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ou de capuchon, dont les bords & une partie de l’intérieur font couleur
de rofe. Dans - cet état , elle éleve le dos , le derrière 6c la quelle , ÔE
c’eft la fituaticn où nous l’avons repréfentée Fig. 2 7 t . b.
Son corps , comme on le v o it , diminue infenfiblement jufqu’à la queue ,
qui eft compose ' de deux tuyaux un peu plus gros a leur origine qu’à-
l’extrémité. L ’Infecte peut dresser ces tuyaux, les ouvrir plus ou moins ,
ou les appliquer l’un contre; l’autre : ils font garnis à l’extérieur de poils-
noirs courts 6c roides difpofés par anneaux , 6c qui partent d’autant de
points bruns ; ils contiennent dans leur intérieur un corps charnu ,
cylindrique ôc délié , brun dans les jeunes Chenilles , 8c couleur de rofe
quand elles ont pris toute leur croiffance. Cette partie eft très-flexible ( 1 ) ,
îa'Chenille la fait fortir à volonté, dès qu’on la touche, ôc elle lui fert
comme d’une'efpèee- de fouet , ou pour fe défendre où pour écarter les
mouches qui viennent fe pofer fur ton- corps; ce qui n’empêche point
que cette efpèee ne foit aufli fujette que d’autres à être'dévorée par de*
vers d’Ichneumons.
De Géer a obfervé le premier que ces Chenilles , pour peu qu’on
les incommode , ont la faculté de faire jaillir par- une ouverture fituéé
fous leur tête , une liqueur âcre , qui fi elle eft dardée dans l’oe il, y
caufe pour quelques inftants beaucoup d’ardeur , 6c des douleurs cuifantesi-
II a donné le deflin ôc la defeription non - feulement de cette ouverture,
mais d’un corps à quatre branches qui en fort fpontanément, fe gonflé
6c fermgue cette liqueur à une allez grande diftance. Le réfervoir en eft,,
dit-il, placé fous l’oefophage ôc fous l’antérieur du ventricule c’eft uné-
veflie qui aboutit par une efpèee de col à l’ouverture ën fente dont;
nous venons de parler. Cette propriété eft particulière à l’efpèce au moins-
ne l’a t’on encore remarquée dans aucune autre.
Ces Chenilles vivent fur l’Ofier jaune , Salix Vïtellina Lin. fur lé.
Saule ôc fur le Peuplier : quand elles ont mangé les deux côtés d’uné
feuille, on les voit fouverrt fe pendre la tête en bas à la greffe nervuré
du milieu , quelles ferrent entre leurs pattes : c’eft alors qu’elles appliquent
l’un contre, l’autre les tuyaux dé leur queue , de manière qu’ils ne paraissent:
plus qu’un feul corps. Elles ont atteint toute leur grandeur en Juin ou
(1) On la trouve' également dans toutes les Chenilles dë cette famille
en Juillet, fuivant la température du climat qu’elles habitent : Ôc c’eft à
cette époque que nous avons fait peindre celle qui eft repréfentée Fig.
27 1 . b. On remarque au deffus de la seconde paire de pattes membraneuses
une tache arrondie , tirant fur le pourpre , ôc entourée d’un cercle
blanchâtre : cette tache n’exifte point dans tous les individus de l’efpèce
ôc n’eft qu’une variété ; les Phalènes qui en proviennent font abfolument
femblables à celles dont les Chenilles font privées, de cet ornement.
S E C O N D É T A T .
Q u a n d elles font prêtes à fe métamorphofer , leur couleur verte
fe ternit, Ôc fe change en un brun rougeâtre : elles fe fixent à une
branche ou au tronc de l’arbre , ôc commencent par fe couvrir de fils
de foie.' Elles rongent enfuite le bois, ôc rempliflent de ces rognures tou*
les iaterftices de la foie qui étant encore molle , forme un amalgame
aufli dur ôc plus caflant que le bois lui-même. Elles tapiflent enfuite
l ’intérieur d’une couche de fo ie , ou plutôt d’une. colle- très-l-uifante.
L ’Amateur du Dauphiné que nous citons toujours avec reconnoiflance nous
afliire que dans fes éducations particulières , plufieurs de ces Chenilles ,
au lieu de faire des coques, s’étoient enterrées pour fe changer en Crifalides.
Il ignore , ainfi que nous , la raifon de cette différence de moeurs
dans une même efpèee, mais il dit l’avoir éprouvée dans plufieurs autres.
Quelques jours après que la coque eft achevée, la Chenille fe transforme
en une Crifalide d’un brun noirâtre, Fig. 27 1 . c , ôc refte dans
cet état jufqu’au Printems fuivant , même jufqu’au mois de Juin. Un de
nos Correfpondants nous fait fur cette efpèee une obfervation très-fingulière :
il a eu dans fes éducations quelques, fit jets , qui foit par maladie , foit
faute de foins ôc de nourriture , ne parvenoient guères à plus du tiers de
la groffeur des autres , ôc cependant ils ont fait leurs cocons les premiers ,
non contre les parois des boëtes où ils étoient renfermés , mais fur les
branches de Saule ou de Bouleau fur lefquelles ils vivoient ; ceux-ci au
lieu de refter près d’un an en Crifalides ,lui ont donné leurs Phalènes
trois femaines ou un mois après. C’étoient à ,1a vérité , des . embrions-,
ou plutôt des avortons, mais ayant d’ailleurs, en petit, toute la conformation,
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