elles  recouvrent  les  longues  parures  latérales,  
 qui  s’avancent  et  se  dirigent  en  arrière  en  formant  
 de  chaque  côté  un  éventail  allongé  et  terminé  
 en  pointe  d’une  rare  élégance.  Ces  plumes  
 sont étagées, graduées  entre  elles, longues, minces  
 ,  brillantes  du  plus  beau  vert-doré  d’éme-  
 raude,  et terminées  chacune  à  leur  sommet  par  
 une  gouttelette  d’un blanc  pur. 
 Une  sorte  de  plastron  d’un  blanc  sale, mal  
 dessiné,  occupe  le  reste  du  cou en  devant.  Les  
 côtés  du  thorax  sont  verdâtres  de même que  les  
 flancs ;  tout  le  dessous  du  corps  est  d’une  teinte  
 rouille,  légèrement  zoné  de  verdâtre.  La  région  
 anale  est  blanche  et  les  couvertures  inférieures  
 de  la queue  sont  rousses  et zonées  de  brunâtre. 
 Ce  charmant  oiseau, que  nous a  communiqué 
 M.  Florent  Prévost, est du Brésil, de la province  
 Santo-Paulo.  Le  nom  qu’il  porte  est  celui  de  
 M.  Vieillot ,  ornithologiste  très  connu  par  de  
 nombreux  travaux  ,  et  qui  vient  de  mourir  il  y  
 a  quelques  mois  à  Rouen y où  il  s’était  retire  ,  
 affligé  qu’il  était  par  une  cécité  incurable.  La  
 mort  de  M.  Vieillot  a  passé  inaperçue.,  Qui,  
 dans  cette  organisation  sociale  corruptrice  et  
 égoïste,  pouvait  s’intéresser  à  un  homme  travaillant  
 avec conscience, sans appartenir aux  coteries  
 qui  se disputent  le monopole  exclusif des  
 réputations  et  surtout  des  places  ?  Quest-ce  
 qu’un ornithologiste aujourd’hui? Vieillot  ne devint  
 naturaliste  que  par  circonstance.  Livré  au  
 commerce,  il  fut  s’établir,  à  l’aurore  de  notre  
 première  révolution,  dans  l’île  de  Saint-Domm-  
 gue.  Là,  en  présence  de  cette  riche nature  des  
 tropiques, il s’enthousiasma pour les volatiles qui  
 ranimaient.  Obligé  de  fuir  cette  terre  de  massacre  
 ,  où  la  couleur  de  la peau  était  un  titre  de  
 proscription,  il  fut .s’établir  aux  Etats-Unis,  et  
 y  recueillit les  matériaux  de  son  Histoire  Naturelle  
 des  oiseaux  de  l’Amérique  septentrionale.  
 Ses  premiers  ouvrages  dénotent  combien  alors  
 étaient  légères  ses  connaissances  scientifiques  en  
 ornithologie,  et  servent  de  point  de départ  à  ce  
 qu’il  a  fait  depuis  comme  naturaliste,  à  partir  
 du  temps  où  il  cultivait  la  science  en  amateur.